samedi 30 avril 2016

Quoi qu'il arrive, Laura Barnett

En 1958, Eva a dix-neuf ans, elle est étudiante à l’université de Cambridge et amoureuse de David, un acteur follement ambitieux. En chemin pour un cours, son vélo roule sur un clou. Un homme, Jim, assiste à la scène. Que va-t-il se passer ? Ce moment sera déterminant pour leur avenir commun.
Un point de départ, trois versions possibles de leur histoire : le roman suit les différents chemins que les vies de Jim et d’Eva pourraient prendre après cette première rencontre. Des vies faites de passion, de trahisons, d’ambition et sous-tendues par un lien si puissant qu’il se renforce au fil du temps. Car, quoi qu’il arrive, Eva et Jim vivront une magnifique histoire d’amour.

La vie ne tient pas à grand chose. Un sourire que l'on échange, des yeux bleus qui nous transpercent, ce petit picotement là, juste sous la peau, au niveau du coeur, ce même petit picotement qui nous indique que le destin nous fait un signe. En une fraction de seconde, en un battement de cils, en une respiration, tout peut basculer. On peut aimer, on peut s'enflammer, vibrer, on peut s'éloigner, rater l'essentiel, vivre malgré tout une belle histoire. On peut tout gâcher. 

Et sans cesse cette même question, cette ritournelle incessante, que l'on repousse, une fois, encore une fois, mais qui, pire qu'un boomerang, revient : est-ce la bonne décision ? Aimer va-t-il nous assurer un bonheur sans taches ? Etre raisonnable peut-il nous éviter de souffrir ? Est-ce que ce n'est pas ça la vie, un labyrinthe de signes, de décisions, d'émotions, d'amour, de désamour ?

Avec une habilité diablement efficace, Laura Barnett explore ce cheminement de vie, ce destin qui s'en mêle, où le début et la fin semblent écrits, et où ne ne restent à remplir que les lignes du milieu.

Les premiers chapitres m'ont déstabilisée, il m'a fallu m'habituer à ces différentes versions, à toutes ces facettes de Jim et Eva. J'en ai aimé certaines, détesté d'autres par moments pour finalement les aimer de nouveau. La vie est ainsi faite, c'est un Grand Huit de sentiments, pour soi, pour les autres, de remises en question, de peurs, d'enthousiasme ou d'exaltation.

Il y a une vraie part de réel dans ces récits que nous offre Laura Barnett. Ces différentes versions plongent dans la psyché de ce que nous sommes, de nos barrières, de nos doutes, de nos aspirations et envies. Eva et Jim sont profondément humains, ils sont profondément "nous" et ce triptyque qui fait écho aux peintures de Jim en est un parfait reflet.

Alors, même si j'étais perplexe au début devant cette construction originale, j'ai dévoré les pages et je me suis prise au jeu de repérer dans quelle version je me trouvais et quelle était la voix narrative, Jim ? Eva ? , de me situer dans le temps et de vibrer avec tous ces Eva et ces Jim.

Et la fin est arrivée. J'en suis encore bouleversée. Les livres nous font parfois de beaux cadeaux, celui d'une émotion forte, d'un ressenti, comme une vibration, celle du coeur, qui retentit de longues minutes encore après la dernière page tournée.

J'ai aimé ce livre, je l'ai profondément aimé. C'est le portrait de la vie que nous livre l'auteure, une vie belle, une vie cruelle, faite de heurts et de peines, faite de joies et de bonheurs, une vie de fidélité, de dévotion, d'infidélités et de ressentiments, mais une vie d'amour.


Merci « Au Prix Relay des Voyageurs » pour ce moment de pur bonheur...

jeudi 28 avril 2016

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka

Ces Japonaises ont tout abandonné au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis, sur la foi d'un portrait, un inconnu. Celui dont elles ont tant rêvé, qui va tant les décevoir. Chœur vibrant, leurs voix s'élèvent pour raconter l'exil : la nuit de noces, les journées aux champs, la langue revêche, l'humiliation, les joies aussi. Puis le silence de la guerre. Et l'oubli.

J'avais beaucoup entendu parler de ce roman, mais, et c'est là quelque chose de paradoxal, j'étais incapable de dire de quoi il parlait exactement. Je croyais me souvenir qu'il avait trait à l'Asie, mais c'était flou, très flou... Son peu de pages m'a encouragée à me plonger dedans, mais j'étais loin d'imaginer que ça allait être une telle claque littéraire.

Certaines n'avaient jamais vu la mer évoque effectivement l'Asie, le Japon plus précieusement. Enfin pour être encore plus précise, le récit s'attarde sur l'émigration japonaise aux Etats-Unis.

Ces centaines de femmes, chargées de leur histoire, de leur culture, embarquent pour ce qu'elles pensent être le paradis. Leurs futurs maris les attendent sur la terre de tous les possibles et elles grimpent sur le bateau le coeur battant. Leur mari est beau, il est riche. Il leur a d'ailleurs envoyé une photo.

– Regarde, c'est celui-là, vois comme il a fière allure !
– Il a l'air petit, non ?
– Tu crois ?
– On ne voit pas bien, il est assis. Mais même s'il est petit, ce n'est pas grave, il a un beau costume et un visage plein de caractère. Et il a un bon travail.
– Ah bon ?
– Mais oui, regarde sa lettre. Tu as vu comme il écrit bien ? Il est négociant.

L'enthousiasme les porte. La peur aussi. L'illusion. La crainte de l'inconnu. Certaines n'arrivent pas à se réjouir. Elles sont tombées amoureuses pendant la traversée. Leur kimono et leurs petits pas ont séduit un marin qui leur promet amour éternel. Qui ne durera que le temps d'un océan.

Et puis le bateau arrive au port, la réalité les rattrape. Adieu bel amour, bonjour vieux mari qui ne correspond pas du tout au portrait qu'elles avaient reçu.

Le récit suit le destin de ces femmes parties à l'aveugle. Elles n'ont pas de nom, elles ont tous les noms. Il ne s'attarde sur aucune en particulier. Elles sont multitude, les visages se superposent.

Certaines vont trouver l'amour, d'autre ne rencontreront que la désillusion, la résignation. Elles travailleront dur, parfois en silence, parfois en criant, Elles auront des enfants, qui s’éloigneront de leur pas et adopteront d'autres noms. Et parce qu'il en est toujours ainsi, la réalité les rattrapera une fois de plus sous la forme de la guerre. 

De nouveau la peur, l'angoisse. L'absence, le vide.


Inutile de dire combien j'ai aimé ce récit. C'est un roman qui restera dans ma mémoire, dans mon coeur, dans mes tripes. Ces femmes m'ont touchée, m'ont émue, les mots m'ont bercée. Ils sont empreints d'une certaine poésie, ces répétitions, ce faux rythme qui se crée parfois, et sans m'en rendre compte, j'ai dévoré les paragraphes les uns après les autres. Et à la fin, n'est resté que le vide. Celui d'avoir lu le dernier mot, d'avoir tourné la dernière page, d'avoir dû dire au revoir, adieu, merci, à ces femmes. 

dimanche 24 avril 2016

Mon médecin et les highlanders 1/3

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Toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure coïncidence.
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J'ai terminé, il y deux semaines, la première saison de Outlander, la série adaptée de la saga de Diana Gabaldon. Depuis, je me sens étrange, comme si un vide immense avait envahi ma poitrine. C'est une image que l'on retrouve souvent dans la littérature, mais pour la première fois, elle prend tout son sens. Comment fait-on pour combler ce trou dans le coeur, ce creux dans l'âme? Comment fait-on quand on a l'impression d'errer comme un fantôme dans une vie livresque où les pages semblent incapables de combler l'âbime qui nous habite?
Je ne suis pas du genre à vagabonder entre deux mondes, je suis quelqu'un de pragmatique, c'est donc très logiquement que je suis revenue à l'origine même de ce geyser d'émotions en m'immergeant pour la énième fois dans la saga originelle. Je voulais redonner à mon petit coeur un souffle-pansement, ramener de l'oxygène dans mes poumons, juste le temps que la crise ne passe. Je suis une habituée de ces crises, elles finissent toujours par passer.

Sauf celle-ci.

Après avoir relu pendant une semaine toujours les mêmes passages, les émotions qui m'avaient redonné vie ont recommencé à s'éteindre. Il me fallait du neuf, des mots inédits, des histoires inattendues... Et ce n'est pas chose si facile... Une plongée dans ma Pal pourtant dodue n'a pas suffi, la crise refusait de céder du terrain. Elle était toujours là, prédateur dans l'ombre, nichée dans ma poitrine, me murmurant que tant que je n'aurais pas trouvé le bon remède, elle ne me quitterait pas. La garce !

Une seule solution pour trouver un remède temporaire qui la ferait reculer, pour appliquer un pansement qu'elle n'arracherait pas en affichant un petit air supérieur : aller voir mon médecin traitant. Après tout, c'est lui qui prescrit remèdes et autres traitements, peut-être pourrait-il m'aider?

C'est la raison pour laquelle je me trouve dans cette salle d'attente, cette pièce exiguë, aux murs recouverts d'affiches contre les MST, assise sur une chaise bancale, à côté d'un monsieur d'un certain âge qui doit souffrir atrocement de maux de ventre à en juger par les flatulences qu'il lâche à intermèdes réguliers, et d'une jeune maman accompagnée de son fils un brin braillard que j'ai envie d'étrangler avec la lanière de mon sac à main.

Je me concentre sur la porte. Si je le veux très fort, peut-être qu'elle va s'ouvrir, me libérant ainsi de ce calvaire. Allez, petite porte, ouvre-toi ! D'abord la poignée, ce n'est pas compliqué, elle entame sa descente vers la verticale, ensuite un espace se libère entre la chambranle et le panneau, espace qui grandit, grandit pour voir apparaître le médecin. Non, toujours rien. J'essaye autre chose, c'est quoi déjà la formule ? Sésame ouvre-toi ! Je prends une profonde inspiration et le pense avec plus de conviction. Sésame ouvre-toi ! 

La porte reste désespéramment close. Bon, bon, bon... Une dernière tentative.
D'un bond, je me dresse sur mes pieds et, en pointant le doigt vers la porte, je crie:
– Sésame ouvre-toi !
Monsieur-mon-voisin sursaute et une nuée de pets tonitruants s'envole, le gamin hurle de surprise avant de plaquer sa main sur son nez et de jeter un regard assassin à monsieur-mon-voisin en protestant vivement: "Maman, le monsieur il pue !"
La maman réagit immédiatement en pinçant le coude de son fils-chéri et le réprimande.
– Mon chéri, on ne dit pas ce vilain mot, je te l'ai déjà dit, on dit "le monsieur ne sent pas très bon".
Monsieur-mon-voisin, sans doute sous l'effet de la contrariété, se crispe et...

La porte s'ouvre et apparaît mon médecin, toujours aussi bedonnant, toujours aussi cinquantenaire, les cheveux toujours aussi absents, les joues toujours aussi rougeaudes. Mais au moins, il est là, ce Messie de la Médecine qui va pouvoir m'aider.
– Un problème, Madame?
Je suis debout et j'ai le doigt pointé en direction de la porte, ou plutôt de son ventre maintenant, étant donné que la porte est ouverte. Je me ressaisis aussitôt et plaque mon sac à main contre moi avant d'entrer d'un pas décidé dans la salle qu'il y a derrière lui.

Il me fait assoir en face de lui. Je consulte peu mon médecin traitant, j'ai une santé de fer. Il a un sourire bienveillant qui me tranquillise un peu, même si j'ai l'étrange impression que le drôle de squelette grandeur nature qu'il a derrière lui me fixe.
– Alors Madame, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
Je me tortille un peu les mains. Le squelette me fixe toujours bizarrement, c'est une copie d'une très grande qualité, il semble étonnamment vrai. Je serre un peu plus mon sac contre moi avant de me lancer, je suis là pour ça, après tout.
– J'ai fini Outlander.
Il me regarde avec un drôle d'air.
– Vous avez fini quoi?
Outlander...
– Et c'est quoi? Du whisky ? Ça sonne comme un nom de whisky.
Ses joues me soufflent que c'est un connaisseur.
– Non, non, c'est une série tv... Adaptée d'un livre, ajouté-je avec empressement.
– Ah... Je ne connais pas. Et donc, quel est votre problème ?
– Ben, je l'ai finie... Et j'ai fini tous les livres. Je les ai même relus. Plusieurs fois. J'ai même marqué les passages que je préférais.
– Oui... Et ?
Il ne me comprend pas ou quoi ? Je ne suis pas suffisamment claire ? Je me mets sur mes pieds et jette mon sac sur son bureau qui percute son presse-papier et son bloc d'ordonnances. Mon médecin n'aime pas l’informatique, c'est un puriste de la plume et du papier.
– Et je n'ai plus rien d'autre à lire !
Il attrape mon sac et le pose prudemment le long de sa table de travail. Il prend quelques secondes pour remettre un peu d'ordre et griffonne quelques mots sur le carnet qui avait échoué à ses pieds.
– Voyons Madame, la mère des livres n'est pas morte. Il suffit d'aller dans une librairie et...
J'abats ma main sur le bureau. Il sursaute et écarquille les yeux.
– Mais non !
Je hausse le ton.
– Je sais bien qu'il y a plein de livres ! Je ne suis pas idiote non plus !
Il pince les lèvres, je ne sais pas comment interpréter son geste. Je décide de ne pas en tenir compte et je continue.
– Je parle de livres de highlanders.
– Les highlanders écrivent des livres ?
Mais il le fait exprès ou quoi?
– Non, des livres qui parlent de highlanders.
Je commence à faire les cent pas dans son cabinet. Expliquer mon problème s'avère plus ardu que ce que je ne croyais. Je pensais pourtant que ça allait être simple : j'expose le problème, et hop... Un remède.
Il penche la tête tout en continuant l'écrire.
– Je ne vois toujours où est le problème. Ma femme en lit, je trouve d'ailleurs les couvertures un peu olé olé... et si je veux en regarder un d'un peu plus près, elle me l'arrache des mains et le cache tout de suite dans le tiroir de sa table de nuit.
– Eh bien voilà le problème! C'est ça !
– La table de nuit ?
Je pousse un long soupir.
– Non... le problème est que les auteurs pensent qu'il suffit d'un highlander aux abdos en béton en couverture et d'avoir un héros qui s'appelle "Mac quelque-chose" pour avoir un livre de highlanders.
– Et ce n'est pas le cas ? Parce s'il y a des highlanders, pour moi, c'est que c'est un livre de highlanders.
– Mais non, pas du tout ! Vous n'y connaissez rien !
En deux enjambées je suis à son bureau et mes mains s'abattent en même temps le bois massif. Mon médecin recule tellement son siège qu'il percute la bibliothèque placée derrière lui. Par effet domino, le squelette tremble, tangue, je crois même que ses os vont se détacher un à un. Il finit par se stabiliser et les orbites vides de ses yeux se posent de nouveau sur moi.
– Qu'il y ait des highlanders ne veut pas dire que c'est un bon livre! La saga de Margaret Mallory en est un bon exemple, et ce n'est pas la pire... J'en ai lu trois...
Je m'aide de mes doigts pour les énumérer.
– J'ai lu Le séducteur, Le guerrier et Le gardien, et bon... D'accord il y a des hommes virils, des kilts sans rien dessous, des demoiselles en détresse qui ont quand même un sacré caractère, mais ça ne fait pas tout...
– Ce n'est pas ce que vous recherchez ?
Sa plume continue de courir sur son carnet. Je hausse encore le ton, je crie presque maintenant.
– Je veux plus! Je veux une vraie histoire, qui me fasse découvrir un contexte historique, que j'en apprenne plus sur la vie dans les Highland à l'époque, qui ne tombe pas dans les stéréotypes trop faciles et qui masquent justement une méconnaissance de la part de l'auteur, qui me fasse frémir et qui ne soit pas bâtie qu'autour du sexe. Je veux que le rythme soit bien mené, avec de l'action, mais aussi quelques moments de répit et que ce soit bien écrit.
Je me laisse tomber sur la chaise. Le coussin se plaint dans un "pof" qui me rappelle les désagréments de monsieur-mon-voisin de la salle d'attente.
– En gros, vous croyez au Père Noël ?
Mon médecin fronce tellement les sourcils qu'ils recouvrent presque entièrement ses yeux, comme si un rideau teinté d'argent était tombé dessus. Sa plume s'est lancée dans une course frénétique sur le papier.
– Mais non! Ça existe, je sais que ça existe! J'y ai cru avec Le conquérant de Heather Grothaus, j'y ai cru... Bon, la couverture m'avait fait un peu peur, mais un corps de Highlander bien bâti, c'est vendeur, stratégie commerciale, je peux comprendre. Il ne faut pas s'arrêter aux apparences. Tout allait bien, le début n'était pas mal. Le personnage de Haith était prometteur. Le récit était un peu rapide, un peu trop survolé, mais il y avait cette couleur sympa dans cette trame qui me faisait espérer... Jusqu'à ce que l'auteure introduise de la magie. De la magie !
– Il y a des croyances en Ecosse, vous savez. Le folklore est riche, m'interrompt mon médecin en se massant discrètement la main qui tient le stylo.
Il a noirci déjà deux pages, il doit avoir un début de crampe.
– Vous l'avez dit, des croyances, du folklore... C'est ça l'Ecosse, et c'est vraiment intéressant. mais pas de la vraie magie. C'est bon pour Harry Potter ça !
– Vous avez lu Harry Potter ?
La question a l'air importante, il attend ma réponse avec attention.
– Je ne vois pas le rapport ! Je vous parle de highlanders et de soucis de véracité historique, et vous de Harry Potter ! Et en plus la plume n'est vraiment pas super au final... Elle est un peu trop facile. Le héros passe son temps à soupirer pour sa belle et à espérer qu'elle finisse dans son lit, alors qu'elle, elle fait de la magie en se disant que, comme elle a vu le héros dans ses rêves, c'est lui... Et en plus, comme si ce n'était pas suffisant, la pauvre bichette a une malédiction sur le dos. Si elle s'éloigne de l'Elu que le destin a choisi pour elle, elle va mourir.
– C'est une jolie histoire je trouve, une belle image de l'amour...
– Mais non ! Dans le bouquin, c'est une vraie malédiction, un truc qui se produit, pour de vrai. Quelque chose d'empirique. Pas une légende... Pas du tout réaliste...
Il balaye une poussière imaginaire devant lui.
– Bon, en gros, vous n'aimez pas... Et vous voulez que je fasse quoi pour vous ? Vous m'avez l'air un peu agité. Vous dormez bien la nuit ?
Je m'enfonce un peu plus dans ma chaise.
– Oui, mais je veux des highlanders... Je veux juste un bon récit de highlanders, une histoire sérieuse, travaillée, qui me fasse vibrer, et pas le truc qu'on expédie en trois cent pages et qui laisse un goût d'inachevé.
Ses doigts boudinés se referment sur son Vidal. Il le consulte brièvement. Je l'entends qui marmonne.
– Syndrome du Highlander, évidemment, il n'y a rien...
Il reprend à haute voix.
– Je n'ai pas ça en stock. Je vais vous prescrire un peu de magnésium, et des plantes pour vous détendre. On va aussi faire une prise de sang, pour vérifier que tout va bien. Et on va se revoir. Disons, la semaine prochaine. Vous devriez commencer à sentir les effets. Vous semblez fatiguée. Vous travaillez beaucoup non? Il faut lever le pied, attention au surmenage.

La porte de son cabinet se referme doucement derrière moi. Je tiens une ordonnance entre les doigts. Mais je n'ai rien sur les highlanders. J'aurais peut-être dû consulter sa femme, elle a sans doute des pistes. J'en parlerai à mon médecin la semaine prochaine.



vendredi 15 avril 2016

Fermez les yeux, C.J. Cooper

Déterminée à combattre sa phobie de l’avion pour obtenir le poste dont elle rêve, Sara décide de recourir à l’hypnose, par l’intermédiaire d’un ami de la famille, le fascinant Stephen. Au fil des séances, la jeune femme est victime d’hallucinations chaque fois plus terrifiantes…D’où viennent-elles ? Face aux terribles découvertes auxquelles elle est confrontée et grâce à l’aide du docteur, Sarah va se lancer dans une quête d’identité effrénée, à ses risques et périls.

Voilà un roman qui m'a déstabilisée dès le début à cause de sa construction originale. Rien que pour cette construction, il mérite d'être découvert. Il est bâti autour des interviews des différents personnages qui expliquent comment Sarah a changé et pourquoi elle a changé.

Sara souffre d'une phobie de l'avion qui risque de porter préjudice à sa carrière. La promotion dont elle rêve va lui échapper si elle ne parvient pas à monter dans un avion. Malheureusement, sa phobie est pour le moment la plus forte et le seul moyen pour elle de la vaincre est de faire appel à l'hypnothérapie et de faire confiance au beau Stephen, le thérapeute. Si la thérapie atteint rapidement le but souhaité, Sarah commence à flirter avec la frontière délicate raison / folie. Elle oscille, vacille, on ne la reconnait plus.

Le sujet est intéressant (l'hypnothérapie et la relation / patient thérapeute) et, comme je l'ai dit dès le début, la construction du récit est vraiment originale. C'est d'ailleurs le point fort, mais aussi le point faible de ce roman. Chacun des courts chapitres qui composent ce roman correspond à une personne de l'entourage de Sarah qui nous raconte cette lente descente aux enfers.

Le concept a su, dès les premières pages, capter mon attention. J'aimais bien cette idée d'avoir le point de vue de chacun des personnages, d'agencer à travers leur récit les pièces pour reconstituer le puzzle à la fin.

Mais malheureusement, je me suis égarée en cours de route. La faute à cette narration justement. Les personnages, nombreux, et que j'ai parfois eu du mal à identifier, nous parlent non seulement de Sarah, mais aussi de leur propre vie, et mélangent un flot considérable d'informations, me faisant perdre parfois le fil de l'histoire. Par ailleurs, un détail m'a échappé: je n'ai pas compris le pourquoi de ces interviews. Qui posent les questions? Un journaliste? Un enquêteur? Pas de réponse donnée et cela a nui  à ma lecture. Cette structure originale ne trouvait pas de justification.

Un bilan mitigé donc, mais je suis ce roman est doté de points forts qui pourront enchanter d'autres lecteurs. L'auteur a pris des risques, que je me sois égarée ne signifie pas qu'il ne s'agit pas d'un roman de qualité, au contraire.



mardi 12 avril 2016

Tag Liebster Award, Saison 2

Merci au Chat du Cheshire pour ce tag, même si j'y vois une certaine provocation... Vous comprendrez ce que je veux dire quand vous verrez la première question posée. Cela frôle même la déclaration de guerre !

J'avais répondu à une première saison de ce tag il y a quelques temps, vous le trouverez ici.

C'est parti pour la saison 2!

Si on récapitule, les règles sont simples: étape 1: écrire 11 choses sur soi, étape 2: répondre aux 11 questions de la personne qui vous a nominée, étape 3: taguer 11 blogs et leur poser 11 questions !

Je ne suis pas sûre de mener à bien l'étape 3.

Commençons par les 11 choses sur moi

- J'ai horreur des bruits stridents. Un verre que l'on laisse échapper et qui s'écrase sur le sol, une porte que l'on claque, un cri pour rappeler le chien qui s'est échappé me perforent littéralement le cerveau. J'aurais envie de m'enfouir la tête dans le sol pour ne plus les entendre. Au quotidien, ça peut être problématique, par exemple quand j'ai un café à la main. Je suis une spécialiste du café volant.

- J'ai une véritable passion pour l'Amérique Latine et ses phénomènes sociaux et politiques. Croyances en tout genre, syncrétisme, indigénisme, civilisations précolombiennes, faune et flore... Et pourtant, je n'y suis jamais allée. Jamais... Je rêve d'ailleurs de partir en Patagonie.

- Sur ma table de nuit, j'ai toujours une dizaine de livres en plus de celui que j'ai en cours. Le pire est que le prochain que je lirai n'est pas forcément dedans et que je change régulièrement les romans de cette pile. Mais ça me rassure de les avoir. Et autre confidence, mes romans préférés sont aussi à côté de ma table de nuit ("à coté"  pas "sur", ça ne tient plus!), on ne sait jamais, si l'envie me prenait de relire un passage. Il faut être prévoyant dans la vie!

- Je suis plus chat que chien. C'est un animal qui me correspond bien. J'en ai six:

Nini la ninja

La reine-mère

Le sumo

Le délinquant juvénile

La chérie

Le bébé d'amour.

J'ai également un chien, très gentil mais un peu envahissant. Il n'a pas compris que ce n'est pas un chihuahua

Et puis, il y a eux aussi. De quoi bien m'occuper!

- J'ai donc des chevaux, mais je monte très peu. Cela fait deux ans que je ne leur ai pas passé une selle. Manque de temps, les aléas de la vie, des choix aussi... Ils ne s'en plaignent pas! Mais ce n'est pas parce que je ne monte pas que je ne suis pas proche d'eux. Il n'y a rien de plus réconfortant que d'arriver dans le pré et de les trouver allongés, à ronfler. (Dommage que cette photo n'ait pas de son).
Une oreille qui se tourne, une paupière qui se lève: "Ah, c'est toi" et ces yeux qui se referment parce qu'ils sont en confiance. Ou encore cet orage qui éclate et les muscles qui tremblent parce qu'ils ont froid. Un hennissement de soulagement: ils savent qu'on va s'occuper d'eux. Cette confiance qu'ils nous accordent, c'est le plus beau cadeau du monde.

- Je vis à la campagne, sans voisin. Le plus proche est à deux kilomètres. Et j'aime cet isolement. Je ne renie pas la ville, je travaille même en plein centre, mais j'aurais du mal à supporter la frénésie qui l'agite au quotidien. L'inconvénient est bien sûr la route, le temps de trajet. Je n'ai pas de gare à proximité, mais je ne regrette pas ce choix de vie.

- Je n'aime pas faire le ménage, ni la cuisine... Mais alors pas du tout, du tout... Et repasser, beurk... Surtout repasser les chemises. Si j'avais dû vivre à l'époque de Jane Austen, il aurait vraiment fallu que je naisse dans une famille aisée! (bon, après, on m'aurait imposé un mari, il y a les pour et les contre hein!)

- Je refuse de compter les livres de ma PAL, non, non... Vous pousseriez des hauts cris alors que pour moi, c'est rassurant d'avoir une PAL à trois chiffres!

- Je regarde peu la télévision, mais suis fan de séries tv. Je regrette de ne pas avoir plus de temps d'ailleurs, le Chat me nargue beaucoup avec ce qu'elle regarde, et moi je peste à chacun de ses posts parce qu'elle me tente, mais non, ça ne tient pas dans mes journées! Si vous voulez me faire plaisir, inventez les journées de 36h !

- Par contre, je vais trouver du temps pour la saison 2 de Outlander! Obligée!

- J'aurais adoré savoir dessiner. La peinture me fascine, le dessin me fascine, les graffitis de certains graffeurs me fascinent. C'est un formidable moyen d'expression. J'ai eu beau essayer, rien n'y a fait (et je vous jure que j'ai essayé!). C'est mon frère qui a tout pris de ce côté-là, il est très doué (il est aussi très doué en cuisine... On a réparti les compétences chez nous). Et moi, euh... disons que si je dessine un personnage, ça va ressembler à la tête à Toto, même si je voulais faire la Joconde.

-Je n'ai aucun talent musical non plus d'ailleurs. Et mon oreille? Elle est tout sauf musicale. Je ne perçois pas du tout les fausses notes. Sauf quand je chante. Enfin, non, ce sont surtout les gros nuages noirs qui pointent à l'horizon qui m'indiquent que je chante mal. Et les cris de Doux Chéri. Ainsi que ses mains plaquées sur ses oreilles. Aucun talent musical je vous dis...

-Je sèche sur le 11è... Alors joker! 

Passons aux questions du Chat:

- Dans le rôle de Darcy, plutôt Colin Firth ou Matthew MacFadyen ? (Si ça ce n'est pas de la provocation, je ne sais pas ce que c'est!)
Voyons voir, voyons voir... Choisir entre le bon goût et le mauvais goût... Quel dilemme! Combien de fois vais-je devoir le répéter? Il n'y a qu'un seul Mr Darcy, et c'est Colin bien sûr! Matthew est un bon acteur, je n'ai rien à lui reprocher, je l'aime bien d'ailleurs dans d'autres films / séries, mais Mr Darcy? La question ne se pose pas!
Allez, pour le plaisir des yeux:

- Comment choisissez-vous les livres que vous achetez ?
Je n'achète pas de livres, vous savez bien, il faut que je me méfie, on me surveille, les Dieux-de-tous-les-trucs-de-la-mer-et-de-la-terre... Je suis quelqu'un de raisonnable, c'est une évidence. Je ne cède jamais, non jamais.

[Je porte ma main à mon nez pour vérifier. Non, ça va, il n'a pas changé de taille. Oufff... ]

[Petite voix, à peine un murmure: je suis très sensible au titre, et au résumé bien sûr, l'auteur également, je me procure (vous noterez comment j'évite habilement d'utiliser le terme "acheter"!) tous les ouvrages de certains auteurs. Un psy dirait que j'ai des côtés obsessionnels, moi que j'aime bien aller au fond des choses et satisfaire ma curiosité. Et ensuite, comme je suis quelqu'un d'assez superficiel, je n'aime pas les livres de poche et préfère les jolies éditions.]

- Et comment décidez-vous de votre prochaine lecture ?
Ouh là, vaste question. Je n'en sais rien à vrai dire. J'ai même du mal à déterminer mon profil de lectrice. L'envie me guide mais je ne sais pas ce qui la déclenche pour tel ou tel roman. Avant, je vous aurais dit que lorsque je suis fatiguée, il me faut une lecture légère et qu'en période de vacances, je préfère du un peu plus sérieux. Mais maintenant, je me rends compte que finalement, schématiser ainsi est faire fausse route, parce que je peux lire du très sérieux en période de grosse fatigue et du très léger quand je suis reposée. Il me faut souvent un déclencheur: la série Outlander m'a donné envie de littérature historique écossaise, mais de la vraie, pas de la simple romance, et avoir vu dans une librairie un rayon sur l'Asie m'a plongée dans l'univers des geishas. Pas de vrai fil conducteur donc, mais des rencontres...

- Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?
Une toiture! Je referais la toiture de ma maison! Ça serait bien!

- Aimes-tu relire tes livres ?
Certains oui... Il y en a que j'ai dû lire une quinzaine de fois, au moins... Je connais presque certains passages par coeur. Orgueil et Préjugés en fait partie!

- Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs des livres qu'on a aimés ?
Un auteur est pour moi une figure floue, une main qui guide une plume ou des doigts qui dansent sur un clavier, et voir le visage, le physique casse un peu ce qui ressemble à un mythe.

- Un livre idéal pour toi serait... ?
Une description de la société, réelle ou pas d'ailleurs, suffisamment détaillée pour que je puisse me la représenter avec précision, pour que je puisse m'immerger dans le contexte, des personnages étoffés, creusés, un message...

- Lecture en musique, en silence, peu importe ?
Je préfère le silence pour lire et la musique pour écrire.

- Quels sont les 5 livres de ta PAL qui te font le plus envie ?
En ce moment, Le concert posthume de Jimi Hendrix de Kourkov (Le concert posthume de Jimi Henrix) m'appelle, tout comme le tome 2 de la Vallée des larmes de Sonia Marmen, Les héritières de Rome de Kate Quinn me tente bien aussi, tout comme Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, et même s'il n'est pas encore dans ma PAL, il y sera bientôt, le tome 4 de la saga Thoughtless de S.C. Stephens.

- Comment classez-vous vos livres dans votre bibliothèque ?
Normalement, ils sont classés par auteur, mais je dois reconnaître que comme je commence à manquer de place (et pourtant, j'ai une bibliothèque d'une taille... conséquente étant donné que je ne je revends aucun livre et que je n'en emprunte pas), le rangement est plus aléatoire. Et ça me frustre. C'est le seul domaine dans lequel je suis ordonnée.

- Si vous aviez la chance de vivre dans un livre, lequel choisiriez-vous ?
Outlander pour le couple formé par beau Jamie et la courageuse Claire et la période mouvementée de cette lutte écossaise pour garder son identité, Orgueil et Préjugés pour cette époque qui était porteuse de valeurs (même si certaines étaient contestables), Meg Corbyn et l'Enclos, parce que finalement, c'est un fidèle reflet de notre monde.


Par manque d'imagination et de temps je n'ai pas réussi à trouver 11 questions originales que je pourrais poser, même si j'avais mes victimes en tête.  Désolée... Mais ce n'est que partie remise!



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vendredi 8 avril 2016

Confess, Colleen Hoover

Auburn Reed a des plans très précis pour son avenir, et elle ne laissera personne se mettre sur son chemin. Lorsqu'elle franchit la porte d'une galerie d'art à Dallas pour un entretien, elle s'attend à tout sauf à l'irrésistible attraction qui la pousse vers Owen Gentry.
Cet artiste énigmatique semble avoir beaucoup de choses à vouloir cacher à tout prix. Pour tenter de découvrir ses secrets les plus intimes, Auburn va baisser toutes ses barrières, pour comprendre qu'elle risque bien plus gros qu'elle ne pensait. Elle n'a qu'une solution : s'éloigner d'Owen au plus vite. Mais la dernière chose que souhaite Owen, c'est la perdre. Pour sauver leur relation, il devra tout confesser. Mais parfois, les mots peuvent être bien plus destructeur que la vérité...

A la question « est-ce que tu as aimé ce roman ? », je répondrais que j'ai pleuré pendant le premier chapitre, puis au milieu du roman, et encore à la fin. Ce n'est pas une réelle réponse à la question, je vous l'accorde, alors j'ajouterais qu'entre chaque séance de larmes, j'ai souri, j'ai pesté de rage, ma gorge s'est serrée et des papillons ont voleté allègrement dans mon petit cœur.

Je crois que maintenant, vous avez la réponse à la question. Mon « émotionmètre » s'est emballé et n'a plus voulu lâcher le livre. Impossible. Pourtant j'essaye d'être raisonnable, le besoin de sommeil vous comprenez, mais non. Il devait être ensorcelé. Ça doit être ça. Comme beaucoup de romans de Colleen Hoover d'ailleurs. Mais le sortilège de celui-ci était quand même sacrément fort. La faute aux personnages sans doute. Entre Auburn et son passé compliqué, ses choix à faire et sa peur du présent et de l'avenir et Owen, un artiste qui porte lui aussi son fardeau sur ses épaules, tout était réuni que que mon « émotionmètre » ne s'en remette pas. Et puis, il y a ces confessions, ces secrets que l'on tait mais qui peuvent détruire, ces confessions qui sont l'inspiration d'Owen.

Pour donner de l'épaisseur à Owen, Colleen Hoover s'est inspirée des œuvres de Danny O'Connor (DOC), et l'on retrouve au cœur même de l'ouvrage quelques reproductions en couleur. Merci beaucoup aux éditions Hugo Roman de nous avoir fait partager ces œuvres de cet artiste, il a été pour moi, un véritable coup de foudre artistique.

Difficile de parler de ce roman sans trop en dire, et s'il y en a un qu'il faut découvrir par soi-même, c'est celui-ci. Il est hors de question de vous gâcher votre plaisir. J'aimerais qu'il soit au moins égal au mien pendant cette lecture. Colleen Hoover fait partie de ces auteurs qui vous prennent par la main pour ne plus vous lâcher. Ses histoires ont une logique inébranlable et l'on sait qu'à la fin, on aura toutes les pièces du puzzle, toutes les réponses à nos interrogations. C'est une sorte de fil d'Ariane que l'on remonte jusqu'à arriver du dénouement et l'on tremble parce qu'on sait qu'elle tient nos émotions entre ses mains.

Dès la dédicace, j'ai su que j'allais être prisonnière du récit. La logique que j'évoquais quelques lignes plus haut s'étend même à ce bout de texte pourtant très personnel. L'on remercie un frère, un ami, on dédie l'ouvrage à un père ou une mère disparue, mais jamais à eux. Je laisserai volontairement ce « eux » dans le flou, sachez juste que sans eux, le roman n'existerait pas, ou du moins, il n'aurait pas toute cette force. Un brin de réalité flirte avec la fiction et c'est loin d'être désagréable, surtout que nous aurions tous pu faire partie de ces « eux ».

Récemment, j'ai beaucoup parlé de mes regrets quant à la plume de certains auteurs, pas assez travaillée, pas assez étoffée, qui fait passer à côté de beaucoup de choses, qui me rend presque hermétique à une histoire prometteuse. Colleen Hoover est l'illustration parfaite du fait que l'on peut dire les choses sans fioritures, aller droit au but et conserver une langue d'une efficacité redoutable, et mettre un « émotionmètre » sans dessus dessous. Son style est direct, concis et sec parfois je dois le reconnaître, mais fait mouche à chaque fois. Dans son cas, le présent de narration prend tout son sens. Il donne vie et fait palpiter le roman.



Une histoire complexe, douloureuse, foudroyante... Une fois de plus, je suis conquise. 






Pour découvrir Danny O'Connor, vous pouvez aller ici ou ici.

La chronique de Melliane, c'est ici

mardi 5 avril 2016

Archer's voice, Mia Sheridan

Quand Bree Prescott arrive dans la petite ville du Maine, elle espère y trouver la paix qu'elle recherche désespérément. Elle est là pour oublier le traumatisme qu'elle a subi dans sa ville natale et recommencer une nouvelle vie. Mais à peine installée dans sa nouvelle maison près du lac, elle va croiser Archer Hale, un homme solitaire et mystérieux, qui cache au fond de lui une profonde souffrance. Un homme que personne ne voit, un homme sans voix.

C'est un récit qui parle de drames, de ce qu'on veut cacher, de ce qu'on ne peut cacher, de peurs, de solitude, de rencontres, et d'amour... cet amour qui reconstruit, cet amour qui élève, cet amour qui sauve.

Bree et Archer portent le poids de leur passé. Bree a amorcé une sorte de fuite pour trouver enfin la paix à laquelle elle aspire afin de continuer sa vie, Archer est détruit, physiquement et mentalement. Il est seul, complètement seul, isolé du reste du monde et s’accommode de cette vie sur laquelle il ne met pas de sons. Il vit comme il peut, sans savoir vraiment ce que vivre signifie.

Et comme le destin est facétieux, il a décidé de les réunir, parce que finalement, la survie ne passe pas par la solitude, la survie c'est être deux pour faire face au reste du monde.

C'est un roman dont j'avais énormément entendu parler. Un autre de ces phénomènes de la toile pour lesquels l'émotion se déchaîne. Il aurait dû tout avoir pour agiter mon « émotionmètre » : des personnages à l'histoire complexe, un présent tout aussi ardu, une épaisseur, une profondeur qui manque souvent aux récits du genre. Malheureusement, c'est ce dernier point qui a enrayé mon « émotionmètre ».

Je suis une lectrice facile, une bonne histoire, et zou, j'embarque armée de mes gloussements, larmes et autres reniflements peu gracieux. Une lectrice facile, mais exigeante. L'histoire peut être banale, stéréotypée, mais il faut que l'écriture soit suffisamment travaillée pour jouer son rôle et déclencher mon « émotionmètre ». Dans Archer's Voice, tout est réuni pour avoir une de ces histoires qui vous font passer par le Grand 8 des émotions. Des rires, des larmes, de la tendresse, du sexe. Encore faut-il que l'écriture soit à la hauteur. Et c'est là que le bât blesse. Tout ce potentiel n'a pas été suffisamment exploité à mes yeux. Chaque scène clé m'a laissée un sentiment d'inachevé, comme si tout allait trop vite. Pas besoin de prendre un train à grande vitesse pour arriver au bout du récit, au contraire. Les mots doivent prendre leur temps, doivent caresser le lecteur, l'emmener au septième ciel pour ensuite le plonger dans leur noirceur. Je ne suis pas élevée, je n'ai pas plongé, je suis restée en surface parce que les mots manquaient. Bree ne m'a pas semblé si blessée que ça, alors que tout dans son passé en aurait fait un personnage détruit en quête de construction. Archer est torturé, mais ses démons intérieurs ne font que pointer le bout de leur nez, tant et si bien que l'avant dernière ligne droite perd en efficacité.

N'allez pas croire que je n'ai pas apprécié cette lecture, c'était une lecture agréable, « sympa » comme on dit, mais elle aurait pu être tellement plus.