Les anges n'interviennent pas dans la vie des hommes, sauf lorsqu'il
est question de préserver l'équilibre du monde. C'est pourquoi Ahriel
accompagne María, la jeune souveraine de Karish, depuis sa naissance. Certains
l'admirent, d'autres la craignent ou la jalousent, mais tous lui accordent le
respect dû à son titre d'ange de la reine. Pourtant, le jour où elle parvient à
déjouer un complot visant à saboter un accord de paix, Ahriel se fait piéger
par un ennemi insoupçonné. Elle est alors exilée à Gorlian, un lieu sinistre et
maudit duquel personne n'est jamais revenu et dont on ignore presque tout.
Accablée par la culpabilité, Ahriel se fait un devoir de s'échapper pour mettre
en défaut les conspirateurs qui l'ont dupée... Mais comment voler au secours du
royaume alors même que ses ailes ne la portent plus ?
En lisant la chronique d’Effy
Mathers sur Chroniques de la Tour,
j’ai repensé logiquement aux ouvrages que j’avais lus de Laura Gallego García,
et le tiroir de mes souvenirs s’est ouvert, libérant la palette d’émotions que
j’avais ressentie lors de la lecture de Ailes
de feu et de la suite, Ailes
noires. La dureté de certains passages, la compassion et la peine, mais
aussi parfois le soulagement ou l’attendrissement m’ont saisie à la gorge une
nouvelle fois.
Un bon livre, c’est finalement
cela, lorsque le souvenir est aussi
présent, aussi intense presque, voire même physique, alors même que les années
ont passé (ces lectures datent d’il y a deux ans environ), et que d’autres
lectures ont pourtant abreuvé votre flux d’émotions.
C’était là l’occasion rêvée de
vous faire découvrir cette auteure espagnole, cataloguée erronément à mes yeux
dans « literatura juvenil ».
Dans Ailes de feu, le premier
tome, vous rencontrerez l’héroïne, Ahriel, un ange. Dans l’univers de l’auteure, les anges
sont les garants de l’équilibre du monde, et les protecteurs de ceux dont le
destin peut influencer ledit monde. Ahriel, comme tout ange, est quelqu’un de
bon, quelqu’un de respecté, de craint aussi.
Habituel me direz-vous. Rien d’original,
ajouterez-vous. Certes, vous avez raison, présenté ainsi, rien ne nous éloigne
des schémas habituels. Ahriel pourrait même, de prime abord, sembler lisse, trop
lisse même pendant les premières pages.
Mais Ahriel est loin de l'être, et c’est là l’une des forces de Laura Gallego García. C'est un personnage complexe: on est loin du
cliché de l’ange qui se noie dans sa bonté malgré un caractère affirmé. Tout au
long des deux tomes, nous suivons l’évolution d’Ahriel, dont la blancheur s’estompe
très rapidement, pour laisser place à une noirceur forgée par les évènements. Même
les Anges ont une part d’obscurité en eux, et ce personnage, qui aurait pu être
fade, prend une dimension toute autre sous l’impulsion de Laura Gallego García.
Une humanité touchante l’enveloppe, et cette hauteur qu’elle prenait vis-à-vis
des humains, cette condescendance finalement, se pose au ras-du sol pour finalement
ressembler à la multitude du commun des mortels. Et elle nous apparaît, avec
ses failles, ses faiblesses, ses carences aussi, et n’en est que plus belle.
J’aime beaucoup les romans qui
ont pour protagonistes des Anges. J’ai adoré par exemple la saga de Nalini
Singh (Chasseuse de Vampires)
avec le beau Raphaël, ou encore l’excellent
La malédiction des Anges de Danielle Trussoni, mais je regrette que
souvent, les auteurs aient du mal à quitter les sentiers battus du conflit Anges
/ Anges déchus / Nephilim.
Sans compter que le potentiel du
personnage de l’ange demeure dans bien des cas inexploité. On est souvent dans
une vision très manichéenne du bien et du mal, induite par les personnages de l’Ange,
de l’Ange Déchu et de l’humain (toujours cette humaine qui tombe amoureuse d’un
Ange, souvent déchu…). Et que dire de la quête de la rédemption qui est un
classique. C’est sans doute pour cela que j’ai autant aimé la saga de Nalini
Singh, ses anges sont profonds, compliqués, et sortent de ce schéma si réducteur.
Je n’oserai pas comparer
Nalini Singh avec Laura Gallego García (le premier Tome de Nalini Singh m’a
littéralement habitée…), mais l’auteure espagnole a su me toucher, tant par sa
plume que par son imaginaire. Chez elle, les anges font partie de l’ordre
naturel des choses, il n’y a pas de lutte pour le bien ou le mal, du moins pas
telle qu’elle est représentée habituellement. Dans son univers, l’enfer existe,
tout comme un semblant de paradis qui est leur lieu de vie (il faut
bien que leurs ailes leur servent à quelque chose !) mais ces mondes sont
dénués de toute connotation. Ils existent, parce que c’est comme
cela, comme existent les océans, les forêts, et j’ai trouvé cette liberté très
rafraîchissante.
Contrairement, à mon avis, aux
romans young adults tel que la série Hush,
Hush de Becca Fitzpatrick, ou la saga Fallen de Lauren Kate, Laura Gallego García va jusqu’au bout
de son intention. Elle ne se contente pas d’ébaucher les choses. Gorlian est un endroit horrible, où règne
le non-ordre, la peur, et qui doit inspirer du dégoût. Ses descriptions sont
précises, détaillées et l’atrocité du monde de Gorlian prend vie au fil des
pages, ce monde où personne ne veut aller et qui hante les cauchemars, un
monde où la vie est impossible.
J’ai souffert avec Ahriel, j’ai serré les dents
avec elle, j’ai cherché la sortie en sa compagnie, et à aucun moment lors de ma
lecture des deux volumes, je n’ai anticipé ce qui allait se passer. A aucun moment, je n'ai su comment cela allait se finir...
Une belle surprise, une belle réussite, une belle
rencontre…
Une belle chronique :) Merci
RépondreSupprimerCe livre est vraiment une jolie rencontre pour moi...Je n'ai pas été "habitée", mais ai passé un très, très bon moment...
SupprimerOn sent tout le plaisir que tu as eu à découvrir cette histoire, que je ne connaissais pas du tout d'ailleurs !
RépondreSupprimerDonc nouvelle découverte pour moi ^^ Je le note dans un coin, bien que l'aspect sombre et dur me fasse un peu peur, je l'avoue...
C'est sombre et dur effectivement, mais c'est nécessaire pour retranscrire Gorlian. Garde à l'esprit également que c'est du young adults en Espagne, donc la noirceur est suppportable.
Supprimer