vendredi 2 mai 2014

Le collier rouge, Jean-Christophe Rufin


Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte. Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame... 

Un collier rouge. Un chien pouilleux qui attend. Un maître emprisonné. Une femme. Un juge. Un délit. Une France qui tente de se relever de la Première Guerre Mondiale. Et un lien. Un lien qui détient la clé de ce roman inspiré d'une histoire vraie.

Jean-Christophe Rufin s'arrête sur un fait parmi tant d'autres, une histoire anodine dans ce contexte de guerre - la détention d'un homme - pour explorer les différentes facettes de l'humain. Il y parvient avec une sensibilité qui m'a poussée à tourner une page après l'autre, sans pouvoir m'arrêter.

L'amour et la fidélité sont mis à nu dans une délicatesse qui peut s'apparenter à la retenue émotionnelle, à la dignité finalement, de ces soldats. Cet amour revêt plusieurs formes : l'amour qu'un homme porte à une femme, à sa famille, à ses compagnons, à son pays, mais aussi, et excusez la comparaison, que vous porte votre chien.

En temps de guerre, tout est mélangé, on vit comme on peu, on survit comme on peut, et on aime ou on déteste, comme on peut.

Mais, malgré le protagonisme certain du chien au collier rouge, et ce, dès les premières pages, ne vous attendez pas à lire une banale histoire d'amour maître/chien. Ce n'est absolument pas cela. Il n'est qu'une mince partie de cette exploration du moi humain, mais une très belle exploration dans ce roman qui m'a souvent étreint le coeur.

Dans ce vibrant hommage à ces soldats qui n'étaient finalement que des hommes comme les autres, la langue se pare de la simplicité berrichonne, qui prête son décor au roman, pour nous rappeler que l'essentiel se cache derrière les apparences, et qu'il ne faut pas oublier de gratter le vernis pour accéder à la vérité. Une belle leçon, et une gorge serrée en refermant cet ouvrage...

14 commentaires:

  1. Le livre a l'air d'être vraiment poignant. Je ne connaissais pas du tou mais je te remercie pour la découverte.

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    1. C'est un livre qui m'a embarquée, qui amène une belle réflexion sur les motivations de l'homme, et avec beaucoup de délicatesse.

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  2. Ca donne envie, quel jolie chronique. Bravo et merci !

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    1. Merci beaucoup! C'est mon premier Rufin, mais je vais poursuivre avec cet auteur!

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  3. Un roman qui noue la gorge, j'aime beaucoup ce genre.
    Je ne connais pas du tout et superbe ta chronique ^^

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  4. Voilà un roman qui me fait bien envie ! Je note.

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  5. Félicitations pour cette chronique sur un sujet difficile et j ' évite ce sujet de manière général .
    Je suis plus chat que chien lol .

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    1. Moi aussi, plus chats que chien!! J'ai même 6 chats!

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  6. Ce livre a l'air poignant et plein d'émotions merci pour la découverte.

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  7. Très intriguant comme roman... Je note!

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  8. Quelle belle idée contre la guerre et les décorations qui la récompense ! Hochet pour la troupe disait napoléon, le plus assassin de l'histoire...

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    1. Un livre qui fait vraiment réfléchir sur l'humain. Dans cette quête de la vérité, le juge explore l'intime, et l'on se rend compte que les apparences sont souvent trompeuses, et que les idéaux sont bien loin d'être nobles parfois...

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