Dans
le désert, la montagne, la campagne, en ville, n'importe où, il m'est vital de marcher. Marcher rejoindre le désert saharien, marcher
pour visiter un ami, marcher pour me rendre au travail, marcher pour
les courses, marcher pour marcher, mercher, c'est ainsi ! Marcher.
Pourquoi ? Pour être libre et exorciser l'existence de ce monde.
Jeune, je marchais sans raison. Aujourd'hui, marcher est
indispensable. Un plaisir. Un besoin. Marcher pour « aller à l'essentiel », selon Sylvain Tesson. Marcher pour mieux penser.
Marcher pour revenir sur terre. Je ne manque aucune raison de
marcher. A Paris, où je laisse l'enveloppe de mes pieds chez le
cordonnier, rue des Archives. Manque de mes pas, des heures durant, à
travers les quartiers des vêtements, du design, des galeries d'art,
des livres. Plus d'animations dans les premiers. Calme et
tranquillité dans les derniers, un autre monde, rues et fenêtres
qui sourient. Une librairie, un livre exposé d'Ibrahim Al Koni, l'écrivain, le poète Touareg : « La loi du désert stipule que
rester plus de quarante jours à la même place, c'est tomber en
esclavage. » Liberté perdue en tombant dans la sédentarisation. La
retrouver dans le voyage... Poursuivre ma marche en solitaire, avec
mon âme. Ne pas faire partie du lot, même un instant. Emerger enfin,
garder ma liberté de pensée pour le départ immédiat ! J'entends l'écho qui interpelle du fin fond de l'espace désertique. L'incantation est là, subite ! Refus impossible. Appel de celui en qui
coule le sang du désert. Le Sahara envahit mon esprit. J'entends
déjà, intérieurement, le silence qui l'habite. Je pars ! Un retour
dans le désert des Touaregs pour retrouver ses racines.
Marcher fait partie de l'essence même
de ce que nous sommes. De tout temps nous avons marché : pour
aller rendre visite à un voisin, pour accompagner les troupeaux en
estive, pour aller à l'école, au marché. Aujourd'hui encore nous marchons :
vers le travail, dans le supermarché pour faire les courses, sur le quai du métro. Mais ce simple geste, ce pas devant l'autre, a perdu de son sens. Nous
n'avons plus le temps de marcher vraiment. Nous courons après un temps qui nous fait cruellement
défaut, comme si nous cherchions à rattraper ces secondes que la
vie frénétique que nous menons nous enlève.
« Echo saharien » narre ce
retour vers soi, vers l'essence de ce que nous sommes, quand marcher
est porteur de sens, celui de sentir le sable du désert sous ses
pieds, de la chaleur qui mord le visage, du thé qui rafraîchit.
Véritable retour vers les origines, cet appel du désert retentit au
fond de chacun d'entre nous. Nous avons tous notre désert perdu,
cette petite voix étouffée qui résonne dans notre cœur, mais
souvent, nous ne l'entendons pas. C'est le voyage que nous narre
Intagrist El Ansari, ce retour aux sources dans une langue simple, portée par la sincérité et servie par la très belle édition des
Editions Langlois Cécile. Observer, sentir, prendre le temps pour
retrouver qui on est au fil des rencontres.
Une jolie lecture, un bel
ouvrage. Un seul regret, que le 4x4 ait souvent remplacé la marche,
malheureusement, c'est un fidèle reflet de notre monde.
Merci à la Masse Critique Babelio et
aux Editions Langlois Cécile pour cette lecture !
La marche est un purgatoire de la pensée, elle permet de mettre de l’ordre dans les idées en les filtrant ‘’ Si aucune activité physique ne vous tente, essayez la marche à pied-‘’
RépondreSupprimerUne lecture passionnante- Oui la marche est une sorte de purgatoire de la pensée, elle permet de mettre de l’ordre dans les idées en les filtrant ‘’ Si aucune activité physique ne vous tente, essayez la marche à pied-‘’
RépondreSupprimerCa peut etre intéressant mais je ne suis pas sure que cela soit pour moi par contre
RépondreSupprimerComme je me suis délectée de ta critique! Marcher… marcher pour être libre, comme tu le dis si bien. Marcher pour aller à l’essentiel comme le dit Sylvain Tesson. Un retour vers soi qui fait écho en moi comme un besoin de vivre sa vie, là, maintenant. Un voyage vers l'intérieur… Merci pour ce magnifique billet!
RépondreSupprimerBonne semaine à toi Céline
Vivre sa vie là, maintenant, au présent. Et c'est tellement compliqué...
SupprimerCe n'est pas vraiment mon type de lecture mais pourquoi pas :)
RépondreSupprimerCe n'est pas forcément le mien non plus, mais parfois j'aime bien changer mes habitudes!
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