(Editions
Fayard, parution le 19.08.2015)
Il
y a cet homme qui a gardé le réflexe de tendre la main sous la
table pour caresser son chien, alors que son chien est mort. Cette
femme qui boit du Get 27 pour oublier que son amant ne viendra pas.
Ce militant d’extrême droite qui cherche à embrigader le patron
de la brasserie. À l’abri des regards, dans la cuisine, il y a le
rescapé d’une nuit d’octobre. Et puis il y a l’enfant.
L’enfant qu’un adulte accompagnait mais qui est seul à présent
devant son verre vide. L’enfant qui attend que l’adulte revienne.
Nous
sommes en 1978, dans une brasserie près de la cathédrale de Sens.
C’est un instantané de la France et d’une époque. Mais aussi le
récit atemporel et poignant de la perte de l’enfance, dans le
bourdonnement indifférent de cette ruche française.
1978... Que
s'est-il passé en 1978 ? À vrai dire, je ne m'en souviens pas.
Mes quelques mois d'existence ne m'autorisaient pas cette mémoire
qui me fait défaut pour évoquer le souvenir. À quand remontent les
premières images qui se sont gravées dans mon cerveau ? À mes
cinq ans peut-être, quand ma mémé Simone me faisait prendre un
bain. Ou peut-être avant, quand ce chien m'a mordue. Un souvenir flou stocké
dans un tiroir de mon cerveau. Une photo en couleurs dénuée de
sens, sauf si je la regarde attentivement.
1978...
Sebastien Rongier plonge l'instantané de sa plume dans une brasserie
de Sens, le temps d'une soirée. Les clients entrent, défilent,
repartent, sans noms, sans traits bien définis, sortes d'ombres
éphémères. À moins que l'on s'attarde. Les yeux s'ouvrent peu à
peu et ces visages sans identité prennent vie. Un nom, un physique,
une histoire.
Ce sont des
fractions de leur vie qui nous sont contées dans ces très courts
chapitres. Autant de photographies en noir et blanc ou en couleurs
qui témoignent d'une époque.
De prime
abord, le récit semble décousu. L'attention s'envole pour se porter
sur cette femme, assise seule et qui attend son amant, ou sur cette
jeune femme, là-bas... La fille du boucher non ? Et ce
cuisinier, qui est-il ? Qu'est-ce qu'il cache ? Et cet
enfant, qui joue avec ses figurines ? Il y avait un homme avec
lui. Il est reparti, laissant ce petit bonhomme seul avec ses jouets.
Le temps
s'étire, les heures défilent et l'identité ces personnages apparaît. Max, Christine,
Mohammed, Elisabeth, Paul et les autres. Ils se croisent sans se
voir, puis finissent par ouvrir les yeux et interagir, parfois le
temps de prendre un Get 27, parfois juste pour échanger quelques
mots.
Le récit
fait durer ce moment éphémère, la politique qui cherche à
s'implanter, le passé que l'on veut oublier, le futur que l'on veut
fuir, et l'écriture, à laquelle j'ai particulièrement adhéré, se
fait l'écho de cette soirée. Elle défie certaines normes et donne
une vivacité au texte en lui évitant de heurter l'écueil de
l'ennui insufflé par la lenteur de son rythme. Ces faits anodins,
dérisoires, revêtent une importance autre. Ils deviennent vivants, alternant passé, présent et futur dans une danse envoûtante.
Je m'en vais
de ce pas voir les autres écrits de l'auteur, une très belle
rencontre !
(Merci aux
éditions Fayard pour cette découverte!)
Je ne connaissais pas du tout, mais il me tente bien :)
RépondreSupprimerC'est vraiment une très chouette découverte!
SupprimerJamais entendu parler de l'auteur ni de ce livre...cela m'intrigue !
RépondreSupprimerUne très bonne surprise pour moi. De ces romans intelligents qui envoûtent.
SupprimerPas sure sure que ça soit pour moi mais contente que tu ais passé un bon moment avec.
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûre que tu aimes non plus. Ouiii, super moment!
SupprimerTu amènes très bien ton billet par quelques flous souvenir. J'adore et le livre semble très tentant.
RépondreSupprimerBonne journée
Merci beaucoup! Une lecture vraiment très agréable!
SupprimerTu m'intrigues! Je vais me pencher sur la question! =)
RépondreSupprimerMerci pour ta chronique!
A bientôt!
De rien!!
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