mercredi 5 août 2015

Retiens ma nuit, Denis Tillinac

(Editions Plon, parution le 27.08.2015)

Médecin de campagne, François promène sa langueur à l'ombre du château de Chaumont. Hélène dilue son désenchantement dans la galerie d'art qu'elle tient à Blois, au bord de la Loire. Ils ont tous deux passé la soixantaine, sont mariés, ont des enfants au bout du monde ou au bord du divorce, et des parents en EPAD ou au cimetière. Quand, à l'âge de tous les crépuscules, un amour printanier les surprend dans le huis clos de la bourgeoisie blésoise, ils s'y vouent corps et âme, dans une clandestinité qui les protège et les emprisonne.

François est un médecin de campagne en fin de carrière avec tout ce que cela implique: les visites à domicile, les jérémiades des patients à supporter, la fin de ceux qu'il appréciait. Marié à Claire, ils forment un couple phare de la communauté.

Hélène est malheureuse dans son mariage et rompt sa solitude et son ennui en travaillant dans une galerie d'art de Blois.

La soixantaine est là. L'heure du bilan pour certains, l'heure de l'amour pour eux.

Les deux parties de ce récit, le journal de François et la lettre d'Hélène, nous permettent de suivre le cheminement de chacun d'entre eux ainsi que leur passion.

Le rythme est lent, teinté d'une certaine nostalgie. L'on suit les années d'études, Paris, l'enfance, la famille dans une tentative de construction de ce que sont les personnages. Leurs considérations, leurs réflexions pointent. Comment affronter cet amour fou, cette jalousie ? Comment penser au futur lorsqu'on devrait se concentrer sur le passé ?

J'aurais pu rester en dehors de ce récit si je n'y avais pas trouvé des repères. Tous ces lieux évoqués me sont familiers, j'ai habité à quelques kilomètres d'eux. J'ai eu l'impression au fil des lignes de découvrir ce qui se cachait derrière les portes de cette bourgeoisie blésoise, la gare d'onzain, Chaumont. Et cela a donné une véracité bienvenue à ce récit sans laquelle je me serais peut-être ennuyée.

François et Hélène sont touchants. L'amour n'a pas d'âge, l'amour-passion non plus. François aime sa femme et ce qu'il ressent pour Helène complète cet amour bien plus complexe qu'une tromperie. Hélène est une femme seule, désabusée, qui réapprend à vivre avec cet amour qu'elle n'espérait plus. Elle se sent femme pour la première fois.


Une lecture qui suit le cours de la vie portée par une plume agréable.

Merci aux Editions Plon pour cette lecture!

11 commentaires:

  1. Encore une bonne découverte par ici, merci ! :)

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  2. Moi j'adore les histoires de couple et de remise en question... et puis tu as tellement raison : L'amour n'a pas d'âge... Ton livre me tente beaucoup même si je ne suis pas de ta région ;-)

    Bonne soirée

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    1. Oui, l'amour n'a pas d'âge... Mais il est toujours l'amour avec son lot d'émotions...

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  3. Ça l'air touchant...un roman qui pourrait bien me plaire, je me le note !
    Bonne journée !

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  4. Ton avis me tente bien, et surtout je trouve la couverture très belle :) !

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  5. Les histoires d’amour, surtout celles qui défient les âges, je les trouve émouvantes. Plus émouvant encore, à mes yeux, est cette femme qui « se sent femme pour la première fois »…

    C’est vrai que parfois certains repères stimulent la lecture. Très belle critique…!

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    1. Je suis tout à fait d'accord pour les repères. Ils donnent un supplément d'âme aux récits dans certains cas.

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