«
J’ai 36 ans. Je me suis marié voilà douze ans avec celle qui est
aujourd’hui la maman de mes deux fils. A peine deux mois plus tard,
je débutais comme professeur des écoles, faisant du même coup,
sans le savoir, de l’Ecole ma maîtresse. » Ainsi démarre le
récit d’un jeune enseignant qui retrace son parcours professionnel
depuis l’enthousiasme des débuts jusqu’à la limite du burn-out.
Au fil d’une analyse lucide et amère, il évoque sa relation
passionnelle avec l’Ecole, commente la politique menée en matière
d’éducation ces dernières années et règle ses comptes avec ce
métier qu’il aime tant mais qui lui vole sa vie. Raoul Dirêvie
écrit comme il exerce son métier : avec son cœur. Il livre ici un
poignant témoignage dans lequel bon nombre de ses collègues se
reconnaîtront et qui permettra peut-être aux autres citoyens de se
réconcilier avec une profession pas toujours bien comprise.
Je
n'ai pas l'habitude de lire des témoignages, non pas que je n'aime
pas cela, non. Je suis d'un naturel curieux, mais je manque de temps.
La fiction est un bon moyen pour moi de donner à mon cerveau
l'évasion nécessaire dont il a besoin. Je lis, j'imagine,
je rêve, et une fois le roman terminé, je continue l'histoire dans
ma tête, poursuivant les aventures ou en me représentant
mentalement pour la quinzième fois une scène qui m'a marquée,
jusqu'à ce qu'une nouvelle histoire me captive, et que, amante
libertine, j'abandonne mon précédent amour pour m'ébattre avec
cette nouvelle promise, source de sensations nouvelles.
C'est
plus difficile avec les témoignages, parce que ce sont des vraies personnes, et je ne peux pas continuer leurs histoires. Lire un
témoignage, c'est m'exposer à des émotions bien réelles, fortes, souvent celles de l'auteur, accueillies par les miennes qui ont
tendance à tout décupler. Alors je me protège.
Aussi,
quand ce témoignage est arrivé entre mes mains, le scepticisme m'a
d'abord envahie. Le sujet m'intéresse, beaucoup même... Mais Raoul
Dirêvie n'allait-il pas tomber dans la facilité de faire un énième
pamphlet contre l'Ecole ?
Poussée
par la curiosité, je me suis plongée dans son récit, et l'ai lu en
quelques heures à peine, d'une seule traite.
Le
témoignage de M. Direvie est porté par la sincérité de ses
émotions, passant de l'enthousiasme à la désillusion certaine de
l'amoureux qui s'est trompé mais qui aime tellement fort qu'il ne
sait pas faire autrement.
De
son parcours à ce qu'on demande à un professeur aujourd'hui, son
cri du cœur retentit, sorte d'appel au secours face au monstre qui
engloutit. L'on se rend compte que l'Ecole telle qu'elle nous est
vendue n'est pas ce qu'elle est en réalité. On s'en
doutait... Mais à ce point ?
Certains
passages, intimistes, m'ont littéralement fascinée. J'aurais aimé
qu'ils soient plus nombreux, mais je comprends la retenue de M.
Dirêvie. Le but n'était pas de sombrer dans un pathos à faire
pleurer dans les chaumières. Il y a beaucoup de pudeur dans ses
écrits, beaucoup de dignité aussi. Et d'amour... Pour ses élèves,
pour sa profession... Pour sa femme pourtant délaissée pour cette
amante intransigeante et cruelle qu'est l'Education Nationale.
C'est vrai que je suis aussi plutôt du coté fiction meme si ça m'arrive de lire des livres autre... Mais malgré ton très bel avis, je pense que je vais passer pour celui ci.
RépondreSupprimerJe comprends tout à fait. Le témoignage est un genre vraiment particulier...
Supprimerça donne envie tout ça
RépondreSupprimer`C'est vraiment un récit édifiant...
SupprimerJe ne connaissais pas mais je suis très intéressée, je suis actuellement en étude pour devenir professeur des écoles...
RépondreSupprimer`Dans ce cas, lis-le! Il est très instructif je trouve...et sans être une attaque acide contre l'école.
SupprimerJe ne connaissais pas ce livre et tu m'as donné envie de le lire.
RépondreSupprimerMerci beaucoup!!!
SupprimerFélicitation pour ce joli billet ^^
RépondreSupprimerEtant fils d ' enseignants je sais que c ' est un métier qui prends énormément de place et de dévouement dans une vie .
C'est vrai... Comme tous les métiers qu'on fait avec le coeur...
SupprimerIl est vrai qu'il manque quelques passages intimes, mais il ne peut pas trop en dévoiler! C'est vrai que l'école, ça ne devrait pas être ça, mais comme tous les métiers, elle a sa part d'ombre...
RépondreSupprimerTout à fait d'accord...
SupprimerUn livre qui pourrait me plaire :D
RépondreSupprimerJ'espère que ce sera le cas!!
SupprimerQuelle chronique ! Je ne suis pas non plus habituée à lire des témoignages, pourtant je n'apprécie pas spécialement imaginer une suite à toutes les fictions que je lis...
RépondreSupprimerIl faut vraiment que je tente l'expérience, mais peut-être pas forcément avec de livre cela dit.
(Au passage, tu écris magnifiquement bien ! o.o)
Les témoignantes sont finalement un beau reflet de la vie et poussent à la réflexion. Pas n'importe lesquels évidemment!
SupprimerMerci de ton passage et pour le compliment!