Il n'y a pas d'échec
amoureux. A. N.
Zoïle est tombé éperdument amoureux de la
douce Astrolabe, mais la jeune femme consacre tout son temps à Aliénor, une
romancière géniale quoique légèrement attardée. Par dépit, il décide de
détourner un avion et de l’envoyer percuter la tour Eiffel. A moins que…
J’ai une relation assez étrange
avec les écrits d’Amélie Nothomb. Plus jeune, j’ai dévoré ses premiers romans
et avais ressenti une sorte de coup de foudre littéraire en la lisant. Sa plume
toujours maîtrisée, son regard sur le monde (Le sabotage amoureux, Métaphysique
des tubes ou Stupeurs et tremblements), son imagination fertile (Hygiène de l’assassin)
avaient ancré en moi la certitude que j’allais suivre cette auteure pendant des
années.
J’avais raison.
Ce que je ne savais pas, c’est
que j’allais avoir du mal à retrouver ce qui m’avait tant fait vibrer lors de
nos premières rencontres, mais cela ne m’empêche pas de continuer à espérer et à
lire ses romans.
L’absurde côtoie la réalité crue
dans ce roman. Zoïle est un homme quelconque qui mène une vie quelconque.
Tout est quelconque chez lui, sauf son prénom improbable. Rien n’éclaire ses
jours, jusqu’à ce que sa route ne croise celle d’Astrolabe, une belle jeune
femme au nom ainsi improbable que le sien, et dont la vie est tout sauf
quelconque. Elle se sacrifie pour Aliénor, cette romancière au génie si
atypique. Cette dernière puise son inspiration dans sa différence qui la fait
passer pour attardée aux yeux des autres.
L’on retrouve la verve d’Amélie
Nothomb, le maniement de l’incongru, du ridicule où la norme n’est pas celle
que l’on croit. Le récit nous plonge dans les relations qu'entretient trio incertain, où les intérêts de
l’un vont par forcément de paire avec ceux de l’autre. Dans cette confrontation passive, l’on sent
la différence, l’amour, l’abnégation, la création. Des thèmes porteurs, forts.
Mais voilà, comme pour ses récits précédents, je suis restée sur ma faim. Le
roman est court, et dans un ouvrage de ce genre, la fin est essentielle. L’auteure
a fait le pari d’une issue qui m’a... déstabilisée... frustrée ? J’ai eu le
sentiment qu’elle nous entraînait sur un chemin qu’elle n’assumait pas, et cela
m’a agacée.
Mais comme toujours, je
continuerai à lire ses ouvrages, parce qu’Amélie Nothomb possède une vraie
plume, une identité qui me pousse à espérer retrouver la force des écrits de
ses débuts.