Dans
un bar, Mari est plongée dans un livre. Elle boit du thé, fume cigarette sur
cigarette. Un musicien surgit, qui la reconnaît.
Au
même moment, dans une chambre, Eri, la soeur de Mari, dort à poings fermés.
Elle ne sait pas que quelqu'un l'observe.
Autour des deux sœurs vont défiler des personnages
insolites : une prostituée blessée, une gérante d'hôtel vengeresse, un
informaticien désabusé, une femme de chambre en fuite. Des événements bizarres
vont survenir : une télévision qui se met brusquement en marche, un miroir qui
garde les reflets. À Tokyo, le temps d'une nuit, va se nouer un drame étrange..
A chaque fois que j’ouvre
un roman de Murakami, je n’arrive pas à le refermer sans en avoir vu le bout. Ce
n’est pas de la frénésie de lecture, rien à voir avec ces moments-volés comme pour d’autres
ouvrages, non. Il a le don de titiller ma curiosité, comme si un petit génie
avait pris place sur mon épaule et me soufflait de continuer à tourner les
pages. Comme si son écriture m’envoûtait. J’en suis la première surprise, parce
que, comme pour la « Course au
mouton sauvage », j’ai craint que le passage de la nuit ne devienne un livre oublié aux
toilettes, le cimetière des livres que j’ai du mal à terminer…
Parce qu’il faut le dire, Le passage de la nuit est un livre lent, très lent…Mais un
livre de belles rencontres nocturnes, et de rencontres avec ce que nous sommes.
Murakami pose sa caméra dans cette Tokyo de nuit, où, de drôles de personnages, qui à priori n’ont rien en
commun, se croisent et coexistent pendant quelques minutes -autant de séquences filmiques-, quelques heures. J’ai aimé cette Tokyo intimiste, très éloignée
de l’effervescence et du mouvement perpétuel que j’avais en tête.
Mais il y a ce
regard-voyeur, ce « nous » au présent de la narration qui observe ce
qui se passe dans une chambre. Murakami, c’est un habile mélange de réel et d’irréel,
de frontières qui s’effacent entre le rêve et la réalité, et dans le Passage de la nuit, ces
frontières se font encore plus ténues, parce que la nuit tout est différent, et
si pour nous elle ne dure que quelques heures, pour d’autres, elle peut
ressembler à l’éternité. Alors on regarde, on observe Eri, douce incarnation
de cet onirisme Murakamien.
Ces chapitres-là, qui
reviennent régulièrement, m’ont dérangée. Je suis quelqu’un de pudique, de
secret, aux antipodes d’un esprit espion-voyeur. Je me suis sentie de trop dans
ces chapitres, dans ce « nous » auquel j’appartenais, comme
kidnappée, et qui m’obligeait à regarder. Mais le talent de Murakami se trouve là. Ils m’ont dérangée,
parce que j’ai ressenti l’observation, cette observation qui s’est matérialisée
dans ma tête sous le pouvoir des mots. Cet irréel est devenu réel.
La magie de Murakami.
Un Murakami que je ne connais pas, et qui me tenterait bien !
RépondreSupprimerIl est vraiment sympa...Un peu déroutant (Murakami!), mais sympa!
Supprimerah c'est terrible d'avoir des livres comme ça n'est-ce pas ? Mais ça fait toujours si plaisir !
RépondreSupprimerOuiiii!!!
SupprimerBelle chronique , et je m ' appercois qu 'avec la lecture c 'est pire car on se fait son propre film dans sa tête et du coup l ' imagination est plus forte .
RépondreSupprimerTu as complètement raison!!
SupprimerJe ne connais pas ce titre mais belle chronique en tout cas, qui donne envie de le lire.
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