Dans un orphelinat
situé au fin fond du Maine, Wilbur Larch, gynécologue excentrique, se livre à
une double mission : mettre au monde des enfants non désirés, et futurs
orphelins, «l'oeuvre de Dieu», interrompre illégalement des grossesses, «la
part du Diable». Mais entre lui et un orphelin réfractaire à quatre tentatives
d'adoption vont peu à peu se développer des sentiments qui ressemblent fort à
ceux d'un père et d'un fils.
Ce que j’aime
dans la littérature, c’est qu’elle a, en ce qui me concerne, le pouvoir de m’habiter
complètement, de me transporter, et de me faire errer comme une âme en peine
lorsque la dernière page est tournée et qu'elle m'a entraînée dans son périple. Je n'ai pas de genre particulier, ne compte que la force d’une
histoire. Cela va de Beatufil disaster,
au Laitier de nuit, en passant
par le Cœur Cousu.
Et il y a
maintenant L’œuvre de Dieu, la part du
Diable.
Je n’avais lu de John Irving que Le Monde de Garp dont je garde un souvenir ému, et j’avais
envie de lire autre chose de lui. J’ai commandé d’occasion plusieurs de ses romans,
et parmi eux, celui-ci.
La
thématique est difficile- la naissance pour l’abandon, l’avortement, la moral
dans les années 30-50- mais John Irving l’aborde avec la sensibilité qui lui
est propre. Nul jugement dans ce qu’il l’écrit,
à l’image de Wilbur Larch qui dirige l’orphelinat et œuvre aussi bien pour Dieu
que pour le Diable, mais beaucoup d’amour… L’amour qu’il porte à ses personnages
est palpable, et sous le talent de sa plume, je les ai aimés moi aussi.
Parce que même
si cette histoire parle d’abandons, d’avortements, de silences, c’est avant
tout une ode à la famille, à celle que l’on se construit au fil du temps et pas
celle qui partage votre sang, à celle qui vous aime, et qui est prête à tous
les sacrifices pour vous.
John Irving s’attarde
sur le destin de personnages très attachants, Wilbur et son orphelinat, Homer,
orphelin qui ne voudra pas être adopté parce que l’orphelinat est sa famille,
Edna et Angela, les infirmières, seule source d’amour pour ces enfants, Melony,
jeune femme brutale, perdue mais ô combien émouvante…
Il nous
dépeint une fresque émouvante, un récit initiatique où nos choix nous construisent
mais nous détruisent aussi, où l’on se perd, et où l’on se retrouve…
Véritable
comédie dramatique (certaines scènes sont à mourir de rire), j’ai ri, j’ai
pleuré, j’ai vécu en lisant ce roman. Et
maintenant, j’ai encore du mal à respirer…