mercredi 15 octobre 2014

Balade pour un père oublié, Jean Teulé

Un jeune " clappeur " – celui qui, dans les émissions de télévision, invite le public à rire, applaudir ou se lever – est soudain pris d'un gros coup de blues. Il estime que sa vie n'a plus de sens et qu'il doit aller vérifier ce que pensent de lui toutes les femmes qui ont compté dans sa vie. Le drame est que ces femmes ne se souviennent pas de lui. La star qui lui a souri si gentiment à l'entrée du studio le fait expulser par ses gardes du corps dès qu'il veut lui adresser la parole ; la voisine qu'il a gentiment aidée la semaine précédente menace d'appeler la police s'il continue à l'importuner ; la prostituée avec qui il a passé un si délicieux moment trois ans plus tôt à Amsterdam prétend ne l'avoir jamais vu de sa vie. Une dizaine de femmes vont ainsi lui faire subir les pires avanies...

Une erreur est à l'origine de ma plongée dans ce roman, mais une erreur que je ne regrette pas. Je ne sais pas pourquoi, il y a quelques mois, en faisant mon marché dans la librairie de livres d'occasion que j'affectionne tant, alors que je cliquais sur le bouton « acheter », j'étais convaincue que ce roman évoquait la vie de J. Teulé. Le titre sans doute. Je n'avais même pas pris la peine de lire le résumé, savoir que c'était du J. Teulé me suffisait. Il y a quelques jours, en le prenant sur l'étagère, la question de lire le résumé ne m'a pas effleuré l'esprit. "A quoi bon? Il s'agissait bien sûr une autobiographie". mon cerveau a parfois des ratés...

Dès les premières pages mon erreur me saute aux yeux, ce n'est absolument pas autobiographique, et c'est tant mieux finalement. Je n'aime pas vraiment les autobiographies (paradoxe quand tu nous tiens, mais pourquoi choisir un ouvrage pour lequel on est convaincue que c'en est une ? Les mystères d'une vie livresque...)

Alors je m'immerge à pieds joints dans l'univers décalé de l'auteur, et retrouve les premières touches (ce roman a été publié en 1995) de ce que j'aime tant chez lui. Un réel talent pour les portraits (ces dix femmes sont vraiment très touchantes, tout comme William, ce héros un peu fou à la candeur toute enfantine), un humour décalé où le burlesque côtoie le réel, des scènettes que l'on croirait tirées du théâtre de Guignol mais qui s'enchaînent parfaitement dans cette quête éperdue de la femme qui se souviendra de son vrai nom. Peur de l'oubli quand tu nous tiens.

Comme d'habitude, avec Jean Teulé, j'ai savouré chaque mot, j'ai aimé ce William que d'autres auraient rendu détestable, et j'ai même ressenti de la compassion pour lui. Parce qu'après tout, on a tous peur de l'oubli...

10 commentaires:

  1. Effectivement, tu es plutôt paradoxale! Prendre un livre en pensant que c'est une biographie et penser que finalement tu n'aimes pas trop ce genre... Tu m'as fait sourire!
    Le principal est que finalement tu ne soies pas déçue!

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    1. Exactement!!! Je suis très paradoxale parfois dans le choix de mes lectures... On ne se refait pas! lol

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  2. J'aime bien cet auteur, il va falloir que je continue à le découvrir. Merci pour cette chronique, je n'avais jamais entendu parlé de ce livre.
    Bonne soirée !

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    1. C'est un ouvrage plutôt "ancien", mais on y retrouve vraiment les graines de ce qu'il est maintenant.

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  3. Contente que tu ais été surprise par le contenu au final ! Je ne connaissais pas mais au final c'est peut etre mieux que l'autobiographie.

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  4. Je n'ai jamais lu cet auteur mais j'ai en ai beaucoup entendu parler, du coup, pourquoi pas à l'occasion ;)

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  5. Malgré les paradoxes, une lecture que tu as aimée et c'est tant mieux ! :)

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