samedi 5 septembre 2015

Indécent et Incandescent, Colleen Hoover

Indécent : Pour surmonter le brusque décès de son père, Layken, âgée de 18 ans, part s'installer avec sa mère et son frère dans le Michigan. Sa famille la considère comme un roc, mais en son for intérieur, elle est désespérée. Bientôt, une rencontre va tout changer : celle de Will, son voisin passionné de poésie, un être lumineux, patient et protecteur, qui partage beaucoup d'intérêts communs avec Lake, peut-être même trop... Après un premier rendez-vous exceptionnel, le quotidien reprend ses droits et amène avec lui un obstacle infranchissable. Les circonstances auront-elles raison de leur attirance hors du commun ?

Incandescent : Après le départ de la mère de Layken, elle et Will continuent leurs études tout en veillant sur leurs frères, ce qui ne leur laisse pas beaucoup de temps pour leur vie de couple. De plus, une trahison dans le passé de Will se profile.

Claquer... Voilà l'une des significations que l'on donne au mot « slam ». Cela viendrait de « To slam (a door) ». Faire claquer les mots, faire claquer son message. Ecrire un texte qui ait un sens, un vrai. Un texte qui soit un cri, celui des entrailles, celui du cœur. Un texte qui parle de soi et qu'ensuite, on va dire. Pas chanter, mais dire, en l'énonçant pour donner de la force aux phrases, aux mots, aux émotions.

Les mots me fascinent. Le slam me fascine. Je m'y suis toujours beaucoup intéressée. J'y vois une sorte de renouveau à la poésie, un genre dans lequel les barrières tombent. Pas besoin d'être un génie pour faire parler son cœur. Pas besoin d'être cultivé. Pas besoin de vivre dans un quartier chic ou au contraire dans une banlieue. Le slam aime la différence, quelle qu'elle soit. Nous sommes tous différents. Tous. Le slam est porteur d'émotions, de vérités. Nos émotions, nos vérités.

Logique donc que je me sois ruée sur Indecent et Incandescent de Collen Hoover. Logique aussi que j'en attende beaucoup. J'aime cette auteure dont les écrits "claquent". Hoppeless et Maybe someday, sont des textes forts. 

Premier constat, c'est inégal et c'est dommage. Le récit ne "claque" pas, il n'a pas la force d'un bon slam. Je le regrette beaucoup.

Indécent.
C'est indéniablement le volume que j'ai préféré. Lake et Will sont très touchants. Lui a grandi trop vite avec un destin qui lui a joué de bien mauvais tours. Adulte avant l'heure, il essaye de garder un semblant d'insouciance, même si celle-ci cadre difficilement avec ses responsabilités. Le slam est pour lui un exutoire, un moyen de garder la tête hors de l'eau, un moyen de dire ce qu'il doit taire. Le slam lui permet d'exister, d'être lui. 
Sa rencontre avec Lake va tout bouleverser. Le cœur n'a que faire des responsabilités. L'armure de Will se fissure, son être oscille. L'équilibre qu'il a instauré avec peine bascule. Il va devoir faire des choix, se comporter encore plus en adulte. Les doutes, les peurs ressurgissent devant cette jeune femme qui emporte tout sur son passage. 
La vie n'a pas décidé d'épargner Lake non plus, la tragédie frappe une nouvelle fois les siens. Elle va devoir prendre, elle aussi, des décisions normalement réservées aux adultes. La vie est ainsi faite, elle est faite de choix, de décisions.

Le récit de Collen Hoover s'engage sur des sentiers connus, celui d'une relation entre un prof et son élève. Mais elle réussit à apporter une touche d'originalité : le drame, le poids de la vie qui fait plier l'échine. Les personnages sont très attachants, Lake, Will, les petits frères, Julia sont porteurs d'émotions mais ce sont des émotions sur lesquelles l'auteure passe trop vite. Leur impact n'a pas la résonance attendue, la porte ne claque pas vraiment, elle se referme, lentement, sans bruit.


Incandescent. Même si Indécent n'avait pas été un roman qui m'avait transpercé le cœur, j'avais aimé les personnages, donc les retrouver m'était une idée agréable. Mais je suis déçue. Les défauts du 1 sont exacerbés dans le 2. Ce que vivent Lake et Will est dramatique. Elever seuls de jeunes enfants, faire face au poids du quotidien n'est pas une tâche aisée. Et pourtant, le récit manque de cette tension dramatique qui aurait alimenté les mots. L'auteure introduit des évènements pour créer cette tension, mais ils étaient inutiles à mes yeux. L'histoire en elle-même n'en avait pas besoin. Ces mêmes évènements sont traités avec la même légèreté que le reste. La remise en question reste en surface, tout n'est que surface. Le slam n'est plus un fil conducteur, il perd de son sens. Il n'est là que parce Will était un slameur dans le volume 1. C'était pourtant un vivier d'émotions brutes, d'autant plus que certaines idées sont vraiment fortes. Le harcèlement à l'école aurait mérité d'être mieux exploité, la perte, le passage à l'âge adulte aussi. J'aurais aimé recevoir une claque émotionnelle, frémir, être habitée par les mots, mais ils m'ont glissé dessus. Malheureusement.


Plutôt que mille discours sur le slam, une petite vidéo de Grand Corps Malade pour illustrer. 



En en compagnie de Richard Bohringer (Grand Corps Malade a également fait slamer Charles Aznavour).


Et pour ceux que le sujet intéresse, un entretien sur l'utilité du slam en milieu scolaire.

https://slamvs.files.wordpress.com/2010/03/cahiers_pedago_slam.pdf

22 commentaires:

  1. Parce que j'aime bien Grand Corps Malade, je note ;) !

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    1. Toi aussi tu aimes Grand Corps Malade! Aurais-tu bon goût?!
      Plus sérieusement, tu risques d'être "déçue" si tu attends beaucoup de slam dans ces romans. C'est mon principal regret...

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    2. Arf effectivement dommage pour le slam.... OSERAIS-tu suggérer que je n'ai pas de goûts ?!

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    3. MOIIII?? Pas du tout... Jamais je n'oserais... Non, jamais.... (enfin, juste pour Colin...) :)

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    4. Tu as tout faut Le chat et moi, on a très bon goûts. Même si je n'écoute pas tout, j'aime bien Grands corps malade également. Il va falloir revoir ton jugement Céline :P

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    5. Mais vous vous rattrapez les filles, vous vous rattrapez! Aimer Grand Corps Malade est un bon point pour vous, vraiment! Il m'en ferait presque oublier les cookies!

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  2. Un jour il faudrait que je tente j'en avais entendu beaucoup de bien mais c'est dommage que ça n'ait pas donné l'effet que tu attendais...

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    1. Je l'ai vraiment trouvé en dessous de Maybe Someday. C'est dommage.

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  3. J'aime bien cette auteure alors je les lirai ^^

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    1. C'est ceux que j'ai le moins aimés de l'auteure pour le moment, mais la plupart des critiques sont excellentes!

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  4. J'ai adoré Maybe Someday même si ce n'était pas un coup de cœur, il ne me tarde de découvrir les autres romans de Colleen Hoover!

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    1. J'ai beaucoup aimé Maybe Someday. En général, j'apprécie ce que fait l'auteur. Si tu as l'occasion, lis Hopeless, qui est très fort en émotions.

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  5. J'ai adoré le premier tome, il faut que je lise le suivant maintenant ^^.

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  6. J'aime énormément cette vidéo de Grand Corps Malade ! Rien que pour elle, un immense merci :)
    Je rajoute à ma liste d'auteurs à découvrir Colleen Hoover ;-)

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    1. J'adore Grand Corps Malade. Ses textes me parlent énormément, son implication aussi. C'est un sacré bonhomme!

      J'espère que tu aimeras Colleen Hoover!

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  7. Ah dommage que tu aies été un peu déçue, en tout cas je me dois de découvrir la plume de cette dame :3

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    1. Oui, c'est sûr! Les critiques sur ces deux romans sont très bonnes malgré tout!

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  8. Une petite déception pour des raisons identiques aux tiennes. Dommage mais heureusement qu'il s'agit là d'une exception (du moins pour tous les livres que j'ai lu de CH).

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    1. Oui, pour moi aussi il s'agit d'une exception pour le moment!

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