mercredi 26 novembre 2014

Ne lâche pas ma main, Michel Bussi



Un couple de touristes amoureux dans les eaux turquoise de la Réunion. Farniente, palmiers, soleil… Un cocktail parfait. Pourtant le rêve tourne au cauchemar. La femme disparaît dans l’enceinte même de l’hôtel. Introuvable. Son mari, Martial Bellion, de témoin devient le suspect n°1. D’autant qu’il prend la fuite avec leur fille âgée de six ans. Quadrillages, barrages, patrouilles volantes. Une véritable chasse à l’homme s’engage, ponctuée de cadavres, dans un décor fabuleux et au cœur de la population la plus métissée de la planète. 

Dans la grisaille de saison, un peu de soleil est toujours le bienvenu. J’avais adoré ma lecture de Nymphéas noirs, et en bonne acheteuse compulsive que j’étais (vous noterez l’usage de l’imparfait, oui, oui, je me soigne ! Je n’ai presque pas craqué ces derniers temps, deux petites commandes de rien du tout… Juste sept ou huit livres, et tous en espagnol… ça ne compte pas alors…Je suis sûre que vous êtes d’accord avec moi...), je m’étais jetée sur le site de ma libraire de livres d’occasion préférée pour voir ce qu’ils avaient en stock. Vous connaissez la suite, hop on clique et on repart avec tous les romans de l’auteur. Je sens que vous vous reconnaissez…

Bon, je m’égare, je m’égare… Revenons à nos moutons, ou plutôt retournons à la Réunion, le décor de ce roman de M. Bussi. Il n’y a pas à dire, l’auteur a un véritable don pour reproduire les ambiances. Je m’étais déjà fait cette réflexion pour Nymphéas Noirs, mais là, cela prend vraiment tout son sens. Tout y est, le patois, les variétés ethniques, les insectes (beurk…), le climat… Une véritable immersion dans les îles bien loin de l’image dorée qu’on veut nous transmettre. La Réunion, ses plages, ses bars à touristes, ses hôtels... Mais c’est aussi la violence, les inégalités, le racisme.

Les personnages, particulièrement bigarrés de ce roman (mention spéciale à 
Aja et Christos ainsi qu’à Imelda) sont fidèles à ce portrait de l’île. Personne n'est lisse, personne n'est ce qu'il semble être.

L’intrigue policière m’a moins fascinée que Nymphéas Noirs, mais il est vrai que ce n’est pas très juste que de comparer les deux. Cette chasse à l’homme n’a rien à voir avec la construction des Nymphéas, ne serait-ce parce que le scénario ne s’y prête pas. Mais M. Bussi est quand même diabolique, les apparences sont toujours trompeuses chez lui, et pas seulement en ce qui concerne les personnages. Alors, oui, mon cœur n’a pas frémi comme pour les Nymphéas, mais j’ai pris un réel plaisir pour cette lecture. M. Bussi se classe parmi les auteurs français que je préfère, sa plume est vive et travaillée, sa trame surprenante…

Maintenant j’ai d’ailleurs un problème, je n’ai plus qu’un seul de ses livres dans ma PAL… Je vais devoir craquer, encore… Mais ce n’est pas ma faute, c’est l’auteur le responsable !

samedi 15 novembre 2014

Lux - 1 : Obsidienne, Jennifer L. Armentrout

Quand Katy déménage dans un coin paumé de Virginie-Occidentale, elle s'attend à tout sauf à rencontrer des voisins de son âge. Déception, Daemon Black a beau être canon et avoir une soeur jumelle adorable, il n'en est pas moins insupportable et arrogant ! Lorsque Kat se rend compte que tout le monde semble fuir la famille Black, elle voit d'un autre oeil la froide suffisance de Daemon. Pourra-t-elle encore l'éviter quand tout lui crie de s'en approcher ?


Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

Pour mémo: Episode 1, Episode 2, Episode 3, Episode4, Episode 5, Episode 6Episode 7Episode 8
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-Tu as rompu tes vœux de non-achats livresques ! s'écrie le Chat du Cheshire.
-Chuuutttt, baisse d'un ton, lui chuchoté-je en rentrant la tête dans mes épaules et en scrutant attentivement autour de nous.

Melliane jette un coup d'oeil derrière son épaule. Je la sens nerveuse depuis que nous sommes arrivées. Nous le sommes toutes.

-Mais quand même, murmure le Chat en se penchant en avant. Tu as rompu tes vœux !

Melliane la bâillonne en lui plaquant une main sur la bouche.

-Tais-toi, tu vas nous faire remarquer ! Les Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre ont des yeux partout.
-Mais elle a rompu ses vœux, et trois fois... Trois fois, piaille le Chat en secouant la main.
-Eh oh, je ne travaille pas dans une librairie moi...

Le Chat ne m'écoute pas. Après avoir sorti un mouchoir en papier de son sac, elle a essuyé consciencieusement la table, appuyé ses coudes sur le bord et posé son menton sur ses mains, un petit sourire au coin.

-Alors, c'était bien ?

Melliane l'imite et souffle sur une mèche de cheveux qui lui retombe finalement sur le nez. Elle adopte la même position, et répète :

-Oui ? C'était bien ?

Je balaye la salle du regard une nouvelle fois. Nous n'avons pas eu l'idée du siècle me semble-t-il. Nous devrions être en pleine réunion des livres-addicts anonymes, et au lieu de ça, nous nous trouvons dans un bar douteux, à deux pâtés de maisons du siège. 

Pleines de bonne volonté, nous nous sommes retrouvées devant l'immeuble des livres-addicts, mais notre mésaventure pour sauver La dernière fugitive nous a fait prendre conscience de l'ampleur de notre tâche. C'est une vraie forteresse, gardée par des chiens enragés qui ont déchiré mon jean préféré et ont laissé un souvenir à mon postérieur. J'ai encore du mal à m'assoir, j'ai même dû amener un coussin gonflable pour soulager mon séant meurtri, ce qui a beaucoup fait rire les filles. Moi beaucoup moins. Dix points de suture quand même, une vraie blessure de guerre. Je mériterais une médaille rien que pour ça.

La serveuse nous dépose nos consommations sur la table. Du thé pour les filles, et une camomille pour moi. Il faut que je me calme.  Le barman aux cheveux gras a fait une drôle de tête quand Melliane est allée les commander au comptoir. Il a ouvert une boîte poussiéreuse et en a sorti trois sachets. J'espère qu'ils contiennent bel et bien tisane et thé. J'observe un instant cette femme d'âge mûr qui tortille du derrière grimpée sur ses échasses et me semble malhabile avec son plateau. Et si c'en était un? Un de leurs espions... Un dernier regard à la ronde. Les murs du bar sont couverts de posters de vieux groupes de hard rock, et ça et là une tête de mort nous adresse un sourire sinistre. Les Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre pourraient être n'importe où, dans n'importe qui.

Melliane me donne un coup de coude. Elle a eu du mal à faire tenir ses cheveux bouclés dans sa barrette ce soir, comme si le stress de la réunion les rendaient encore plus indisciplinés.

-Alors ?
-Oh, oui, c'était bien, c'était vraiment bien. J'adore ce que fais Jennifer L. Armentrour. J'avais adoré Jeu de patience, que je relis d'ailleurs de temps en temps... Alors je me suis laissée tenter.
-Et tu as rompu tes vœux, soupire le Chat.

Je secoue la tête.

-Non, pas du tout, c'était une pré-commande.

Melliane m'interrompt, ces digressions l'énervent un peu. Elle sait que nous avons peu de temps.

-Et Daemon, il est comment ?
-Un connard... Mais un connard sexy, ça change tout.

Les filles acquiescent en silence, le Chat porte son thé à ses lèvres. Il est bouillant. Elle réprime une grimace.

-Mais ce n'est pas pour Daemon que je l'ai fini en une soirée... Non... c'est parce que JLA a le don de recréer des atmosphères, des univers à part. Certains l'ont comparé à Twilight, mais de toute façon, si on prend un univers de jeunes adultes avec des pouvoirs, une histoire d'amour, ça ne peut que faire penser à twilight. J'ai trouvé d'ailleurs que c'était plus adulte que Twilight, moins moralisateur aussi. Et l'histoire est tout aussi belle...

- Et tu as craqué, trois fois...

Je me mordille l'intérieur de mes joues, consternée par ma faute.

-J'ai lu le tome 1 en une soirée, et le lendemain, je me sentais comme habitée. Ça doit être le pouvoir des Luxens. Il me fallait le deux, mais il n'est pas traduit... Et je ne comprends pas l'anglais...
-Oh dur, dit Melliane.

J'ai envie de l'étrangler, un tout petit peu. Parce qu'elle lit l'anglais, elle, et qu'elle est toujours en train de me narguer avec ses lectures. Elle a toujours de l'avance sur nous. Mais je m'abstiens, je l'aime bien.

-Mais je lis l'espagnol... Et je l'ai trouvé en espagnol... Ainsi que le deux, et le trois, et le quatre....alors j'ai cliqué, parce qu'il me les fallait...Mais même comme cela, cela allait être trop long, les délais d'expédition, vous savez. Et il y avait une promo, oh une toute petite de rien du tout sur le tome deux. Et je l'ai pris en ebook. Mais j'aurai la version papier pour ma bibliothèque !

Melliane secoue la tête d'un air navré.

-T'es vraiment accro...
-Dit la fille qui trépigne à l'idée de lire le tome trois d'Anne Bishop.

Nous poussons toutes les trois un long soupir.

-On est des cas désespérés...
-Et on doit élaborer une stratégie, une vraie parce que...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'un vent glacé nous saisit. On était pourtant pas si mal dans ce bar...

La Cerbère-rousse vient d'entrer et se dirige tout droit vers nous. Elle n'a pas l'air contente. Je glisse, dans un mouvement que j'espère discret, sous la table, et me cogne la tête contre celle de Melliane.

-Ouille...

Le Chat et elle ont eu la même idée que moi...


dimanche 9 novembre 2014

Le divin enfer de Gabriel, Tome III, Sylvain Reynard

Le Professeur Gabriel Emerson a quitté son poste à l'université de Toronto afin de suivre sa bien-aimée Julia. Ensemble, il sait qu'ils pourront faire face à tout. Et il est impatient de devenir père. Mais les études de Julia menacent les plans de Gabriel. Lorsque l'on confie l'honneur à la jeune femme de donner un cours à Oxford, Gabriel est forcé de se confronter à Julia - ses recherches viennent s'opposer aux siennes. Et à Oxford, plusieurs personnes ressurgissent du passé, incluant une vieille ennemie prête à tout pour humilier Julia et dévoiler l'un des plus sombres secrets de Gabriel. Afin d'affronter ses derniers démons, Gabriel décide de faire des recherches sur ses parents biologiques, déclenchant une chaîne d'évènements qui aura des répercussions sur lui, Julia, et son espoir de former une famille.

Il y a des livres qui ont déclenché chez nous un tel engouement que notre mémoire caresse encore le souvenir des émotions déclenchées. Le tome 1 du Divin enfer de Gabriel de Sylvain Reynard avait été une vraie révélation, un tourbillon de sentiments qui avait accompagné les balbutiements de ce blog. Le tome 2 une déception à la hauteur de l'exaltation du premier. Je n'avais pas retrouvé ce qui m'avait fait tant vibrer, l'auteur m'avait perdue en route à coups de Dante et de religion qui, s'ils me semblaient faire partie intégrante du tome 1 (surtout Dante) -et en faisaient d'ailleurs un roman complètement original dans le genre-, m'avaient paru plaqués maladroitement dans la suite.

Mais l'ombre du 1 planant encore sur cette histoire, j'attendais le tome 3, pour finalement savoir quels souvenirs je garderai. Non sans appréhension.

Pas de déception cette fois-ci. Pas un enthousiasme débordant non plus qui me ferait braver le courroux de la Cerbère-Rousse et ses chiens de garde au mordant bien aiguisé (qui ont d'ailleurs laissé un doux souvenir à mon popotin lors de mes récentes aventures avec les livres-addicts), mais un sentiment de satisfaction malgré tout. Ce tome 3 clôt vraiment bien l'histoire de Gabriel et Julianne.

La relation amoureuse stable que le beau Gabriel vit maintenant avec la douce Julianne l'a assagi, ses démons se sont apaisés, et il avance sur le chemin de sa rédemption. Julianne se bat quant à elle pour exister ailleurs que dans l'ombre de son mari si brillant, elle lutte pour être reconnue et ne pas être que la femme du Professeur Emerson.

C'est un tome plus paisible que nous livre Sylvain Reynard, celui où l'on chasse les dernières ombres du passé et où on se construit vers l'avenir. La rédemption de Gabriel est toute proche, les embuches beaucoup moins importantes. Il est plus que jamais épris de sa belle Julianne, et lui, si égoïste par le passé, découvre ce que c'est de vivre pour l'autre.

Dante est toujours présent, mais de façon beaucoup moins maladroite que dans le 2. L'érudition est au service de l'histoire, et n'est plus aussi artificielle que dans le 2.
La religion est toujours là elle-aussi, et si ce point me dérange toujours autant, je l'ai accepté comme faisant intégralement partie des personnages, grandement aidée par la plume de l'auteur.

Les derniers chapitres ont même fait naître une boule émue dans ma gorge. Midinette je suis et midinette je resterai, et cette fin a été pour moi la fin parfaite. Certains lui reprocheront son coté naïf et attendu, moi je remercierai simplement l'auteur de ne pas m'avoir fait faux bond. Il fallait que ça se termine comme cela s'il ne voulait pas subir les foudres de mon ire.

Mais voilà, cette fois-ci, c'est belle et bien la fin... Et si je sais d'ores et déjà que certains défauts seront pointés du doigts (les enchaînements entre les chapitres sont parfois très décousus par exemple), je ressors de ma lecture avec une pointe de satisfaction. Pas un livre de la liste-noire-des-livres-interdits, mais quand même...


Merci beaucoup à Marie Decrême et aux Edition Hugo&cie de m'avoir permis de continuer cette aventure. Mille fois merci...

samedi 8 novembre 2014

La dernière fugitive, Tracy Chevalier

Quand Honor Bright se décide à franchir l'Atlantique pour accompagner, au coeur de l'Ohio, sa soeur promise à un Anglais récemment émigré, elle pense pouvoir recréer auprès d'une nouvelle communauté le calme de son existence de jeune quaker : broderie, prière, silence. Mais l'Amérique de 1850 est aussi périlleuse qu'enchanteresse ; soumise pour quinze ans encore à l'effroyable régime de l'esclavage, traversée de toutes sortes d'épidémies, torturée par une nature capricieuse, rien dans cette terre ne résonne pour elle d'un écho familier. Sa soeur emportée par la fièvre jaune à peine le pied posé sur le sol américain, Honor se retrouve seule sur les routes accidentées du Nouveau-Monde. Seule, aussi, pour se frayer une nouvelle vie. Très vite, elle fait la connaissance de personnages hauts en couleur, dont son expérience de jeune fille pieuse ne lui aurait jamais laissé soupçonner l'existence.

Avertissement: « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite »

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L'hiver approche, les températures ont chuté. Je regrette de ne pas avoir pris une veste plus chaude, et j'envie Le Chat du Cheshire bien emmitouflée dans son gros parka. J'ai le nez qui coule, et je commence à renifler. Je vais être malade, c'est sûr, mais ce n'est pas grave. Nous avons une mission.

Melliane se tient à mes côté, frigorifiée elle-aussi. Elle n'est pas habituée à des températures aussi basses, et ses gants sont trop fins pour le vent qui vient de se lever.

-Bon, on récapitule. Opération sauvetage, vous vous rappelez?

Les filles acquiescent doucement. Je vois les rouages du cerveau de Melliane qui se mettent en branle.

-Opération Sauvetage « La dernière Fugitive », hein... C'est tout ! On ne s'éparpille pas!

Johanne grommelle quelque chose à mes côtés, les mains bien enfoncées dans ses poches. La lune se reflète dans les fenêtres du siège des Livres-addicts Anonymes.

-Non Johanne, c'est un coup d'essai, alors ne soyons pas trop ambitieuses.
-Je sais, je sais, me rétorque-t-elle d'un ton las.

Je la comprends, la tâche de ce soir est ardue, un vrai défi. Parce que même si nous menons à bien notre mission, notre joie sera teintée d'un arrière-goût d'amertume. Il faut sauver La dernière Fugitive parce que ce roman en vaut la peine, mais il y en a tant d'autres qui en valent la peine. Et la Liste-noire-des-livres-interdits s'allonge à chaque réunion. La prochaine a lieu demain. Si j'ai réussi à éviter de parler de Lettres Ecarlates lors de la dernière, je sais que la Cerbère-Rousse n'a pas été dupe. Je l'ai sentie me sonder de ses yeux perçants et j'ai même cru que sa crinière allait s'embraser quand ses mèches rougeâtres ont commencé à virevolter. J'ai fait comme si de rien était, ai pris un air naïf qui disait « C'est pour quoi? », mais au soupir de Melliane j'ai senti que je n'étais pas au mieux de ma forme et que je ne gagnerai certainement pas un Oscar pour mon interprétation.

Je sors de mon sac à dos le plaid en patchwork que j'avais confectionné pour ma mère et le jette sur mes épaules. Je suis prête.

-Euh, tu n'as pas plus discret ? me demande Johanne.

Elle ajoute :

-Parce que le turquoise, ce n'est pas l'idéal pour passer inaperçu.
-Le rose non plus, lui souffle Le chat du Cheshire en lui donnant un coup de coude.

C'est vrai que niveau discrétion, on repassera. Je suis drapée d'un patch turquoise et chocolat, Johanne a une grande écharpe rose bonbon qui lui monte jusqu'aux oreilles, Le Chat a opté pour un bonnet orange un peu trop grand pour elle, et Melliane arbore fièrement un gilet jaune « pour se réchauffer le cœur » nous a-t-elle dit. A ce moment précis, nous avons toutes gloussé en même temps, comme dans les romans. Je ne pensais pas d'ailleurs que l'on pouvait glousser, mais ça y est, je viens d'en faire l'expérience. Promis, j'arrêterai désormais de lever les yeux au ciel chaque fois qu'une héroïne glousse. 

Je trouvais pourtant que l'idée du plaid en patch était bonne, c'est une partie de la trame de ce livre, ces bouts de tissus que l'on assemble pour raconter notre histoire.

-Bon, on y va ? s'agace le Chat.

Je comprends cette saute d'humeur, nous la comprenons toutes. C'est un peu sa faute si La dernière fugitive se trouve sur la liste, c'est elle qui l'a livré. Comme nous en avons livré tant d'autres. Nous ne savions pas...

Je repense brièvement à ce roman, l'une de mes lectures les plus saisissantes de ces dernières semaines. Tout y est, une plume remarquable, un récit bien mené, de la tension, des références précises à un contexte historique en transition. Honor est une de ces héroïnes que l'on oublie pas. Femme courageuse, comme tant d'autres à son époque, elle se bat contre son destin et contre les préceptes que la société veut nous imposer. Ses rencontres sont bigarrées, la diversité est une richesse. Ses doigts sont agiles, le patchwork est un témoignage de vie. J'ai tellement aimé la suivre que j'ai maudit certaines de ses décisions, sachant, malgré tout, qu'il ne pouvait en être autrement, c'est une Quaker. Tracy Chevalier m'a entraînée dans ce pays en construction, né d'une différence qui n'est pas toujours acceptée. Et puis, comme l'a si bien dit le Chat, il y a Donovan. Ce personnage détestable auquel moi aussi je me suis attachée. C'est d'ailleurs mon seul regret, ne pas en savoir plus sur lui. Alors oui, je comprends les remords du Chat pour avoir livré ce petit bijou. Mais nous étions faibles.

-Prêtes les filles ?

Elles ne me répondent pas se contentant de hocher la tête. Le moment est grave. Nous allons nous lancer à l'assaut du bastion de la liste-noire-des-livres-interdits, le fief des Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre. Nous allons marquer l'histoire.

-Euh, tu ne crois pas que tu t'enflammes un peu beaucoup là ? me chuchote Melliane.

J'ai parlé à voix haute, le rouge me monte aux joues et j'ai soudain très chaud.

-Bon, on y va?
-Au moins, il n'y a pas de taureau, ajoute Johanne tentant de se rassurer comme elle peut.

Un aboiement furieux se fait entendre.

-Non, mais il y a un chien, constate Le Chat.

Il va falloir vraiment que je me remette au sport, cette histoire devient dangereuse...



dimanche 2 novembre 2014

Alpha et Omega, tome 1, le cri du loup, Patricia Briggs

Anna a toujours ignoré l'existence des loups-garous, jusqu'à la nuit où elle a survécu à une violente agression... et en est devenue un elle aussi. Dans sa meute, elle a appris à faire profil bas et à se méfier des mâles dominants jusqu'à ce que Charles Cornick, Alpha, et fils du chef des loups-garous d'Amérique du Nord entre dans sa vie. Il affirme qu'Anna est non seulement sa compagne, mais qu'elle est aussi une Omega d'une puissance rare... ce qui se révélera très utile pour traquer un loup-garou doté d'une magie si sombre qu'il pourrait menacer l'ensemble de la meute.

Je crois que les loups-garous sont mes personnages préférés d'Urban Fantasy, avec les anges, surtout si ces derniers ressemblent à Raphaël de Nalini Singh... Mais je m'égare. Nous parlions de loups-garous. Logiquement, comme j'aime les loups-garous, je suis une grande fan des aventures de Mercy Thompson, même si l'envie de lire de la bit-lit était un peu tombée dans les limbes de mon cerveau ces derniers temps. Le tome 1 de ce spin off traînait depuis quelques temps dans ma PAL. La lecture de Lacrimosa, puis de Lettres Ecarlates m'a remis un pied dans cet univers. Après avoir exploré les bas-fonds de ma PAL pour voir si un petit Mercy Thompson n'aurait pas crié à l'aide pour que je le sorte de cette marée livresque, je me suis tournée vers Le cri du loup de la même auteure. 

(En ce moment même, je suis en train de jeter un coup d'oeil en biais à Doux Chéri, et d'échafauder des plans pour contourner ma promesse de non-achats livresques qui a été reconduite pour ce mois-ci encore. Note pour moi-même : être encore plus prévoyante lorsque le feu vert s'affichera et anticiper les périodes de disette. C'est-à-dire remonter le niveau de ma PAL, tous genres confondus... Ma banquière va trembler!)

Décidément, je m'égare beaucoup dans cette chronique. Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos loups-garous.

Dans ce spin off, L'auteure nous fait découvrir la meute du Marrok, avec Bran bien sûr, Samuel, mais surtout Charles et Anna. Mercy et Adam sont mentionnés, fins repères à cette histoire pour les fans, mais rien de plus. L'univers est proche de celui de Mercy, mais s'en éloigne aussi, la meute du Marrok n'a rien à voir avec celle d'Adam. C'est là une qualité, une vraie.

Sans être une lecture digne de la liste-noire-des-livres-interdits, j'ai aimé replonger dans ce monde. Il y a des maladresses, un récit confus par moment, une narration parfois hésitante, mais l'essence même du talent de Patricia Briggs y est, et quelques heures m'auront suffi pour avaler ce roman et pour regretter de ne pas avoir le tome 2 (mais où est donc une bonne PAL quand on en a besoin?) L'évolution des personnages d'Anna et Charles se fait en douceur, Bran a un côté terrifiant que je n'avais pas vraiment perçu dans Mercy, et j'ai très envie d'écrire à ma banquière pour lui dire que je me trouve dans une situation d'urgence et que j'aimerais vraiment, beaucoup, beaucoup lire le tome 2 (la suite de Mercy me conviendrait tout à fait aussi!). Mais je ne suis pas sûre qu'elle prenne cela pour une urgence vitale, surtout devant la taille de ma PAL...