Désireux
d'orner les murs de sa nouvelle demeure parisienne, le noble Jean Le
Viste commande une série de six tapisseries à Nicolas des
Innocents, miniaturiste renommé à la cour du roi de France, Charles
VIII. Surpris d'avoir été choisi pour un travail si éloigné de sa
spécialité, l'artiste accepte néanmoins après avoir entrevu la
fille de Jean Le Viste dont il s'éprend. La passion entraînera
Nicolas dans le labyrinthe de relations délicates entre maris et
femmes, parents et enfants, amants et servantes.
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Résumé
des Chroniques de la Liste-noire-des-livres-interdits.
Une
sombre menace plane sur nos livres-chéris, sur ces ouvrages qui nous
transportent jusqu'à pas d'heure dans la nuit et nous font rêver
encore et encore dans la journée : les
Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre les ont déclarés «
dangereux pour l'humanité », et nous somment, nous, les humbles
lecteurs, de les leur livrer. Voici l'histoire de notre rébellion!
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Salon
du Livre de Paris.
Une
lueur étrange s'échappe d'une dalle de ce hall où la foule
s'agglutine contre les issues de secours toujours closes. D'abord
minuscule, ténue, de la taille d'une tête d'épingle, elle grandit,
grandit, grandit encore pour finalement gagner tout de contour de la
dalle.
– Euh,
c'est quoi ça ? demande Le Chat en adoptant la position de
garde du Krav Maga.
– Ça,
ce sont les ennuis, je ne peux m'empêcher de lui répondre en
fronçant tellement les sourcils que je ressens jusque dans ma chair la ride
d'inquiétude qui me barre le front.
Un
grondement sourd accompagne la lueur qui est devenue tellement
aveuglante que nous nous servons de nos bras pour protéger nos yeux.
– De
très gros ennuis, gémit Melliane dont les cheveux sont ébouriffés à cause de la pagaille environnante.
Le
sol tremble maintenant plus violemment autour de nous. Des cris
s'élèvent de la foule paniquée qui court sans but à travers la
salle. Des tables de présentation se fracassent contre le sol dans un éclat retentissant, mais ce n'est rien en comparaison avec le
vacarme qui provient de la dalle.
Nous
reculons encore d'un pas, puis d'un autre.
La
dalle tremble de plus belle, et s'élève soudain brusquement pour
exploser dans les airs en une poussière si fine que nous ne la
voyons pas retomber.
Comme
un génie sorti d'une lampe, une première silhouette éclatante,
suivie d'une deuxième, puis d'une troisième s'engouffrent dans
l'espace ainsi libéré.
– De
très, très gros ennuis, murmure Johanne en soufflant sur la mèche
de cheveux qui lui retombe sur les yeux.
– Livre-vie,
Le Chat du Cheshire, Melliane, Johanne, Encore vous ! tonne une
voix caverneuse.
Les
trois silhouettes lumineuses sont alignées dans un ordre parfait
devant nous. L'ombre de ce qu'elles sont nous fait reculer encore
d'un pas. Nous paraissons si minuscules à côté. Melliane passe son bras sous le mien, et j'en fais autant avec celui du Chat, qui saisit celui
de Johanne. Notre chaîne humaine semble un bien mince rempart face à eux.
– Euh,
salut! fait le Chat en accompagnant ses paroles d'un petit sourire
engageant.
Je
la fusille du regard, ce n'est pas le moment de faire ami-ami avec
l'ennemi.
– Vous
êtes pire qu'une épine dans le pied d'un cheval, il faut que ça
cesse, rugit une deuxième voix tout aussi caverneuse.
Leur
visage est flou, comme l'image brouillée d'un écran de télévision
et si je ne parviens pas à distinguer lequel des trois vient de
parler, je n'ai aucun mal à m'imaginer leur expression à ce moment
précis : sourcils froncés, lèvres pincées, ils ne sont pas
contents du tout. C'est même un euphémisme, ils sont furieux... Et
ils n'arrêtent pas de grandir, comme le haricot magique de Jack. Il
faut reconnaître que leur entrée est réussie, fracassante même.
J'hésite à leur demander quel est leur truc, mais le troisième
coupe à la racine toute envie de dialogue.
– Oui,
il faut que ça cesse ! aboie-t-il en levant la main d'un geste
rageur qui amplifie les tremblements du hall.
Il
ne nous en faut pas plus. Avec une agilité digne des meilleurs
espions, nous bondissons toutes en arrière.
– Il
faut sortir de là ! hurle Johanne.
Je
ne peux que hocher du chef en silence, j'essaye de récupérer mon
équilibre mis à mal par ma manœuvre. Finalement, mon agilité
n'est pas si digne d'un espion que cela, et j'ai failli en perdre mon
sac, mon précieux sac qui contient tous les ouvrages à sauver.
Le
Chat saute par dessus une table et dans son élan, projette un roman
qui termine son vol dans mes bras.
Diantre,
la Dame à la Licorne de Tracy Chevalier !
D'un
geste rapide et sûr, je le fourre dans mon sac de livres-à-sauver,
et me mets à courir en bramant :
– Mortecouille !
Guerroyons mes amies et pourfendons-les de nos lames !
Mes
paroles de motivation n'ont pas l'effet escompté. Le Chat, Johanne et Melliane
s'arrêtent net, et Rohanne, qui s'était cachée sous une table,
sort la tête en disant :
– Mais
elle a perdu la tête ou quoi ? »
– Que
nenni ! Donnez moi une arbalestrie
et partons faire bastaille prestement !
– Ça
y est, on est foutues ! soupire le chat en évitant une chaise
d'un mouvement de bassin.
La
Dame à la Licorne ballote dans mon sac. Ce petit bijou qui
tisse le récit tellement réaliste de l'histoire de ces célèbres
tentures du XVè siècle. Servi par une langue et des mœurs qui nous
immergent complètement dans le siècle à l'aube de la Renaissance,
l'amour courtois (et pas si courtois que cela !) défie
l'Histoire en retraçant les étapes de l'élaboration de ces fameuses tentures. Défilent les aventures de Nicolas de Innocents (pas si
innocent que cela!), et des différents personnages féminins et
masculins qui croiseront sa route. La narration alternée suivant le
point de vue des différents personnages donne une richesse et une
authenticité telles au récit que j'ai eu l'impression de remonter
le temps pour finalement me rendre compte que la Licorne n'était pas
forcément ce que je croyais (et j'en rougis encore d'ailleurs...).
Je
saute par dessus une table qui vole et attrape au passage l'une des
pancartes publicitaires. La tige métallique qui lui sert de pied
fera une arme létale. Enfin, j'espère.
– Mes
amies, je vous créant que nous allons occire ces mécréants.
– Elle
parle des Dieux là ? demande une Melliane consternée qui ne
peut s'empêcher de cueillir les ouvrages comme elle cueillerait des
pommes. Son sac risque de craquer à tout moment.
– Nous
ne pouvons pas fuir ! Peste soit des Dieux! Allons à la
mortaille !
Les
filles se sont arrêtées et me regardent d'un air navré.
– C'est
foutu, tout est foutu... sanglote Johanne tout en jetant à la figure du Dieu le plus proche un paquet de mouchoirs en papier.
– Je
vous avais bien dit qu'il fallait que j'amène un glouton... Il
aurait fait le ménage et zou... grogne le Chat alors qu'elle dégaine son spray au poivre.
– Ou
un éléphant, pour ouvrir les porte ! Ça aurait été pratique ! ajoute Melliane en se débarrassant de sa trousse de maquillage qui s'ouvre au contact de la poitrine de l'un des Dieux.
Son contenu se répand sur le sol, et j'aperçois quelques taches de vernis à ongle sur le vêtement immaculé de la divinité. Mes copines visent bien...
Son contenu se répand sur le sol, et j'aperçois quelques taches de vernis à ongle sur le vêtement immaculé de la divinité. Mes copines visent bien...
– Et
je l'aurais mis où ? Dans ton sac ? glousse le Chat en faisant un pas en avant, spray au poing.
– Tu vois bien que je suis en train de faire de la place! rétorque Melliane qui s'entraîne au lancé de brosse à cheveux sur le même Dieu.
Elle met dans le mille une nouvelle fois, et le Dieu ébauche un mouvement de recul. Le Chat en profite pour appuyer sur la gâchette et un nuage de poivre recouvre la silhouette brillante qui se met à éternuer.
Nous:1 / Dieux: 0
– Tu vois bien que je suis en train de faire de la place! rétorque Melliane qui s'entraîne au lancé de brosse à cheveux sur le même Dieu.
Elle met dans le mille une nouvelle fois, et le Dieu ébauche un mouvement de recul. Le Chat en profite pour appuyer sur la gâchette et un nuage de poivre recouvre la silhouette brillante qui se met à éternuer.
Nous:1 / Dieux: 0
Une
lueur intense se matérialise devant moi, et je brandis ma pancarte
dans un regain de fureur. Il est hors de question que notre lutte
s'achève ici. La Dame à la Licorne mérite d'être sauvée.
Je me suis attachée à ses personnages, et la fin est une jolie
leçon de vie. Non, il en est hors de question.
Une
deuxième lueur apparaît à ses côtés. Les Dieux me semblent
encore plus grands.
– Quand
je dis que les livres nuisent à la santé. En voilà un bon
exemple ! s'exclame l'un d'entre eux, visiblement perplexe.
– Il
va falloir la mettre en cellule d'isolement dans le Donjon, ça
pourrait être contagieux, constate l'autre.
– Devons-nous
courir le risque ? Le Donjon est bien dissimulé, mais peu isolé. L'on risquerait une pandémie!
Je
songe à le transpercer de mon épée. Peut-être que l'effet de
surprise serait là et que je pourrais nous débarrasser de l'un
d'entre eux. Un de moins, ça serait toujours ça... Mais mon épée me semble bien fine, une aiguille face
à un Dieu. Par contre, j'ai la volonté, et comme on dit, « À cœur vaillant, rien d'impossible. » Je prends une grande inspiration, prête à me lancer. Une petite voix sur ma
gauche rompt le fil de mes réflexions.
– Les
filles, eh, oh, les filles...
C'est
Roanne.
Elle
sautille frénétiquement en battant des mains devant une immense
affiche publicitaire du salon, une de ces tapisseries modernes qui
ornent les murs du hall.
« Il
y a une sortie, là, derrière ! »
Toutes
mes velléités d’occire un Dieu disparaissent soudainement. Nous
aurons d'autres combats. La fuite n'est pas vraiment une défaite, nos sacs
sont lourds des livres que nous avons déjà sauvés. Il faut parfois
savoir se retirer. Alors, je fais ce que font mes amies, dans un
style beaucoup moins élégant toutefois, je cours vers la sortie en
hurlant pour prévenir la foule de cette issue salvatrice.
Nous
allons bien ripailler je le sens, nous le méritons après un tel
combat...
J'ai eu ma crise de rire grâce à toi ! Décidément je ne me lasse pas de nos aventures ♥ !
RépondreSupprimerEt quand je te disais qu'il fallait amener des renforts, qui c'est qu'avait raison ? Il faut vraiment se bouger pour l'entrainement de notre armée... Et amener un ou deux renforts (minimum) à chaque fois qu'on sort !!
A bientôt ♥ !!
Mais pas facile de trouver des renforts: comment tu mets un glouton dans un sac? Et Nini a le mal de mer si ça ballote trop... Je crois qu'on va devoir faire passer un casting de garde du corps!
SupprimerOu embaucher des snipers... Ou peut-être avoir un Gandalf !
SupprimerMdr je comprends mieux ton email maintenant ! C'était une sacrée confrontation là dis donc ! Je connais le livre j'avoue mais je ne l'ai jamais lu, il faudrait je pense !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup, beaucoup cette auteure!
SupprimerQuelle aventure Morbleu !!! Je me languis, et j'implore la suite ;)
RépondreSupprimerIl nous en arrive des choses hein!!
SupprimerDes snipers... hum, hummm... Ils seraient beaux? C'est un critère essentiel ça! A voir... Je crains que Gandalf ne soit pas disponible...
SupprimerQuelle aventure trépidante que le salon du livre hihi, j'aime beaucoup les romans de Tracy Chevalier et j'avais beaucoup aimé la Dame à la licorne ^^
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce qu'elle fait! C'était le deuxième que je lisais de cette auteure, et j'ai vraiment beaucoup aimé.
SupprimerEt oui! Il nous en arrive des aventures!