dimanche 14 juin 2015

La muse, Sara Agnès L.

Écrivain en deuil, Jack Linden n'est plus que l'ombre de lui-même depuis que sa femme et son fils sont décédés. Seuls, dans sa maison de campagne, avec sa bouteille et son chagrin, il attend que le temps passe en compagnie de l'alcool et de la télévision. Il est donc éberlué lorsque Lily, une soi-disant assistante, débarque chez lui pour l'aider à boucler son roman. Mais qui est cette fille, surgit de nulle part, pour lui ordonner de changer de routine et d'écrire pendant qu'elle s'occupe de ranger sa vie en bordel ? Il n'en sait rien. Ce dont il est sûr, cependant, c'est qu'il n'a pas la moindre envie qu'elle s'installe chez lui, et surtout, il aurait préféré que son corps reste endormi devant cette jolie fille. N'est-il pas censé être en deuil ? Pourtant, Lily répond présente à tous ses besoins : elle le nourrit, le lave, lui coupe les cheveux... et s'agenouille pour lui faire une fellation lorsqu'il en émet l'ordre, éméché par l'alcool. Qui est donc cette femme ? Une assistante ? Une prostituée ? Est-il devenu fou ? Car dès que tout se termine, Lily agit comme si rien ne s'était produit. Au fil des jours, Jack retrouvera l'envie d'écrire... et de vivre. Mais jusqu'où Lily sera-t-elle prête à aller pour le satisfaire ? Et pourquoi refuse-t-elle de lui dévoiler quoi que ce soit à son propos ?

La perte d'un être cher est un moment dramatique d'une vie. C'est encore pire lorsque l'on perd sa femme et son enfant.

Jack est un écrivain à succès quand tout bascule. Un accident de voiture le prive des personnes qu'il aime le plus. Il sombre. Lente descente aux enfers qui le conduit vers un repli sur soi total. La vie n'a plus de sens pour lui, l'alcool ponctue ses journées, rythme fourbe qui lui permet d'échapper à la réalité. Jusqu'à ce qu'une femme étrange entre dans sa vie. Lily.

L'idée de départ est intéressante -Comment retrouver goût à la vie quand tout s'est écroulé autour de nous ? Comment se reconstruire ?- et le personnage de Jack porte littéralement l'histoire sur ses épaules. On n'évite pas les clichés de ce type de héros, l'écrivain accro à la bouteille, qui ressemble à un yéti, mais cela n'a pas d'importance : la plume de l'auteure le met vraiment en valeur. On comprend ses errances, ses interrogations, ses doutes et j'ai même ressenti une certaine empathie pour lui. Il tombe sous le charme de Lily, mais sans pour autant oublier ceux qu'il a aimés. L'attraction est là, mais le cœur résiste, la culpabilité pointe le bout de son nez. C'est un personnage complexe, et la narration à la première personne le sert complètement. Pour une fois, c'est un homme que l'on suit, et sans tomber dans les écueils du genre.

Le personnage de Lily m'a, par contre, laissée plus insensible. J'ai eu beaucoup de mal à la comprendre. Sa beauté froide et son attitude soumise m'ont parfois exaspérée. Cette dernière a un sens, et trouve d'ailleurs une explication parfaite, mais je suis restée hermétique à ce personnage.

Le sexe est omniprésent, il est assumé : grâce à lui vont se rencontrer ces deux personnes, ils vont dire grâce à lui ce que les mots ne réussissent pas à exprimer. Il est un outil de communication, et n'est pas entaché par une vulgarité excessive qui aurait nui au récit.

C'est une lecture très paradoxale pour moi en fait. Dès le début, le personnage de Lily a été un obstacle, mais la trame tissée par l'auteure m'a poussée à faire défiler les pages pour en savoir plus sur elle malgré tout. J'avais beaucoup d'interrogations, d'hypothèses (certaines plus fantaisistes les unes que les autres d'ailleurs), et Sara Agnès L. est parvenue à me tenir en haleine tout au long de son récit. Les adeptes du genre devraient passer un très agréable moment avec ce roman.


Merci à Lucie Masse et aux Editions Hugo Roman (collection Blanche) pour cette lecture !

8 commentaires:

  1. Le résumé ne me plait pas trop, je pense que ce n'est pas une lecture pour moi!

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    1. Je comprends tout à fait, c'est un genre très spécial...

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  2. Je suis dans ce cas, je viens de perdre ma fille chérie, mes cordes sont coupées, je suis une marionnette sans ses fils, je suis incapable d'écrire, mon 5e livre est resté au chapitre 20 depuis un an. Ma muse à moi s'est envolée...

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    1. Ton commentaire me touche beaucoup, j'ai connu mon lot de drame et de pertes tragiques, mais pas la perte d'un enfant... Toute mon amitié virtuelle et réelle dans cette épreuve... Ta muse reviendra, pour te sortir de là...

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  3. Il ne me tente pas du tout, le côté érotique ne m'attire pas....

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  4. Ah le fameux livre. Je ne suis pas sure que ça soit pour moi comme je te l'avais dit et désolée que ça n'ait pas été mieux pour toi même si il y a de bonnes choses aussi.

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