Histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sepúlveda

Zorbas le chat grand noir et gros a promis à la mouette qui est venue mourir sur son balcon de couver son dernier œuf, de protéger le poussin et de lui apprendre à voler. Tous les chats du port de Hambourg vont se mobiliser pour l'aider à tenir ces promesses insolites. 

Hier soir, j’avais envie de retourner en enfance, d’une lecture pleine de bons sentiments –pas forcément amoureux -, combinés à de la vraie littérature… Bref, c’était un jour ardu pour moi, qui mêlait exigence de qualité littéraire, et bouée de sauvetage, et ça, c’est on ne peut plus difficile à trouver, et dans ces cas-là, je ne veux surtout pas me tromper. 

Si Jane Austen est ma béquille pour mes pulsions de littérature sentimentale, Luis Sepúlveda l’est pour mes ardeurs livresques exigeantes, et  plus particulièrement, cette belle histoire du chat et de la mouette, que tout aurait dû opposer, mais qui vont s’allier pour défier l’impossible… Pour tout vous dire, je ne sais pas combien de fois je l’ai lue.

Mais cette belle histoire, teintée de cette fantaisie toute latino-américaine, n’est pas qu’un joli conte pour enfants, c’est avant tout un conte pour adultes, qui porte, à travers les yeux des protagonistes -qu’ils soient à poils ou à plumes-, un regard assez critique sur la société qui nous entoure : la pollution, les relations humaines, la discrimination, voilà autant de thèmes qui sont subtilement abordés dans ce petit livre…

Et c’est une formidable leçon de vie que la plume imbibée de poésie de Sepúlveda nous livre, une belle leçon de solidarité, de tendresse aussi, ô combien apaisante en ces temps tourmentés, parce que, comme nous le disent ces mouettes :

« Comme c’est difficile pour les hommes. Nous, les mouettes, nous crions de la même manière dans le monde entier, cria un jour Kengah à l’une de ses compagnes de vol.

- C’est comme ça. Et le plus étonnant c’est que parfois ils arrivent à se comprendre, répondit sa compagne. »

Et hier soir, d’une certaine façon, comme à chaque fois que je le ressors, les larmes au coin des yeux, j’ai appris à voler…