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octobre 1908 : Adolf Hitler recalé. Que se serait-il passé si
l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que
serait-il arrivé si, cette minute-là, le jury avait accepté et non
refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artiste ?
Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune,
timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le
cours du monde...
Alors
qu'une nouvelle tragédie vient de s'abattre sur Paris, rallongeant
la liste des drames qui jalonnent l'Humanité, l'ouvrage "La part de l'autre" revêt des aspects obsédants. Qu'est-ce qui se serait passé
si... Est-ce qu'un détail, un léger détail aurait pu tout
changer ?
Voilà
le point de départ de la réflexion d'Eric-Emmanuel Schmitt :
si Adolf avait été reçu aux Beaux-arts de Vienne, évitant ainsi
les rebuffades et l’humiliation, les choses auraient-elles été
différentes ?
Roman ?
Biographie ? Essai philosophique sous couvert de la fiction ?
Qu'il est difficile de faire entrer cet ouvrage dans une case... Mais
quel bonheur d'échapper à ces fameuses cases! "La part de l'autre" est un récit déstabilisant, criant de vérité, qui conduit,
au-delà du récit de ces Hitler qui évoluent en parallèle, à une
véritable réflexion instrospective sur ce que nous sommes, sur notre essence, sur cette part d'ombre que nous portons tous en nous.
Bon, méchant. Gentil, cruel. Généreux, égoïste. Désintéressé, égocentrique. Doué, humilié... Les chapitres concernant cet Adolph H. au talent reconnu,
alternent avec l'Hitler que nous connaissons, pour plonger dans la
psyché de ce personnage honni de l'Histoire. Tantôt émouvant,
tantôt pathétique, parfois drôle, le récit flirte avec la vérité
historique pour nous amener vers notre propre vérité.
L'Histoire
a crée ses monstres, mais qu'en est-il de notre propre part
d'ombre ?
Même
si l'on s'en défend, nous hébergeons tous en nous cet être de noirceur
tapi, assoupi, qui n'attend qu'un déclencheur pour s'éveiller,
s'étirer et peut-être, absorber cette lumière qui nous guide. Et
tout aurait pu être différent, tout peut être différent.
Dans
le cas d'Hitler, ma grand-mère n'aurait pas connu l'humiliation
réservée aux femmes qui ont aimé un allemand, elle l'aurait
rencontré lors de vacances entre amis dans le centre de la France,
ils se seraient aimés, lui l'aviateur, elle la jeune femme qui se
sacrifiait pour son père. Mon père aurait été le fruit de
l'amour, le vrai, et non celui de la honte qui a suivi ses pas jusque
dans sa tombe.
L'Humanité n'aurait pas subi l'un de ses génocides les plus
atroces, on n'aurait pas eu de choix à faire, de camp à choisir, on aurait pas eu à survivre, le quotidien aurait été suffisant. On n'aurait pas appris à pleurer nos morts, à tenter de soigner le traumatisme de notre
âme. Je ne suis pas naïve, la vie n'aurait pas été un océan de bonheur, mais on n'aurait pas connu cette horreur qui fait encore verser des larmes de peine mais aussi de haine.
Si
j'avais rédigé cette chronique hier, j'aurais mis en avant la
virtuosité de la plume d'Eric-Emmanuel Schmitt tout en déplorant
quelques longueurs. J'aurais dit que j'avais apprécié cette lecture, qu'elle m'avait parfois arraché des sourires, et que j'avais trouvé Adolf Hitler pathétique parfois, que c'était même amusant finalement de se moquer de lui.
Aujourd'hui,
je frisonne devant la pertinence de cette réflexion. Comme
d'habitude, les mots d'Eric-Emmanuel Schmitt sont justes et s'imbriquent parfaitement dans la
dualité qui nous définit.
La part de l'autre est en chacun d'entre nous... Cet autre, lové dans un
petit coin de notre être, qui peut tout faire basculer...
Terrible n'est-ce pas tout ce q'uil est possible qu'il se passe. Je n'ai pas lu celui ci mais j'en ai entendu beaucoup parler.
RépondreSupprimerC'est un roman qui pousse vraiment à la réflexion. Il faut tellement peu de choses pour tout faire basculer... ou tout changer...
SupprimerUn livre qui m'a l'air très percutant... J'essaierais de le lire.
RépondreSupprimerCertains passages sont un peu longuets, mais au final, c'est une lecture qui reste gravée.
SupprimerQuel roman troublant. Tu en fais un billet absolument magnifique, humain et sensible, que j'ai adoré.
RépondreSupprimerTon introduction est juste parfaite. Je suis très ébranlée par ce qui se passe dans ton pays en ce moment...
"un récit déstabilisant, criant de vérité" - à l'image d'une société en pleine crise.
5 dodos avant de LE rencontrer... ;-)
Bonne semaine à toi
Je pense fort à toi pour la rencontre !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce livre ! :)
RépondreSupprimerJe comprends!
SupprimerLu il y a quelques temps déjà, ce roman ne laisse pas indifférent, je me souviens avoir eu beaucoup de mal à le chroniquer d'ailleurs. Mai Schmitt s'en sort vraiment bien et ma foi cette lecture est prenante!
RépondreSupprimerOui, c'est vrai qu'il ne laisse pas indifférent! C'est un roman un peu déstabilisant même...
SupprimerC'est un roman qui m'attire et qui me repousse en même temps. Cependant, j'espère découvrir la plume de l'auteur un de ces quatre. Surtout que j'ai un de ces livres dans ma PAL. Bisous ^^
RépondreSupprimerLogique qu'il t'attire et te repousse en même temps. Je crois d'ailleurs que c'est un peu l'objectif, avoir le contrepoint de l'horreur.
SupprimerJ'ai ce roman dans ma PàL, j'espère que je vais l’apprécier :)
RépondreSupprimerJ'espère aussi!
SupprimerCe roman restera gravé dans ma mémoire ! Il y en a quelques-uns comme ça, et il en fait parti ^^ Ta chronique est superbe Céline, pleine de vérités et d'émotions, merci :)
RépondreSupprimerJe comprends qu'il soit gravé dans ta mémoire!
SupprimerJ'aime beaucoup cet auteur, et cet ouvrage m'a vraiment fait réfléchir! :)
RépondreSupprimerOui, c'est vraiment un ouvrage très efficace je trouve, qui pose des questions parfois dérangeantes parfois...
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