lundi 27 février 2017

Team Chat versus Team Chien

Il y a quelques temps, le Chat du Cheshire publiait sur son blog une affirmation consternante.

Team Chien

pouvait-on y lire avec moults hashtags.

Le Chat du Cheshire est pourtant une blogueuse que j'aime beaucoup, ses goûts sont plutôt fiables en matière littéraire. Elle fait même partie de notre fine équipe qui lutte contre les Dieux-de-la-mer-et-de-la-terre, c'est tout dire...

Bon, je dois reconnaitre que j'ai déjà eu un léger doute sur sa santé mentale lorsqu'elle a commencé à défendre bec et ongles Matthew contre Colin dans le rôle de M. Darcy.

Pour rappel : le seul et unique...

Et sa pâle copie:

Pas besoin de détailler davantage, vous comprenez ce que je veux dire. Il n'y a pas de comparaison possible, Colin avec sa classe inébranlable est et restera Mr Darcy. Matthew est tout au plus mignonnet.

Malgré tout, je lui ai toujours pardonné cette errance, parce que je l'aime bien le Chat. Elle est plutôt gentille quand elle ne me mange pas tout le nutella ou ne me refourgue pas une gargouille dans les chroniques-de-la-liste-noire-des-livres-interdits. Mais là, nous avons un problème... Un gros problème. Pire que l'Everest. L'ascension va s'avérer ardue. Il va falloir sortir les crampons et les masques à oxygène.

Team Chien...

Où va-t-on ? Mais où va-t-on ?

Team Chien... pffff

Je m'inquiète vraiment pour elle. Je me demande même si je ne devrais pas en parler à Monsieur-Mon-Médecin, il pourrait peut-être l'aider.

Parce que préférer ça :

Ou encore ça:


A ça:



Eux qui sont l'incarnation de l'élégance...


La force tranquille...
Alors c'est sûr qu'après tout ça, me dire "Team Chien"... Même mon Chien ne comprend pas... Lui-même oscille clairement du côté Team Chat (enfin mon chien n'a toujours pas compris que sa taille n'a rien à voir avec un chihuahua, il devrait peut-être consulter lui aussi). 
Il est dépité (et ce n'est pas à cause de la couleur de mon pyjama!).
CQFD, le Chat a un problème. Passez-moi le téléphone que j'appelle Monsieur-Mon-Médecin, il nous faut un spécialiste!

PS : Le Chien n'a pas été martyrisé pour les photos, promis !

Ni les chats d'ailleurs, mais ça, vous l'aviez compris!

Et Le Chat: pardon, pardon, pardon... Tu sais que j'adore te taquiner! (Ça t'apprendra à m'envoyer des liens qui me disent que Colin n'est pas Mr Darcy! Et non, je ne suis pas dans le déni ! :) )

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mercredi 22 février 2017

Les amants du presbytère, Marie-Bernadette Dupuy

Nommé curé d’un petit bourg rural, le jeune et séduisant Roland Charvaz n’a pas la vocation. Le beau sexe le préoccupe davantage que le salut de ses ouailles. Pour sa part, Mathilde, la jolie épouse du docteur local, n’a jamais connu la passion amoureuse avant l’arrivée de l’ecclésiastique. Dès leur première rencontre, c’est le coup de foudre et les deux amants se lancent dans une brûlante liaison.
Ils se croient à l’abri de tout soupçon. Ils ont tort. Ils seront bientôt victimes de la plus horrible des machinations…

Mathilde a tout pour être heureuse, la beauté, un mari qui l'aime et dont les revenus lui assurent un confort que beaucoup lui envient, un enfant plein de vitalité... Mais de la même façon que les secondes passent pour devenir des minutes, puis des heures, elle sent sa jeunesse s'étioler. Elle devrait se contenter de ce qu'elle a, peu de femmes peuvent s'en vanter, elle devrait apprendre à aimer les étreintes fugaces de son mari, mais en elle brûle l'étincelle d'une passion qui la condamne à un sentiment d'insatisfaction qui pèse lourd sur ses épaules.

Jusqu'à ce qu'arrive le nouvel ecclésiastique...

Point de scandale avec lui, lui a fait promettre son mari qui n'appréciait pas l'ancien. Les commérages allaient bon train à cause de ses attitudes et de ses regards envers la gent féminine. Il le lui fait promettre, elle gardera ses distances. Bien sûr, le rassure-t-elle, après tout, il n'a pas de raisons de s'inquiéter, elle n'a jamais rien fait, elle ne faisait que converser avec l'ancien. De toute façon n'était pas à son goût, songe-t-elle en son for intérieur.

Mais et si...

Et si d'un regard les deux sentaient naître une passion brûlante qui enfin donnerait un sens à leur vie si morne.

Les amants du Presbytère est un roman qui se lit vite, à la plume simple, épurée mais efficace, qui nous plonge, non pas dans une histoire d'amour mais dans la réalité du 19e siècle. Mariage arrangé, sans amour, homme qui se lance dans la profession religieuse sans avoir de convictions profondes, commérages, jalousies, envie, méchanceté... C'est un portrait cru, presque brut, dénué de fioritures que nous livre l'auteure, celui d'une société où les apparences priment, où la bienséance et l'éducation sont de mise, dissimulant aux yeux de tous qui on est vraiment.


Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu de roman de terroir, et j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir cette immersion dans une société en mouvement qui nous est dépeinte avec une justesse acérée. Les conséquences des actes, l'enquête, le jugement, les masques qui tombent... autant d'éléments qui ont contrebalancé le sentiment que parfois, le récit aurait gagné à être approfondi. C'est d'ailleurs un sentiment paradoxal, parce que si l'auteure s'était attardée davantage sur certains moments de l'intrigue, cette dernière aurait sans doute perdu de cette véracité qui a fait que je l'ai réellement appréciée. 

mardi 14 février 2017

Extermination des cloportes, Philippe Ségur

En dehors de sa passion pour sa femme Betty, Don Dechine a un but dans la vie : écrire. Seulement voilà, pas facile d'écrire un roman fracassant quand on est prof de lycée et qu'après les avanies de la journée, il faut encore affronter un voisin pas content, les tracas de la copropriété, le harcèlement fiscal et les PV pour stationnement interdit. Rien de plus normal, pour se détendre, que de consacrer ses soirées à l'intégrale des six saisons des Soprano. Sauf que ça n'aide pas non plus à trouver la fortune et la gloire littéraire. Il y aurait bien une solution : tout plaquer pour aller vivre à la campagne. Comme l'explique Don Dechine, il n'y a que dans la nature qu'on peut valablement produire un chef-d'œuvre. Armés d'une confiance et d'un humour à toute épreuve, Betty et lui vont donc se lancer dans la quête de la maison idéale, tenter de se débarrasser d'un appartement invendable et se perdre dans un monde inconnu et atroce : la jungle impitoyable de l'immobilier. Une sacrée aventure quand on est un futur génie de la littérature et qu'on se réveille un matin avec un cloporte dans l'œil !

Don Dechine a un gros problème, il cohabite avec des cloportes, et ces charmantes bestioles ont décidé de s'en donner à cœur joie. Car voyez-vous, Don n'est pas n'importe qui. Il est écrivain. Oui, Monsieur, oui, Madame, un écrivain, un vrai de vrai, qui sera primé, au moins le Goncourt, pour ne pas dire le Nobel. Parce que Don est modeste, c'est l'apanage des génies. Don est donc un génie modeste qui vit avec des cloportes. Et qui n'a pas écrit un seul roman. Et qui aime les Soprano, Monsieur et Madame ont du goût pour les séries, et ce n'est pas leur faute à eux si leur visionnage empiète sur leur travail d'écriture, son chef-d'oeuvre pour lui et sa thèse pour elle. Après tout, qui dit un épisode dit quatre ou cinq, autant s'y mettre demain.

Par ailleurs,  Don Dechine n'a pas de chance, de nombreux obstacles jalonnent sa route vers l'écriture. Son voisin envahissant en est un, et son appartement un autre. Comment voulez-vous produire quoi que ce soit dans de telles circonstances ? Ce n'est pas possible, même quand on est un génie. Mais ce n'est pas grave, il a ses cloportes qui se promènent allègrement sur le visage du voisin, bien fait pour lui! Car bien sûr ce sont des cloportes, et pas du tout un truc sur son oeil.

C'est un roman singulier que nous livre Philippe Ségur, avec des personnages aussi attendrissants qu’exaspérants. Don et Betty sont dans une fuite constante de la réalité, ils voient le monde à travers une lorgnette déformante qui est le fruit de leur imagination. Le couple qu'ils forment semble déconnecté de la réalité, mais finalement, l'attitude de Don n'est-elle pas un moyen comme un autre de faire face aux aléas de la vie ?

Les premières pages m'ont déstabilisée, c'est quitte ou double avec ce type de roman : soit on aime, soit on déteste. Moi, j'ai très rapidement aimé. Cette histoire de cloportes m'a laissée perplexe, jusqu'à ce que je comprenne ce qu'ils étaient, et j'en suis venue à ressentir beaucoup de compassion pour Don, et à sourire devant certaines de ses pensées. Et ses titres de roman ? Mon Dieu, ces titres de romans... Pas étonnant qu'aucun roman ne voie le jour ! (Sorry Don, mais honnêtement, concentre-toi sur tes cloportes et sur les Sopranos...). La plume de Philippe Ségur est très agréable, c'est un roman extrêmement bien écrit où chaque mot est à sa place. Je ne connaissais pas cet auteur, mais je vais m'empresser d'aller découvrir ses autres écrits. 

mercredi 1 février 2017

Herbarium, las flores de Gideon, Anna Casanovas

(Résumé, traduction personnelle)

Un sombre secret de famille a obligé Sarah à quitter Oxford alors qu'elle n'avait que dix-huit ans. Dans sa fuite vers le Brésil, elle a laissé sa vie derrière elle. Mais cinq ans plus tard, après la mort de son père, elle est dans l'obligation de revenir en Angleterre. Elle veut voir sa grand-mère, Sylvia, la femme qui l'a élevée et qui désormais est atteinte d'Alzheimer. Sarah est convaincue que cela ne sera que pour quelques jours, mais quand elle se rend à l'université où son père était professeur de chimie, elle découvre qu'il a passé les dernières années à étudier Jane Eyre et à chercher les dessins de fleurs mystérieuses, les fleurs de Gidéon. Qui est Gidéon ? Que signifient ses illustrations ? Quel est le rapport avec Jane Eyre ? Bien que sa grand-mère semble avoir les réponses à ces questions, elle ne peut pas l'aider. Le plus paradoxal est que le seul qui peut le faire est Liam Soto, le professeur star de l'Université de Oxford et le plus grand expert de Jane Eyre d'Angleterre, mais lui ne peut ni ne veut être près de Sarah. Grâce aux fleurs de Gidéon, Sarah découvrira le passé de sa grand-mère et une grande histoire d'amour qui lui permettra peut-être de récupérer sa vie et lui donnera les forces nécessaires pour déterrer ce que cache son coeur.

J'hésite souvent avant de chroniquer les romans que je lis en espagnol, surtout quand ceux-ci ne sont pas traduits en français. C'est un tort de ma part. J'ai ouvert ce blog pour partager les lectures qui me font vibrer, et j'ai, jusqu'alors, omis cette part de moi qui est pourtant tellement riche de ces lectures. Et puis qui sait, peut-être que certaines maisons d'éditions auront la bonne idée d'aller jeter un coup d'oeil à ce que l'on fait de l'autre côté des Pyrénées, parce qu'honnêtement, il y a de belles pépites.

Herbarium est l'une d'entre elles.

Sarah revient vers son Angleterre natale pour la pire des épreuves : son père, avec lequel elle était fâchée depuis cinq ans, est décédé, et elle doit mettre ses affaires en ordre. Dans sa fuite vers le Brésil, portée par la douleur de la colère, elle a également laissé derrière elle une femme qui a été un pilier de sa vie, sa grand-mère. Les années ont passé et elles sont irrécupérables : celle-ci souffre désormais d'Alzheimer et les souvenirs lui sont volés chaque jour davantage. En récupérant les effets personnels de son père dans son bureau à l'université d'Oxford, Sarah croise Liam, qui a été son premier amour mais qui n'est que mépris et rage envers elle.

Que s'est-il passé pendant ces cinq années ? Que vient faire Jane Eyre dans les affaires de son père alors qu'il était biologiste ? Et qui est ce Gidéon qui affleure dans les souvenirs de sa grand-mère ?

J'ai adoré cette lecture, vraiment adoré. Tout y est pour faire un excellent roman : un mystère familial, des questions qui attendent des réponses, une héroïne à laquelle on s'attache, qui nous émeut, des personnages secondaires forts, une quête d'identité, l'empreinte de Jane Eyre à chacune des pages, un Liam qui m'a fait vibrer jusqu'à la pointe de mes cheveux et l'histoire de Sylvia, la grand-mère que j'ai aimée profondément...

L'auteure a opté pour mélanger passé et présent, oscillant entre l'histoire de Sarah et celle de Sylvia et a ainsi doté son récit d'une intensité rare. Ce n'est pas une mais deux histoires qui nous sont racontées, deux histoires en parallèle qui finissent par se rejoindre. Sans le passé, on ne peut comprendre le présent et le présent n'a de sens que quand on connait le passé.

C'est un roman fouillé, riche, en mouvement perpétuel, extrêmement bien écrit, qui s'interroge sur les fondements de la mémoire, sur qui on est, sur le pouvoir de rédemption de l'amour, sur l'importance des liens familiaux... C'est un roman qui transporte, qui noue la gorge et fait couler quelques larmes avant de libérer des nuées de papillons dans le ventre.

Si j'osais, je vous dirais de le découvrir en langue originale si vous avez étudié l'espagnol...

Allez j'ose, lisez-le, il vous embarquera dans un voyage que vous ne regretterez pas!