dimanche 18 décembre 2016

Mon dernier continent, Midge Raymond

Ushuaia, la fin du monde, le début de tout.
Deb et Keller se retrouvent chaque année au coeur des eaux froides de l’Antarctique pour étudier les manchots empereurs et les Adélie. Dans ce bout du monde entouré de glaciers et d’icebergs, ils oublient pour un temps les chagrins de leurs vies. Mais l’Antarctique, comme leur amour, est fragile et menacé.
Une nouvelle saison commence. Au moment de lever l’ancre, Keller n’est pas à bord du Cormoran, le bateau qui doit les conduire à la station de recherche. Peu après, le Cormoran reçoit un signal de détresse d’un paquebot de croisière prisonnier des glaces…

Il y a des étendues sur notre belle planète que j'aimerais visiter avant qu'il ne soit trop tard. La Patagonie en est une, l'Everest aussi, mais sans l'option « touristes » si possible (et dans mes rêves aussi, j'ai le vertige ! ), l'Articque et l'Antarctique également.

L'un des gros avantages de la lecture est qu'elle rend possible ce que la vie nous refuse, et j'ai donc embarqué auprès de Keller et de Deb vers le sud Austral.

Le vent cinglant a soufflé, la glace a crissé sous mes pieds, les icebergs se sont décrochés, j'ai vécu une expérience hors normes avec un pingouin, j'ai découvert les couples de glace qui vibrent au son de la passion qui les unit, cette même passion dévorante qui les pousse à revenir, année après année, vers cette terre hostile.

Et j'ai tremblé.

Dès les premières pages, la catastrophe est annoncée.

J'ai tremblé parce que je ne voulais pas que cela se produise, que la bêtise des gens, de L'autralis, ce navire touristique pas du tout conçu pour affronter la glace, conduise à ce désastre.

Je savais et pourtant rien n'y a fait. Certains chapitres ont remonté le temps, d'autres m'ont ramenée au présent et je n'ai pas pu empêcher mon cœur de s'accélérer, ma gorge de se nouer.

Oui, je savais. Et parce que j'ai profondément aimé Deb et Keller, parce que j'ai vécu cette étendue de glace, j'ai compris cette âme d'une terre qui vous attire comme un aimant, qui accepte de danser avec vous et qui vous offre ce qu'elle a à vous offrir, quitte à faire payer son tribut ensuite.

C'est un récit extrêmement intelligent que nous livre Midge Raymond. Au-delà de la très belle histoire qui se tisse entre les protagonistes, d'une plume agréable, l'on découvre l'envers de la médaille, non seulement le réchauffement climatique qui fait fondre la glace, mais aussi le tourisme à outrance, celui avide d'aventures à l'abri d'un bateau de croisière où le luxe déborde tellement qu'il pourrait provoquer à lui seul le naufrage. Les incohérences de notre société de consommation sont mentionnées subtilement, par petites touches. Pas besoin d'un discours moralisateur pesant pour nous en faire prendre conscience. La documentation solide sur laquelle s'appuie l'auteure et le compte à rebours des pages suffisent.

Comme l'Australis, nous courons à notre perte mais sommes incapables de faire machine arrière.

Le plaisir éprouvé pendant cette lecture a été tel que je n'ai pas pu la chroniquer immédiatement. J'ai eu besoin de garder encore un peu pour moi les émotions sourdes qui tourbillonnaient dans ma poitrine. La joie, l'amour, la tristesse mais aussi la colère, cette même colère qui m'étreint au quotidien devant certaines situations... Le silence m'était nécessaire pour savourer un peu plus les mots, le message.

Nous sommes devenus notre propre bourreau et semons notre lot de victimes sur notre passage... Et notre cécité nous empêche de nous en rendre compte.


PS : Encore un livre qui parle des pingouins (j'ai d'ailleurs appris beaucoup de choses avec Deb, ils sont fascinants), je me demande si je ne devrais pas y voir un message subliminal. Finalement, les pingouins sont les animaux les plus représentés sur ce blog : ici et .


16 commentaires:

  1. L'ensemble a l'air assez bien amené, puis les paysages devaient être impressionnants.

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    1. Il y a une vraie ambiance hivernale dedans, j'ai vraiment beaucoup aimé.

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  2. Moi aussi je cours à ma perte quand je passe par ici, mais que veux tu, impossible de faire machine arrière, le gouvernail ne répond plus à mes injonctions ^_^ Et puis quand il s'agit de voir du pays, je suis toujours partante ;) Alors merci pour cette dépaysante découverte :)

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  3. Je ne connaissais pas du tout ce livre mais tu me l'as déjà vendu avec ton avis ! ** Il va vite filer dans ma Wishlist ce petit là :)

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  4. Le Sud austral moi ça me passionne!
    Le froid et la glace, même pas peur :D
    Les icebergs, MAGNIFIQUES!!!
    Le réchauffement climatique et le tourisme à outrance, par contre, ça m'attriste. Notre planète se détruit peu à peu, à cause de l'inconscience de l'homme et de sa main dévastatrice. C'est à pleurer...
    Je veux vraiment lire ce livre touchant...
    Joyeuses fêtes Céline et à bientôt

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    1. Je ne peux qu'être d'accord avec toi... Nous courons à notre perte...

      Je pense que c'est un roman qui pourrait te plaire, il met vraiment le doigt sur ce qui ne va pas dans notre monde...

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  5. Très belle et prenante chronique, comme d'habitude! Tu me donnes envie de voyager avec ce livre :)

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  6. Il me fait vraiment envie. Le sujet du réchauffement climatique m'intéresse beaucoup. Je l'ai noté dans ma pile d'envies.

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    1. Le sujet de l'environnement est vraiment bien mené, j'ai adoré la façon dont il est traité...

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    2. J'ai envoyé un email à mon libraire pour voir s'il l'avait en stock où sinon, qu'il me le commande.

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    3. J'ai hâte de lire ta chronique! J'espère qu'il te plaira!

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