Temple n’a aucun souvenir du monde avant la chute.
Du monde avant les zombies, avant les camps de survivants, avant les
plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts.
Temple a quinze ans, mais le temps de l’innocence est depuis longtemps
révolu. Seule face à la nature, à ses miracles et à sa sauvagerie, elle
est pourtant décidée à profiter de ce que la vie peut encore lui offrir,
et à découvrir ce que dissimule l’horizon.
Et derrière cette adolescente au cœur simple et dur, habitée par le
désir d’être juste, se profile l’ombre de l’homme qui a juré de la tuer.
Quand arrive la fin de saison d’une
série que j’aime, je cherche souvent à poursuivre ces moments passés avec les
personnages à travers des livres s’inscrivant dans le même genre. Ça a été le
cas par exemple avec « Downtown Abbey » par exemple, où je me suis
empressée de lire Snob
du créateur de la série Julian Fellowes, ou « The Walking Dead » avec
Les Faucheurs sont les Anges, entre
autres. Ces deux séries que j’ai citées sont d’ailleurs aux antipodes l’une de
l’autre (l’une est une série très British, qui met en scène le quotidien d’une
famille aisée au début du 20è siècle, et l’autre est une série
post-apocalyptique, les zombies ont envahi le monde, et une poignée d’hommes
cherche à survivre et à trouver une place dans ce nouvel univers), mais
qu’importe… Tout est une question d’univers, d’émotions et de moments…
Bien souvent, je suis déçue de ce
que je lis. Paradoxalement, je ne cherche pas à retrouver les personnages. Je
recherche une atmosphère, une ambiance qui m’a touchée et c’est finalement le
plus difficile à retrouver.
En ce qui concerne « TWD »,
je me suis naturellement tournée vers La
Route de Cormac Mc Carty. Inutile de vous dire que j’avais mis la barre très haut,
c’est UNE des références du genre, et il n’y a pas à dire, ce roman court est
efficace, et d’une écriture aussi incroyable. Enthousiasmée par cette première
rencontre, j’ai continué avec The Walkind Dead, L’Ascension du gouverneur,
(le livre, et non la BD dont est adaptée la série, BD qui est d’ailleurs
excellente). Las, bien mal m’en a pris… Normalement, je ne lis jamais d’ouvrages
tirés d’un film ou d’une série, j’aurais dû respecter ce principe. Une déception
pour moi que cet ouvrage nous racontant comment le gouverneur est devenu qui il
est. Je n’ai même pas lu le tome 2. Malgré tout, je suppose que les fans du
genre post-apo apprécieront, mais voilà, moi, je ne suis pas une vraie fan du
genre…
Après cette saveur amère dans la
bouche, j’ai surfé sur d’autres lectures, d’autres genres… Et puis, j’ai vu Les Faucheurs sont des Anges en librairie.
L’ouvrage est joli, le titre accrocheur, la couverture affiche des critiques dithyrambiques
(peut-être même un peu trop), allez hop, il repart avec moi.
C’est le dernier roman post-apo
que j’ai lu, et sans être à la hauteur de La
Route, j’ai passé un agréable moment.
Il y a 25 ans, le monde a été
englouti par des hordes de zombies, les limaces comme les appelle Temple. Depuis
lors, l’humanité survit tant bien que mal, et mène une quête à la recherche de
nouveaux repères. Temple qui n’a que 15 ans, n’a connu que ce monde dans lequel
elle évolue, ne connait « l’avant » que
par les dires des gens. Cet "avant" est un peu pour elle comme ces histoires, ces
légendes que l’on raconte le soir pour s’endormir. Ce sont des rumeurs destinées
à croire en un futur meilleur, une ode à la grandeur de l’humanité que l’on
espère retrouver. Seulement voilà, l’humanité telle qu’on l’a connue n’est plus,
et il faut reconsidérer l’ordre des choses.
Alden Bell, comme la plupart des romans du genre, nous livre
un road-movie à travers l’Amérique. Le mouvement est la clé de la survie.
Temple n’est pas ce qu’on
pourrait appeler une héroïne attachante, cette gamine de 15 ans est aussi
dénuée d’humanité que le monde dans lequel elle évolue, mais cela ne m’a pas
dérangée, au contraire. L’auteur, au-delà de la description de ce monde
post-apo, et de l’hémoglobine qui va avec, s’est attardé sur les interrogations
suscitées par ce nouveau monde en construction, son absence de repères, sa
quête de repères, et Temple, ainsi que les rencontres qui vont ponctuer son
road-movie, ne sont que des éléments de ce monde qui se cherche et se
construit. La religion est très présente par exemple, un peu trop à mon goût,
mais je peux en comprendre la raison.
Certains ont reproché des
raccourcis trop simples pour un ouvrage du type « survie » (exemple,
elle met peu de temps à trouver une voiture, qui évidemment a de l’essence dans
le réservoir, alors que les zombies sont là depuis plus de 25 ans…). Certes, je comprends
que cela puisse déranger, mais encore une fois, la survie n’étant pas ce que je
recherche d’abord dans ce type de romans, je n’y ai pas prêté attention.
L’écriture a également été
pointée du doigt. L’absence de guillemets et de tirets pour les dialogues, le
présent omniprésent, les phrases courtes, tout ceci semble avoir déstabilisé
certains lecteurs. Je comprends également, mais pour moi, ils font partie de
cet univers que reconstruit Alden Bell. Il n’y a plus de normes, tout n’est que
mouvement. L’écriture est à l’image de ce monde en déconstruction/
reconstruction, et je l’ai trouvée très efficace.
Sans être à la hauteur de La
Route, Les Faucheurs sont les Anges est un roman agréable à lire, je ne sais
pas s’il marquera le genre, peut-être pas, mais ce fut un bon moment de
lecture, et c’est l’essentiel.