vendredi 26 juillet 2013

Les Faucheurs sont les Anges (Alden Bell)



 Temple n’a aucun souvenir du monde avant la chute.
Du monde avant les zombies, avant les camps de survivants, avant les plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts.
Temple a quinze ans, mais le temps de l’innocence est depuis longtemps révolu. Seule face à la nature, à ses miracles et à sa sauvagerie, elle est pourtant décidée à profiter de ce que la vie peut encore lui offrir, et à découvrir ce que dissimule l’horizon.
Et derrière cette adolescente au cœur simple et dur, habitée par le désir d’être juste, se profile l’ombre de l’homme qui a juré de la tuer.
 
Quand arrive la fin de saison d’une série que j’aime, je cherche souvent à poursuivre ces moments passés avec les personnages à travers des livres s’inscrivant dans le même genre. Ça a été le cas par exemple avec « Downtown Abbey » par exemple, où je me suis empressée de lire Snob  du créateur de la série Julian Fellowes, ou « The Walking Dead » avec Les Faucheurs sont les Anges, entre autres. Ces deux séries que j’ai citées sont d’ailleurs aux antipodes l’une de l’autre (l’une est une série très British, qui met en scène le quotidien d’une famille aisée au début du 20è siècle, et l’autre est une série post-apocalyptique, les zombies ont envahi le monde, et une poignée d’hommes cherche à survivre et à trouver une place dans ce nouvel univers), mais qu’importe… Tout est une question d’univers, d’émotions et de moments…

Bien souvent, je suis déçue de ce que je lis. Paradoxalement, je ne cherche pas à retrouver les personnages. Je recherche une atmosphère, une ambiance qui m’a touchée et c’est finalement le plus difficile à retrouver.

En ce qui concerne « TWD », je me suis naturellement tournée vers La Route de Cormac Mc Carty. Inutile de vous dire que j’avais mis la barre très haut, c’est UNE des références du genre, et il n’y a pas à dire, ce roman court est efficace, et d’une écriture aussi incroyable. Enthousiasmée par cette première rencontre, j’ai continué avec  The Walkind Dead, L’Ascension du gouverneur, (le livre, et non la BD dont est adaptée la série, BD qui est d’ailleurs excellente). Las, bien mal m’en a pris… Normalement, je ne lis jamais d’ouvrages tirés d’un film ou d’une série, j’aurais dû respecter ce principe. Une déception pour moi que cet ouvrage nous racontant comment le gouverneur est devenu qui il est. Je n’ai même pas lu le tome 2. Malgré tout, je suppose que les fans du genre post-apo apprécieront, mais voilà, moi, je ne suis pas une vraie fan du genre…

Après cette saveur amère dans la bouche, j’ai surfé sur d’autres lectures, d’autres genres… Et puis, j’ai vu Les Faucheurs sont des Anges en librairie. L’ouvrage est joli, le titre accrocheur, la couverture affiche des critiques dithyrambiques (peut-être même un peu trop), allez hop, il repart avec moi.

C’est le dernier roman post-apo que j’ai lu, et sans être à la hauteur de La Route, j’ai passé un agréable moment.

Il y a 25 ans, le monde a été englouti par des hordes de zombies, les limaces comme les appelle Temple. Depuis lors, l’humanité survit tant bien que mal, et mène une quête à la recherche de nouveaux repères. Temple qui n’a que 15 ans, n’a connu que ce monde dans lequel elle évolue,  ne connait « l’avant » que par les dires des gens. Cet "avant" est un peu pour elle comme ces histoires, ces légendes que l’on raconte le soir pour s’endormir. Ce sont des rumeurs destinées à croire en un futur meilleur, une ode à la grandeur de l’humanité que l’on espère retrouver. Seulement voilà, l’humanité telle qu’on l’a connue n’est plus, et il faut reconsidérer l’ordre des choses.

Alden Bell, comme la plupart des romans du genre, nous livre un road-movie à travers l’Amérique. Le mouvement est la clé de la survie.

Temple n’est pas ce qu’on pourrait appeler une héroïne attachante, cette gamine de 15 ans est aussi dénuée d’humanité que le monde dans lequel elle évolue, mais cela ne m’a pas dérangée, au contraire. L’auteur, au-delà de la description de ce monde post-apo, et de l’hémoglobine qui va avec, s’est attardé sur les interrogations suscitées par ce nouveau monde en construction, son absence de repères, sa quête de repères, et Temple, ainsi que les rencontres qui vont ponctuer son road-movie, ne sont que des éléments de ce monde qui se cherche et se construit. La religion est très présente par exemple, un peu trop à mon goût, mais je peux en comprendre la raison. 

Certains ont reproché des raccourcis trop simples pour un ouvrage du type « survie » (exemple, elle met peu de temps à trouver une voiture, qui évidemment a de l’essence dans le réservoir, alors que les zombies sont là depuis plus de 25 ans…). Certes, je comprends que cela puisse déranger, mais encore une fois, la survie n’étant pas ce que je recherche d’abord dans ce type de romans, je n’y ai pas prêté attention.

L’écriture a également été pointée du doigt. L’absence de guillemets et de tirets pour les dialogues, le présent omniprésent, les phrases courtes, tout ceci semble avoir déstabilisé certains lecteurs. Je comprends également, mais pour moi, ils font partie de cet univers que reconstruit Alden Bell. Il n’y a plus de normes, tout n’est que mouvement. L’écriture est à l’image de ce monde en déconstruction/ reconstruction, et je l’ai trouvée très efficace.  

Sans être à la hauteur de La Route, Les Faucheurs sont les Anges est un roman agréable à lire, je ne sais pas s’il marquera le genre, peut-être pas, mais ce fut un bon moment de lecture, et c’est l’essentiel.

8 commentaires:

  1. Personnellement, j'ai été déçue de cette lecture. Outre l'écriture - qui ne m'a pas particulièrement plu - je n'ai pas apprécié l'héroïne, ni même l'histoire. Je suis restée totalement extérieure au livre et cela m'a dérangée. La présence de la religion est excessive, et je vois que tu l'as remarqué aussi.
    Le seul point que j'ai, à la rigueur, apprécié, est l'ambiance.
    Je suis contente que tu aies réussi à accrocher davantage que moi, en tout cas !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je comprends tout à fait ce que tu veux dire... Je crois que c'est l'ambiance justement qui a primé pour moi sur le reste, gommant ce qui aurait pu me déranger. Et pour l'écriture, je crois que pour ce livre, soit on adhère, soit on "déteste", pas de juste milieu!

      Supprimer
  2. J'ai beaucoup aimé La Route, donc je pense que tenterai celui-ci ! Surtout que la couverture et le résumé m'avait bien tapé dans l'œil ;). Je verrai bien si ca me plait !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai lu des critiques très négatives dessus, notamment à cause de la présentation "originale" des dialogues. J'ai l'impression que dans les gens oublient que le post-apo peut-être un véritable genre avec des qualités littéraires. Honnêtement, c'est un bonne lecture dans le genre...

      Supprimer
  3. J'ai passé un très bon moment avec ce roman et le souvenir que j'en garde est globalement assez positif ! Mon désir de découvrir "La Route" de Cormac McCarthy n'en est que plus fort depuis... Merci pour cette chouette chronique dans laquelle je me retrouve ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est un roman à cause duquel l'encre a beaucoup coulé. J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, bien plus "profonde" finalement que ce à quoi je m'attendais.

      Supprimer
  4. J'étais sortie assez mitigée de cette lecture. J'apprécie l'originalité des parti-pris de l'auteur, mais je n'ai pas accroché particuièrement pour autant :/

    Il faudrait que je lise La Route aussi..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je comprends tout à fait que l'on n'y soit pas sensible. C'est une écriture assez spéciale.

      Supprimer