Jean
Louise Finch, dite « Scout », l’inoubliable héroïne
de « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, » est de retour
dans sa petite ville natale de l’Alabama, Maycomb, pour rendre
visite à son père, Atticus. Vingt ans ont passé. Nous sommes au
milieu des années 1950, et la nation se déchire autour des
questions raciales. Confrontée à la société qui l’a façonnée
mais dont elle croit s’être affranchie en partant vivre à New
York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit…
A
l'occasion de la sortie évènement de ce roman dont on a très
longtemps ignoré l'existence, les éditions Grasset ont publié une
nouvelle fois « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur », roman
qui a marqué son temps en devenant un incontournable de la
littérature américaine. À la fin de l'ouvrage, ils ont introduit une
note explicative, rappelant les aventures éditoriales de l'auteur et
éclairant certains points de « Va et poste une sentinelle »,
une bonne façon de préparer le lecteur à découvrir cet inédit.
Je ne peux que les remercier de l'avoir fait, ils
m'ont permis d'aborder le texte sous un autre jour, et ainsi,
d'éviter un jugement trop hâtif.
L'action
se déroule vingt ans après « Ne tirez pas sur l'oiseau
moqueur » mais le roman a été écrit avant. Il est important
d'avoir ce détail en tête avant de se plonger dedans, car s'il
s'agit d'une suite temporelle, elle ne l'est en rien dans l'écriture,
et cela explique, à mon avis, certaines déceptions que j'ai pu lire à
son sujet.
L'on
retrouve donc les personnages qui ont fait vivre « Ne tirez pas
sur l'oiseau moqueur », Jean Louise, Atticus, Calpurnia sont
bel et bien présents, mais les choses ont changé, le monde a
changé. Rien d'anormal. La terre tourne, le temps passe, le monde
évolue. Mais il a parfois bien du mal à s'adapter à ces
évolutions, pour ne pas dire à les accepter.
Qu'il
est difficile de grandir et de ne plus vivre protégée par la
cuirasse de l'enfance ! Qu'il est difficile de voir les autres
vieillir et de se rendre compte que finalement, ce ne sont que des
êtres humains ! Qu'il est difficile d'accepter que les
mentalités restent parfois enlisées la boue d'il y a un
siècle ! Qu'il est difficile de voir les combats à mener, les
luttes intestines alors que l'on voudrait juste être blottie dans
les bras bienveillants de ceux qu'on aime, ces mêmes bras qui
désormais nous rejettent...
La
lecture de ce roman m'a déstabilisée dans un premier temps. Je ne
retrouvais pas complètement ce qui m'avait charmée dans « Ne
tirez pas sur l'oiseau moqueur », mais garder à l'esprit qu'il
s'agissait là d'une sorte d'essai, des balbutiements finalement de
ce qui ferait la force ensuite du roman phare, m'a offert une autre
lecture du texte. Parce que c'est ainsi à mon avis qu'il faut
l'aborder : oui, il y a quelques incohérences, oui, parfois
l'auteure erre un peu, oui, les discours peuvent être choquants
parfois, lents aussi... Mais quelle force malgré tout dans ce
récit ! Quelle acuité aussi ! Et dire que l'auteure
voulait le laisser enfermer dans un tiroir... Que cela aurait été
dommage !
Dans
ce texte, si l'on lit entre les lignes, se dégagent tous les piliers de « Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur »,
les fondations, la naissance en quelque sorte, mais pas simplement.
Ce récit porte un regard acéré sur cette société qui palpite,
divisée entre passé et présent, entre tradition et modernité.
Vibrent des interrogations qui auraient pu déranger à l'époque et
qui dérangeront certainement encore dans un futur proche. Comment faire évoluer les
choses ? Les mots suffisent-ils ? Les poings sont-ils
nécessaires ? Et la justice dans tout cela ? Le droit
est-il une réponse possible ? A-t-il des limites ? Qu'en
est-il de la religion ?
Le
résultat est simple, j'ai adoré cette lecture malgré ses défauts,
l'on sent dans ce texte toute l'énergie qui animera ensuite "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", sans la protection de la
candeur de l'enfance. Scout bien grandi, elle est une femme
maintenant, et ne peut plus se cacher derrière sa salopette tachée
d'herbe. Il est temps d'ouvrir les yeux... Mais que la tâche est rude! Notre monde en fait l'expérience tous les jours.
Bonne année à tous! Beaucoup de bonheurs livresques pour 2016 et de bonheur tout court!
Je ne connaissais pas ce livre de l'auteur ! Merci du partage !
RépondreSupprimerLe premier publié, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, est un incontournable (que je ne connaissais pas non plus avant de l'avoir lu!)
SupprimerMerci de ton passage!
Bonne année 2016 à toi aussi, entre ta bibliothèque et des doudous !
RépondreSupprimerJe me demande au final s'il ne faut pas lire ce roman-là avant "Ne tirez pas", même si la chronologie est inversée... En tout cas, je vais me placer "Ne tirez pas" en wish-list et advienne que pourra... (je ne suis pas censée acheter beaucoup de romans cette année).
En fait, je pense qu'il faut vraiment lire "Ne tirez pas" et lire "Va et poste" comme une sorte de réflexion et d'expérience sur l'écriture. C'est bête, mais c'est un roman qui m'a beaucoup apporté, on voit les défauts, les balbutiements, et on comprend pourquoi l'auteure ne voulait pas le publier. Elle a fait ses armes avec.
SupprimerIl faudrait que je le tente !
RépondreSupprimerBonne année <3
Bonne année à toi aussi! Et à bientôt pour de nouvelles aventures de la Team!
SupprimerYeeeeees !!
SupprimerC'est toujours agréable d'avoir un texte qui complete un peu comme ça ! Je vais d'abord lire le premier hein maintenant que je l'ai !
RépondreSupprimerOui! J'espère que tu l'aimeras!
SupprimerJ'ai tellement aimé "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" que j'ai terriblement peur de faire la comparaison et d'être déçue ! Il faudrait quand même que je passe au-delà de ça...
RépondreSupprimerÀ l'occasion de ce premier billet de l'année, je te souhaite tous mes meilleurs vœux pour 2016 ! Que celle-ci soit placée sous le signe du bonheur, et qu'elle te réserve de merveilleuses découvertes livresques :)
Tous mes voeux aussi pour cette nouvelle année!
Supprimer"Va et poste" est vraiment la genèse de "Ne tirez pas", je l'ai trouvé très intéressant pour cette raison entre autres.
Olala, shame on me, je savais même pas qu'il y avait une suite à ne tirez pas sur l'oiseau moqueur!
RépondreSupprimerTon article m'a donné envie de le lire, je l'achèterai sans doute du coup, merci! :)
Oh et en passant, bonne année!
A bientôt!
Marie
Bonne années toi aussi! Plein de bonheur!
SupprimerC'est un livre qui me fais envie mais je veux d'abord découvrir Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Et je veux être raisonnable donc j'attendrais sa sortie en poche. Mon banquier peut m'applaudir ;) Bisous Céline.
RépondreSupprimerWaow!! Je suis admirative! Ton banquier doit être satisfait! (mais chut, le mien va me harceler pour mauvaise conduite s'il sait cela!) lol
RépondreSupprimerOui, enfin c'est parce que cela me déplore d'avoir des livres que j'ai acheté en GF et qui sont sorti en poche depuis 1 an et demi. J'en ai presque honte... Donc de temps en temps, j'essaie d'être raisonnable. De temps en temps seulement. :P
SupprimerTiens c'est intéressant de savoir que ce livre-là a été écrit et publié après le roman culte! Pourquoi l'auteur a choisi de le publier après tu penses?
RépondreSupprimerEn quelque sorte c'est comme s'il avait construit la carcasse du second avec le premier.
Quelle femme merveilleuse cette Harper Lee!
Je crois que malheureusement, on ne lui a pas laissé le choix. Il a été décidé de le publier sans vraiment son consentement (elle est âgée). Bien sûr, cela me choque. Par contre, moi qui aime le processus d'écriture, sa lecture a été très formatrice. Les deux sont évidemment liés, et je trouve dommage de ne pas lire celui-ci.
SupprimerJ'avais beaucoup aimé Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, et j'ai la possibilité de lire ce livre, alors je pense me laisser tenter !
RépondreSupprimerLaisse-toi tenter! Mais garde bien à l'esprit que ce sont les prémices de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, au risque d'être déçue.
SupprimerIntéressant. Selon toi c'est mieux de le lire avant ou après Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur même si les événements ont lieu après?
RépondreSupprimerPour moi il faut le lire après. C'est vraiment une ébauche de ce que sera Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, et il faut le lire un peu comme l'autopsie d'un roman, la construction de ce qui sera.
SupprimerD'accord je prends note. Dommage que ça doit se ressentir au niveau du style s'il est peut-être moins bon.
SupprimerCe n'est pas tant au niveau du style que de l'intrigue, il y a des détails qui ne sont pas forcément cohérents, quelques maladresses. Les thèmes abordées sont toujours aussi difficiles, mais moins clairs. On sent que c'est l'ébauche du suivant finalement.
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