- Nous allons
conclure un marché, veux-tu ? Toi, Joseph, tu feras semblant d'être
chrétien, et moi je ferai semblant d'être juif. Ce sera notre
secret, le plus grand des secrets. Toi et moi pourrions mourir de
trahir ce secret. Juré ?
-
Juré.
1942. Joseph a sept ans. Séparé de sa famille, il est
recueilli par le père Pons, homme simple et juste, qui ne se
contente pas de sauver des vies. Mais que tente-t-il de préserver,
tel Noé, dans ce monde menacé par un déluge de violence ?
En
lisant les premières lignes de ce court roman, j'ai su que je ne
m'étais pas trompée en le tirant de l'étagère où il sommeillait
dans son attente patiente.
« Lorsque
j'avais dix ans, je faisais partie d'un groupe d'enfants que, tous
les dimanches, on mettait aux enchères. »
C'en
était fait de moi, interpelée, curieuse, saisie, j'étais
prisonnière de ces mots, et il m'allait être très difficile
d'interrompre ma lecture. Ce que je n'ai pas réussi à faire
d'ailleurs.
Voilà la magie d'Eric-Emmanuel Schmitt. Ecrire de belles histoires,
même si le sujet est délicat.
Et
quel sujet plus délicat que celui de la Shoah ?
Comme
a son habitude, il y a peu de personnages dans L'enfant de Noé
-Joseph, ses parents, le Père Pons, Rudy, Mademoiselle
Marcelle-Sacrebleu-, mais tous m'ont touchée, avec une nette
préférence pour le Père Pons -ce « Juste » admirable-
et ses collections, cruel reflet de ce que l'Homme est capable, et
qui ne peuvent que nous laisser un goût amer dans la bouche.
La
plume de l'auteur, toujours juste et sans fioritures, m'a amenée, petit à petit, au fil des mots, à
plonger dans des interrogations, philosophiques, parfois mystiques, sur l'Homme et
ses actes. Car c'est là où réside la force d'Eric-Emmanuel Schmitt : tout semble facile, tout semble fluide, il n'y a
qu'à suivre les petits cailloux qu'il a semés sur le chemin.
L'on
a reproché à ce roman de trop survoler cette période, mais ladite
période n'est qu'un prétexte pour se pencher sur l'humain et ses
convictions les plus profondes. Judaïsme, catholicisme, foi,
humanité, amour, autant de sujets qui sont abordés, sans pour
autant être un requiem, une ode à la foi quelle quelle soit. Non,
c'est avant tout une ode à la générosité, à l'amour, au
sacrifice pour les autres,
Et
les larmes ont coulé, parce que, devant la tendresse de ces mots, il
ne pouvait en être autrement.
J'aime bien cet auteur mais celui-ci je ne l'ai pas lu, il faut que je le fasse, merci pour cette belle chronique!
RépondreSupprimerC'est vraiment un très beau roman!
SupprimerC'est bien dit!
RépondreSupprimerJ'ai également beaucoup aimé ce livre!
Oh oui! Tu en as lu d'autres de lui?
SupprimerJ'ai lu Le sumo qui ne pouvait pas grossir qui il me semble fait partie de la même saga. J'ai beaucoup aimé son écriture et me promis d'en lire d'autres. Celui-ci fera sans doute parti de la liste.
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas lu. Effectivement, j'ai vu qu'il y avait un corpus de romans tournant autour de la "religion" (très réducteur exprimé ainsi).
SupprimerJe vais chercher celui-ci alors.
De tous les titres lus de l'auteur, il n'y en a qu'un seul qui a été une déception pour moi : " Les perroquets de la place d'Arezzo"
RépondreSupprimer"L'enfant de Noe" fait partie des livres dont je me souviendrai longtemps!
Je n'ai pas lu "les perroquets" encore.
SupprimerComme toi, l'enfant de Noé m'a marquée!
« C'est avant tout une ode à la générosité, à l'amour, au sacrifice pour les autres »
RépondreSupprimerJe rejoins tellement bien tes mots, Éric-Emmanuel Schmitt nous parle avant tout de générosité et d'entraide dans un monde de "violence", peu importe la forme qu'elle prend. Les larmes me coulent souvent aussi quand je lis ses romans…
Les miennes aussi coulent beaucoup...
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