samedi 8 février 2014

L'ami du défunt, Andreï Kourkov



Un jeune traducteur au chômage, que sa femme vient de quitter, noie son chagrin dans des litres de thé, de café et de vodka. Le désespoir et l'alcool aidant, il décide de programmer sa propre mort et engage un tueur professionnel. Lorsqu'il reprend goût à la vie, il est trop tard : le tueur à gages est déjà à ses trousses... Mais, à Kiev, les solutions extrêmes peuvent prendre des détours inattendus !

Plus rien ne va dans la vie de Tolia : alors qu'il est au chômage, sa femme le quitte. Si son absence le soulage, il n’en sombre pas moins dans le désespoir : quel sens donner à son existence qui n’en a plus ? Dima, son compagnon de vodka, lui parle alors d’une profession d’avenir dans cette Kiev post-soviétique : Killer –comprenez Tueur à gages. Et c’est ainsi que, contre toute attente, il met un contrat sur sa propre tête. Détachement dû à un désespoir réel ? Volonté de se sentir vivant ? Toujours est-il qu’il ne lui reste que trois jours, trois petits jours. 

Mais comme la vie ne s’engage jamais sur les chemins attendus, l’amour frappe à sa porte. Lena entre dans sa vie. Vivre ? Mourir ? Tout n’est finalement qu’une question de choix. Mais si on peut bien mourir, comment bien vivre ? Et surtout, comment survivre ?

Peu d’éléments finalement dans ce très court roman, mais de très bons éléments, agencés à la sauce Kourkov. Je me suis laissée entraîner par le rythme des secondes qui s’égrainent, par cet homme qui se découvre, par l’angoisse suscitée par l’ombre du Killer, par le mystère de Lena, et par la vodka –et pourtant je déteste toujours autant la vodka- Et comme d’habitude, j’ai aimé… 

Le visage de cette Kiev est moins piqué d’acidité que dans le Laitier de nuit, du moins en apparence (l’une des professions d’avenir n’est-elle pas Killer ?). Il suffit de gratter un peu ce vernis pour que sa grisaille nous saute aux yeux. Le détachement initial du protagoniste, qui finit par envahir tout le roman est sans doute le plus sombre regard que l’on pouvait porter sur cette société. Rien ne vaut la peine, ou presque…

En effet, Kourkov a eu, une fois de plus, le talent de me surprendre. L’amour et l’amitié, le sens moral, la vie en somme, priment, mais pas forcément là où on les attend. Je suis définitivement conquise.


8 commentaires:

  1. A la lecture de ta chronique ca donne envie d ' en savoir plus sur cette histoire
    Ce que j aime c ' est justement quand un élément inattendu et improbable vient fragilisé le scénario initialement prevu . Il fait combien de page ? Bonne lecture :)

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    1. Il fait environ 130 pages. Roman très court, idéal pour découvrir Kourkov...
      Il pourrait d'ailleurs faire un bon scénario de BD en y réfléchissant bien...

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  2. Merci pour les info , je note !!! je le mettrai dans ma pile a lire :)

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  3. Ca m'a l'air pas mal du tout dis donc ! Je note :D !

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    1. J'aime beaucoup Kourkov, et celui-ci est idéal pour le découvrir: court, mais efficace...

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  4. Je dois avoir un livre de cet auteur quelque part dans ma pal. Il faudrait peut-être que je pense à le sortir à l'occasion...

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    1. J'aime beaucoup cet auteur, l'univers dépeint est toujours acide, le regard porté sévère. Il a un véritable talent dans l'écriture...

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