dimanche 27 décembre 2015

La galerie des maris disparus, Natasha Solomons

Quand son mari se volatilise, Juliet Montague disparaît à son tour. Ni veuve ni divorcée, elle n’a pas le droit de refaire sa vie selon les règles de la communauté juive à laquelle elle appartient. Juliet s'efforce pourtant de son mieux d'assumer le quotidien et d'élever ses deux enfants. Mais le jour de ses trente ans, un matin de l’hiver 1958, elle prend une décision tout sauf raisonnable : au lieu de consacrer ses économies à l'achat d'un réfrigérateur, elle s'offre un portrait à son effigie.
Ce tableau, premier d’une longue série, signe le début de son émancipation : passionnée de peinture, Juliet va peu à peu repérer les talents émergents, frayer avec le gotha artistique de Londres et ouvrir sa propre galerie.
Ses nouvelles amitiés et, plus tard, son amour pour un brillant peintre reclus dans sa maison du Dorset l’aideront à affronter les commérages et la réprobation des siens. Mais Juliet reste enchaînée et, pour se sentir tout à fait libre, il lui reste un mystère à élucider...

Il est des livres qui sont une certitude. Pas le moindre doute quand on le sort d'une étagère, mais plutôt la conviction profonde que c'est le bon livre, à ce moment précis. 

C'est exactement ce qui s'est passé pour ce roman de Natasha Solomon. Quelques jours d'intense fatigue, de lecture laborieuse autour d'un obscur roman que j'avais tiré de mon étagère (oui, je parle bien de la Communauté du Sud...), la crainte de la pénibilité du suivant pendant que je regardais les titres de ma PAL, et puis le regard attiré vers la tranche de ce roman, alors qu'il était pourtant caché derrière les autres (aucun commentaire sur l'énormité de ma PAL, c'est dans ces moments-là que je la revendique haut et fort, même si je préfère taire le nombre exact, vous me prenez pour une personne équilibrée et saine d'esprit (oui, oui, j'en suis sûre !) et si le nombre à trois chiffres vous était connu, je suis sûre que vous reverriez votre jugement). J'ai pourtant essayé d'en feuilleter un autre, censé être plus léger, une romance moderne, grisante, j'en étais convaincue, mais non. C'était le moment de La Galerie des maris disparus, alors j'ai écouté cette petite voix qui se faisait insistante...

Ce roman a comblé toutes mes espérances. Voire plus encore. Il faut toujours écouter nos petites voix.

Juliet a tout pour être heureuse : des parents aimants, un quartier soudé qui vit au rythme des préceptes du judaïsme, un mari qu'on lui envie, et qu'elle aime, même s'il a la fâcheuse tendance à s'adonner au jeu (mais comme elle se dit, au moins il ne boit pas), et deux enfants merveilleux. Elle a vraiment tout pour être heureuse, jusqu'à ce jour qui, pourtant, commençait comme tous les autres jours... Son mari disparaît, emportant avec lui le seul objet de valeur qu'elle possède: un tableau qu'un artiste avait peint d'elle alors qu'elle n'était qu'enfant.

Commence pour elle la disgrâce, elle est une aguna, femme abandonnée mais qui ne peut divorcer, seul les hommes ont ce privilège. Et elle doit subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants, retourner travailler dans l'entreprise bien trop grise de son père. Elle qui voit les couleurs comme personne, qui a le don de déceler l'art, le vrai, doit se cantonner à un monde qui n'oscillerait qu'entre le blanc et le noir. Mais si finalement, l'abandon de son mari était une véritable libération ? Si elle pouvait commencer à vivre ? Elle se décide à franchir le pas et entame une vie de portraits et de rencontres, une vie d'amour et d'art, une vie de liberté...

J'ai adoré tourner les pages de ce romans au gré des portraits de Juliet qui vont jalonner sa vie. La construction de ce récit est très intéressante et originale. Chaque chapitre se construit autour d'un de ses portraits, et à travers ce puzzle qui n'est qu'une multitude de fragments de qui elle est, se reconstitue sa vie.

Femme forte, femme courage qui, au-delà de la traîtrise et de l'abandon, doit faire face au rejet de l'émancipation d'une culture qui vit ancrée dans un certain passéisme. Femme qui cherche à s'assumer mais en restant fidèle à ce qu'elle est, sans tomber dans une frénésie trop facile d'excès qui m'aurait sans doute empêchée de m'attacher à elle, Juliet avance, s'affirme, aime et nous fait l'aimer pour ce qu'elle est, parce que son monde est fait de couleurs, parce qu'elle ne veut qu'une chose, vivre...


Une très belle réflexion sur le judaïsme, sur la place des femmes, de l'amour et de l'art. Un vrai moment de bonheur... 

16 commentaires:

  1. Salut! :)
    J'avais absolument jamais entendu parler de ce livre et ma foi, il m'a l'air super! D'autant plus que tu as l'air de l'avoir adoré, je vais donc me renseigner!
    Merci pour ton article!
    Marie

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    1. J'aime beaucoup ce que fait cette auteure, c'est mon deuxième d'elle, et aucune déception!

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  2. Lors de sa sortie, il me tentait énormément. Depuis, je l'ai un peu oublié sur une page de mon carnet à Wish-List... Mais du coup tu me donne envie de me l'acheter ! NON, JE NE CÉDERAIS PAS !

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    1. Hummm, céder serait pourtant une bonne chose en ce qui concerne ce livre! lol

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  3. Ok, tu m'as totalement convaincu! J'ai juste envie de lire ce livre. Méchante!!!
    Mais il faut que je pense à tous les livres que j'ai dans ma PAL et que je dois lire! Cela fera plaisir à mon banquier. Bisous Céline.

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    1. Tu es raisonnable! Bravo! J'admire! Mon banquier me hurle que je devrais prendre exemple! lol

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  4. c'est toujours génial de trouver des romans qui nous surprennent comme ça. Je ne connaissais pas du tout mais pourquoi pas.

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  5. Il me faut ce livre! Tu me donnes très envie en tout cas :)

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    1. J'aime vraiment beaucoup ce que fait cette auteure!

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  6. Les petites voix doivent toujours être écoutées, la preuve ! D'autant plus quand elles nous réservent de si belles surprises ^^ Merci de t'en faire l'écho auprès de nous, les petites voix providentielles sont bonnes à partager :)

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    1. Ma petite voix, je m'en méfie! Parce qu'elle est de bien mauvais conseils selon mon banquier! lol

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  7. Tiens, celui-là je l'ai vu souvent, faut dire qu'avec un titre pareil! :D
    Si en plus il a comblé toutes tes espérances, que c'est tentant!
    "Une vie de liberté", une femme forte et courageuse, il me tente vraiment! J'adore ces "portraits" de femmes déterminées...
    Bises

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    1. J'ai vraiment adoré cette lecture. Sensible mais qui ne tombe pas dans le pathos, intelligente avec un vrai fond de société. Un sacré portrait de femme.

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  8. Une pépite bien alléchante apparemment, une femme qui se trouve dans le monde de l'art c'est tout à fait ma tasse de thé vile tentatrice :D Hop rajouté dans ma wish-list :)

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    1. C'est vrai que c'est un roman qui devrait te plaire! Bonne lecture!

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