mardi 30 juillet 2013

Tom haut comme trois pommes, (Carole Martinez)



Tom est un garçon un peu différent. Il y a en lui quelque chose qui vient des contes : une couleur dans les yeux et une idée fixe de personnage. Il cherche une quête pour devenir un héros. Une étrange bibliothécaire, gardienne d'un monde merveilleux, va lui confier un très vieux livre de conte qu'on doit lire avec précaution et refermer à clef après usage, sinon...

Après le Cirque des Rêves, il me fallait une lecture facile, mais je n’avais pas envie de littérature sentimentale ou de Fantasy. J’avais envie d’une belle écriture.

Comme beaucoup de lecteurs, lorsque j’aime un écrivain, j’ai tendance à rechercher ce qu’il a écrit, et dans la plupart des cas à acheter toute sa production. C’est le cas pour J. Teulé, M. Malzieu, T. Benacquista, et bien d’autres encore. 

Le problème avec Carole Martinez, c’est qu’elle a peu publié. Il y a évidemment le Cœur Cousu, Du Domaine des Murmures (l’histoire m’a moins émue, mais sa plume est toujours magique), L’œil du Témoin (en collection jeunesse, pas encore lu, mais ma curiosité me poussera à l’acheter), et puis il y a Tom haut comme trois pommes, petit livre joliment illustré.

L’ouvrage est très court, -très bien, tout à fait ce qu’il me fallait-, et dès la première page on nous prévient : il ne s’agit pas d’un roman ou d’une nouvelle, mais d’un conte. Cela pique ma curiosité, j’ouvre ce petit livre.

J’entre dans l’univers de Tom, Louise sa maman, Momo le Roi de la Frite, Valentine la petite sœur de la Belle au Bois dormant, Poilofaisse la grand-mère de Tom…

1h de plaisir avec ce petit livre très bien construit où un narrateur différent habite chaque chapitre, et dont la plume agile nous emmène, comme à son habitude, à un rythme effréné. S'en dégage une certaine candeur face au monde qui fait beaucoup de bien. Une transition idéale vers d'autres lectures.

samedi 27 juillet 2013

Le Cirque des Rêves (Erin Morgenstern)


"Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors qu'hier il ne l'était pas." Sous les chapiteaux rayés de noir et de blanc, c'est une expérience unique, une fête pour les sens où chaque visiteur peut se perdre avec délice dans un dédale de nuages, flâner dans un luxuriant jardin de glace, s'émerveiller de la souplesse de la contorsionniste au tatouage et se laisser enivrer par les effluves de caramel et de cannelle qui flottent dans l'air.

Bienvenue au Cirque des Rêves.

Que la grille protégeant la porte du chapiteau du Cirque des Rêves m’a semblé lourde au début…Comme j’ai eu du mal à entrer sur la piste… Pendant une centaine de pages, j’ai lutté, tenté de soulever ce poids, sans comprendre pourquoi je n’arrivais pas à accéder au cœur de l’histoire. 

Tous les ingrédients semblaient pourtant là pour que la magie opère : une édition superbe, -la couverture est très réussie, la tranche rougie, les pages jaunies parfois encore attachées entre elles, mais qui cèdent facilement, tant et si bien que j’avais l’impression d’avoir entre les main un petit bijou venant d’une autre époque-, une galerie de personnages variée et détaillée, une écriture très travaillée, ronde des arabesques que l'on imagine chez la contorsionniste ou chez l'illusionniste, l’insertion de chapitres sur le cirque qui s’adressent directement au lecteur…

Mais rien… Je luttais avec les pages. La grille résistait, refusant de me laisser entrer.

Et puis, j’ai compris.

Influencée par le bandeau de la maison d’édition, je m’attendais à lire « une histoire d’amour magique », « un véritable Roméo et Juliette magique », et j’avais fermé mon esprit à tout autre chose.

Et je guettais cette histoire d’amour que l’on m’avait promise et qui tardait à venir…Et je me battais avec cette histoire non-linéaire, dans laquelle je me perdais, oubliant parfois de lire le paratexte de chaque début de chapitre, ces dates sans lesquelles cette histoire demeurait hermétique.

Heureusement, peut-être grâce aux milliers de bougies de l’arbre à vœux, la lumière se fit dans mon esprit : Celia et Marco ne sont pas les protagonistes de ce roman, c’est le Cirque, ils n’en sont que des éléments constituants, fondateurs en quelque sorte, mais c’est le Cirque des Rêves qui vibre et vit dans ce roman.

A partir de ce moment-là, il m’a laissée entrer, et j’ai goûté à sa magie. A vrai dire, au moment où j’écris ces lignes, je ne suis pas sure d’en être réellement sortie, la magie ayant opéré.

La seule chose que je peux reprocher à cet ouvrage est pourtant l’une de ses qualités : l’écriture. Si sa lenteur, sa langueur participent à la construction du cirque tout au long du défi de Celia et Marco, elle aurait gagné à être plus rythmée sur la fin, à s'accélérer pour faire écho aux évènements qui s’y produisent.

Malgré ce détail, il va me falloir choisir avec soin ma prochaine lecture, l’âme du Cirque des Rêves m’habite encore, je suis comme envoûtée.

vendredi 26 juillet 2013

Les Faucheurs sont les Anges (Alden Bell)



 Temple n’a aucun souvenir du monde avant la chute.
Du monde avant les zombies, avant les camps de survivants, avant les plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts.
Temple a quinze ans, mais le temps de l’innocence est depuis longtemps révolu. Seule face à la nature, à ses miracles et à sa sauvagerie, elle est pourtant décidée à profiter de ce que la vie peut encore lui offrir, et à découvrir ce que dissimule l’horizon.
Et derrière cette adolescente au cœur simple et dur, habitée par le désir d’être juste, se profile l’ombre de l’homme qui a juré de la tuer.
 
Quand arrive la fin de saison d’une série que j’aime, je cherche souvent à poursuivre ces moments passés avec les personnages à travers des livres s’inscrivant dans le même genre. Ça a été le cas par exemple avec « Downtown Abbey » par exemple, où je me suis empressée de lire Snob  du créateur de la série Julian Fellowes, ou « The Walking Dead » avec Les Faucheurs sont les Anges, entre autres. Ces deux séries que j’ai citées sont d’ailleurs aux antipodes l’une de l’autre (l’une est une série très British, qui met en scène le quotidien d’une famille aisée au début du 20è siècle, et l’autre est une série post-apocalyptique, les zombies ont envahi le monde, et une poignée d’hommes cherche à survivre et à trouver une place dans ce nouvel univers), mais qu’importe… Tout est une question d’univers, d’émotions et de moments…

Bien souvent, je suis déçue de ce que je lis. Paradoxalement, je ne cherche pas à retrouver les personnages. Je recherche une atmosphère, une ambiance qui m’a touchée et c’est finalement le plus difficile à retrouver.

En ce qui concerne « TWD », je me suis naturellement tournée vers La Route de Cormac Mc Carty. Inutile de vous dire que j’avais mis la barre très haut, c’est UNE des références du genre, et il n’y a pas à dire, ce roman court est efficace, et d’une écriture aussi incroyable. Enthousiasmée par cette première rencontre, j’ai continué avec  The Walkind Dead, L’Ascension du gouverneur, (le livre, et non la BD dont est adaptée la série, BD qui est d’ailleurs excellente). Las, bien mal m’en a pris… Normalement, je ne lis jamais d’ouvrages tirés d’un film ou d’une série, j’aurais dû respecter ce principe. Une déception pour moi que cet ouvrage nous racontant comment le gouverneur est devenu qui il est. Je n’ai même pas lu le tome 2. Malgré tout, je suppose que les fans du genre post-apo apprécieront, mais voilà, moi, je ne suis pas une vraie fan du genre…

Après cette saveur amère dans la bouche, j’ai surfé sur d’autres lectures, d’autres genres… Et puis, j’ai vu Les Faucheurs sont des Anges en librairie. L’ouvrage est joli, le titre accrocheur, la couverture affiche des critiques dithyrambiques (peut-être même un peu trop), allez hop, il repart avec moi.

C’est le dernier roman post-apo que j’ai lu, et sans être à la hauteur de La Route, j’ai passé un agréable moment.

Il y a 25 ans, le monde a été englouti par des hordes de zombies, les limaces comme les appelle Temple. Depuis lors, l’humanité survit tant bien que mal, et mène une quête à la recherche de nouveaux repères. Temple qui n’a que 15 ans, n’a connu que ce monde dans lequel elle évolue,  ne connait « l’avant » que par les dires des gens. Cet "avant" est un peu pour elle comme ces histoires, ces légendes que l’on raconte le soir pour s’endormir. Ce sont des rumeurs destinées à croire en un futur meilleur, une ode à la grandeur de l’humanité que l’on espère retrouver. Seulement voilà, l’humanité telle qu’on l’a connue n’est plus, et il faut reconsidérer l’ordre des choses.

Alden Bell, comme la plupart des romans du genre, nous livre un road-movie à travers l’Amérique. Le mouvement est la clé de la survie.

Temple n’est pas ce qu’on pourrait appeler une héroïne attachante, cette gamine de 15 ans est aussi dénuée d’humanité que le monde dans lequel elle évolue, mais cela ne m’a pas dérangée, au contraire. L’auteur, au-delà de la description de ce monde post-apo, et de l’hémoglobine qui va avec, s’est attardé sur les interrogations suscitées par ce nouveau monde en construction, son absence de repères, sa quête de repères, et Temple, ainsi que les rencontres qui vont ponctuer son road-movie, ne sont que des éléments de ce monde qui se cherche et se construit. La religion est très présente par exemple, un peu trop à mon goût, mais je peux en comprendre la raison. 

Certains ont reproché des raccourcis trop simples pour un ouvrage du type « survie » (exemple, elle met peu de temps à trouver une voiture, qui évidemment a de l’essence dans le réservoir, alors que les zombies sont là depuis plus de 25 ans…). Certes, je comprends que cela puisse déranger, mais encore une fois, la survie n’étant pas ce que je recherche d’abord dans ce type de romans, je n’y ai pas prêté attention.

L’écriture a également été pointée du doigt. L’absence de guillemets et de tirets pour les dialogues, le présent omniprésent, les phrases courtes, tout ceci semble avoir déstabilisé certains lecteurs. Je comprends également, mais pour moi, ils font partie de cet univers que reconstruit Alden Bell. Il n’y a plus de normes, tout n’est que mouvement. L’écriture est à l’image de ce monde en déconstruction/ reconstruction, et je l’ai trouvée très efficace.  

Sans être à la hauteur de La Route, Les Faucheurs sont les Anges est un roman agréable à lire, je ne sais pas s’il marquera le genre, peut-être pas, mais ce fut un bon moment de lecture, et c’est l’essentiel.

dimanche 21 juillet 2013

La dame au chevalier ( Jackie Ivie)


La vengeance est un plat que certains aiment chaud. Morganna KilCreggar a juré de se venger du clan FitzHugh qui a détruit sa famille. Surpassant les exploits de tous les hommes de son clan, elle dissimule sa féminité sous un déguisement, et le maniement de l’épée n’a bientôt plus de secret pour elle. Quand Alexander FitzHugh fait d’elle son écuyer, il est à mille lieues d’imaginer ce que lui cache son serviteur. Pourtant, il se sent étrangement attiré par ce garçon. Soudain en proie à un désir importun, la ravissante vengeresse perd de vue son objectif…

Je ne peux pas vivre sans livres. Je crois que vous l’avez compris, sinon ce blog n’aurait pas de raisons d’être.

L’une de mes angoisses est d’ailleurs que ma pile-de-livres-à-lire (ma PAL donc) ne soit plus en mesure de me fournir ce dont j’ai besoin au moment où j’en ai besoin. Et comme, en plus, j’aime pouvoir choisir, et que, en ce qui me concerne, à chaque état d’esprit correspond un livre, je vous laisse imaginer la hauteur de ma PAL (il se produit d’ailleurs un phénomène fort étrange je trouve, je me demande si mes livres n’ont pas des relations interdites pendant la nuit, parce que je trouve qu’elle augmente à vue d’œil…et comme je pense que mes livres ont une âme, peut-être ont-ils une sexualité, qui sait ?).

Quand je suis très fatiguée, j’aime lire de la romance, surtout de la romance historique, et j’ai un faible pour celles qui se déroulent dans les Highlands, et qui mettent en scène de beaux et virils highlanders, et de belles jeunes femmes au caractère bien trempé. « Les livres de la honte » comme certains se plaisent à les appeler, ceux qu’on cache entre deux autres livres avant de passer à la caisse, auxquels les librairies consacrent une toute petite étagère tenue à l’écart, et dont le catalogue et les nouveautés sont rarement exposés. Ceux qu’on a stigmatisés « Harlequin » et auxquels les Editions Milady ont apporté un renouveau éditorial (on peut même en trouver maintenant dans les étagères de littérature contemporaine de certaines grandes librairies!)

Mais je m’égare… Je disais donc, j’aime la romance historique avec de beaux écossais, mais malheureusement, souvent, la trame manque d’originalité (vous me direz que ce n’est pas ce qu’on attend de ce type d’ouvrages, qu’on veut de l’amour, de la passion brute, et je vous répondrai que vous avez raison, mais que ces petits plaisirs sont encore plus efficaces si on n’a pas l’impression de relire une énième fois la même histoire).

Dans le cas de La Dame au Chevalier, (-les titres me valent toujours un grand moment de perplexité…Et c’est pourtant le titre original, mais pour ce type d’ouvrages, je reconnais que j’évite de regarder le titre, et la couverture, parce que si je le faisais, le livre resterait dans la librairie.-), pour une fois, l’histoire est originale. L’auteure s’inspire du mythe de la femme déguisée en homme pour accomplir son destin : venger son clan. Morganna devient donc, dès son plus jeune âge, Morgan jeune homme respecté parmi ceux qui délestent les cadavres de leurs objets précieux sur les champs de bataille (ce que ne fait pas Morgan, les héros de ce type de romance ne peuvent être qu’intègres). Son chemin croise celui de Zander FitzHugh, du clan rival, qui fera d’elle / de lui son écuyer.

Cet artifice (le mythe de la femme déguisée en homme pour arriver à ses fins) a été maintes fois utilisé, mais je dois reconnaître que Jaclie Ivy est allée plus loin que ce que à quoi je m’attendais. Je pensais que Zander allait très vite découvrir son identité et que s’en suivrait une folle passion entre les deux protagonistes. 

Que nenni. Notre Zander, bel homme et courageux guerrier est en fait un benêt, il ne se rend compte de rien et tombe amoureux de son écuyer Morgan, convaincu que c’est un homme. Hanté par les pires tourments (nous sommes au 14è siècle…en Ecosse, donc pas la société la plus tolérante qui soit),  il va même oser se déclarer et l’embrasser.  Pendant toute cette première partie, je ne cessais de me répéter : "Mais qu'il est bête ! Mais il le fait exprès ! Mais comment on peut être aussi bête!", prise au jeu de cette histoire, désirant qu’il découvre enfin son identité, -pour mettre fin à mes tourments à moi, désirant les voir enfin vivre leur passion-, tout en souhaitant que cette confusion dure tant cela menait à des situations inconfortables et jubilatoires.

Quand Zander FitzHugh, se rend compte que Morgan est en fait Morganna, il est évidemment au 7ème ciel, mais c’était sans compter le tempérament de la belle, qui n’a rien d’une héroïne habituelle. Evidemment elle est courageuse, mais surtout, c’est une guerrière. On est donc loin de l’image traditionnelle de l’écossaise, belle, mais faible, qui a besoin d’un homme pour la protéger. Il s’agit d’une guerrière, une vraie, qui a le physique de l’emploi et n’hésitera pas à mettre une raclée à notre benêt de Zander. C’est une femme qui, finalement, aurait pu accomplir son destin seule, mais sa rencontre avec Zander lui offre une vie après l'accomplissement de son destin, elle qui se croyait vouée à la mort. Il la sauve en lui redonnant une humanité.

Bref, un ouvrage qui vous donne votre dose d’amour, de passion, de tendresse (oui, oui, les highlanders savent être tendres), d’humour, et qui est suffisamment bien écrit pour que je le fasse remarquer…Une romance efficace, et que je relirai peut-être, et comme je ne relis jamais ce type de livre, cela veut tout dire.

jeudi 18 juillet 2013

Le Coeur Cousu, Carole Martinez


'Ecoutez, mes sœurs ! Ecoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Ecoutez... le bruit des mères ! Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes !' Frasquita Carasco a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu'elles faneront sous le regard jaloux des villageoises ; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre : le cœur de soie qu'elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement... Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels...


Une fois n’est pas coutume, je vais commencer cette chronique par les premières lignes du prologue :

« Mon nom est Soledad.
Je suis née dans le pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d’enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de se trouver un mur derrière lequel accoucher, qu’il m’est passé dans le sang.
Ma peau masque un long sablier impuissant à se tarir.
Nue sous le soleil peut-être verrait-on par transparence l’écoulement sableux qui me traverse.
LA TRAVERSEE
Il faudra bien que tout ce sable retourne un jour au désert. »

Après avoir lu ces quelques lignes, j’ai serré ce livre contre moi : le titre est beau, c’est une édition Gallimard (j’aime ces éditions que je trouve très élégantes, argument pas très valable, je sais, mais on a tous nos petites manies, non? et il existe aussi en poche!), et ces mots me parlent. Je veux en savoir plus.

Dans un village reculé du sud de l’Espagne, des femmes se transmettent de génération en génération une boîte mystérieuse. Frasquita y découvre des fils et des aiguilles, et son don s’éveille : elle répare et sublime tout à l’aide de sa boîte.

Voici le point de départ de ce roman inoubliable. Ce fut un véritable coup de foudre littéraire. Il m’a envoutée, m’a possédée. Je me suis immergée dans cet univers magique et pourtant tellement palpable.

Au fil de la lecture, j’ai vécu au rythme de toute une palette d’émotions : ma gorge s’est serrée, j’ai ri, pleuré, j’ai voulu être seule pour le savourer, j'ai voulu le partager. « Oh…non, ce n’est pas possible. C’est trop dur… Je ne serai pas capable de continuer, comment peut-il faire cela ? » Et j’ai continué quand même, parce que je ne pouvais pas faire autrement.

Ce roman est tissé d’autant de fils d’émotions que de bobines contenues dans la boîte. On vit chaque mot, chaque phrase de cette écriture si travaillée, si ressentie, on respire chaque situation. J’en ai été bouleversée. Devant mes yeux s'est tissé un conte poétique d'une rare justesse, c'est le livre que j'aurais aimé être capable d'écrire.

Ce bal des émotions peut malgré tout être dérangeant, je dois le dire. Une de mes amies a mis un an pour le lire, elle ne pouvait faire face à certaines d'entre elles, notamment la rudesse de certains passages (inutile de vous mentir, certains sont vraiment difficiles, et exacerbés par cette écriture qui met toujours dans le mille), mais comme elle me l'a confié, "Cela n'entache en rien la grande qualité du roman, il est même trop bien écrit, on est à nu devant lui..."

Le Cœur cousu est  devenu un vieil ami que je chéris et que je cajole parfois, en caressant sa couverture en quête de ces moments passés ensemble.
 
J’ai dit dans une chronique précédente que j’aime les livres qui ont une âme. La sienne est magnifique.