Un patient anonyme d''une
institution pour malades mentaux est recruté par le commissaire Flores afin
d'enquêter sur la disparition de jeunes filles pensionnaires d''un internat
religieux.
Lorsqu’on demande quels sont les éléments constitutifs
d’un roman policier, le même type de réponses revient toujours, et c’est
finalement complètement normal. Un crime ou un délit, une enquête liée à un mystère
profond, un enquêteur –détective privé, policier, journaliste ou toute personne
chargée de faire régner l’ordre ou qui se sent investie d’une mission morale, héros
ou antihéros-, et un ou des criminel(s) qui a/ ont basculé du côté des forces
obscures.
On a là le schéma « classique » du roman policier, qui
laisse, disons-le franchement, la porte ouverte à bon nombre de variantes.
Malgré tout, on dit en Espagne d’Eduardo
Mendoza qu’il a réinventé le genre, en reprenant ces codes pour se les
approprier et créer une œuvre inclassable.
Véritable roman noir ou habile parodie ?
Picaresque moderne (avec le antihéros par excellence, un personnage issu des
couches les plus basses de la société et dont la morale est souvent discutable) ?
Sans rentrer dans ce débat, c’est à mes yeux une petite pépite …
Prenons le héros tout d’abord. Anonyme
dont le véritable nom ne sera jamais révélé, il souffre d’une défaillance
mentale (et non pas d'une déficience, sa folie est toute relative !) qui lui donne une perception / interprétation fantaisiste(s)
de la réalité. Il se fait « engager » par des puissants de Barcelone à
cause de sa connaissance des bas-fonds de la ville pour résoudre cette
enquête. S’il réussit, on lui promet la liberté (autrement dit, bye bye asile et bonjour ce qu'il imagine être une vie de rêve!).
S’il échoue, tant pis, ce ne sera qu’un inconnu qui, mué par ses « légers »
problèmes psychologiques, se sera mêlé de quelque chose qui ne le regardait
pas. Un dommage collatéral excellent en fait...
Voici le point de départ d’une enquête
noire, très noire, qui scrute à la loupe les différents milieux de Barcelone
(du commissaire à l’homme politique en passant par les religieuses), pour nous
livrer, dans un second degré acide, une véritable critique de la société de l’après-dictature franquiste.
Au-delà de cet portrait amer, la grande réussite de ce roman est, à mes yeux, la
narration. Eduardo Mendoza aurait pu se contenter de nous livrer un formidable roman noir, le contexte s'y prêtait. Mais il ne s'est pas arrêté à cela.
La narration à la première personne, sorte de mémoires d'un héros
pas comme les autres, nous fait pénétrer dans les méandres de différents milieux avec
les yeux du protagoniste, nous fait interpréter les choses à sa façon, dans le
langage raffiné de celui qui veut être pris au sérieux et qui est convaincu d’être
ce que nous savons qu’il n’est pas. Sa perception, souvent surprenante des
choses est biaisée, et à plus d’une reprise un sourire s'est franchement dessiné sur mes lèvres…
Sans parler du burlesque de certaines situations (fou oblige), et de la noirceur de certains
personnages qui m’a conduite à me demander si en définitive, il ne valait
pas mieux avoir la folie du héros.
Je me répète, une pépite…. Suivie de 3
autres aventures que j’ai dévorées tout aussi vite…
oh je ne connaissais pas du tout, mais un pépite? la tu m'intrigues, il va falloir que je regarde de plus prés ses premiers romans.
RépondreSupprimerSi je ne me trompe pas, ce doit être son 2è roman. Il a été publié en 1979. La France est un peu passé à côté, c'est dommage...Mais il continue d'être traduit, ce qui est un très bon signe!
SupprimerJe ne connaissais pas du tout, moi non plus ! Mais ton avis me pousse à réparer cela très vite : je file voir ça de plus près, et je l'intègre de ce pas à ma wish :) Merci pour la découverte <3
RépondreSupprimerC'est un roman policier très atypique, mais j'ai adoré!!!
SupprimerArf... si c'est noir, très noir, c'est pas pour moi ! :P
RépondreSupprimerPar contre, la réflexion que je me faisais c'est que si j'avais été adepte de thrillers/polars, j'aurai pas été attirée du tout par la couverture... xD
La couverture de la version française est une aberration... C'est noir, mais pas gore du tout. C'est tout en finesse, et le protagoniste est inoubliable!
SupprimerJe ne connaissais pas du tout, mais tu me tente énormément :) !
RépondreSupprimerLes auteurs espagnols passent souvent inaperçus en France, et c'est dommage. On a des champions du roman policier: Mendoza, Vazquez Montalban (roman noir)... C'est un auteur à découvrir!
RépondreSupprimerJe connais l'auteur de nom mais là, tu me donnes vraiment envie d'aller y regarder de plus près. Merci.
RépondreSupprimerMendoza trône régulièrement sur les présentoirs des librairies. Son œuvre est variée, c'est un auteur talentueux qui peut se permettre de toucher à plusieurs genres. Par exemple, il n'écrit pas du roman policier, il se sert du policier pour autre chose (ici, portrait et décadence de la Barcelone post-franquiste).
SupprimerN'hésite pas, c'est une lecture vraiment très agréable!
Et merci pour ton passage!!
Tu as aiguisé ma curiosité... Je l'ajoute à ma liste !
RépondreSupprimerMerci pour cette belle chronique !
Tu devrais davantage apprécier ta lecture que Batailles de Chats. Ça n'a rien à voir du tout...
SupprimerMerci de ton passage!