dimanche 5 juillet 2015

Miniaturiste, Jesse Burton

Nella Oortman n'a que dix-huit ans ce jour d'automne 1686 où elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d'âge mûr, il est l'un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa soeur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d'animer grâce aux talents d'un miniaturiste. Les fascinantes créations de l'artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l'habitent et mettant au jour de dangereux secrets.

Quand Doux Chéri part en voyage, il a l'habitude de me ramener quelques ouvrages en langue espagnole. J'adore ces attentions qui me permettent de découvrir des romans que je n'aurais peut-être pas regardés en temps normal.

Sur la quatrième de couverture de la version espagnole de celui-ci, l'ambiance est comparée à celle qui caractérise les romans de Tracy Chevalier. J'aime Tracy Chevalier, c'est un fait, et je suis faible, c'en est un autre. Ce roman ne sera resté que quelques jours dans ma PAL.

Premier constat : quel effort d'écriture ! Superbe ! Une langue riche, soignée, des phrases mélodieuses... Une vraie pépite linguistique.

Tant et si bien d'ailleurs que j'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire. Nella, Johannes, Marin, Cornelia, Otto... Ce mariage, leur réserve... Je luttais avec ces premières pages en quête de repères littéraires : dans quel genre est-ce que je me trouvais ? Je cherchais des indices, ces mots, ces évènements qui me permettraient de qualifier le genre autrement que par « roman historisque », parce que je sentais que ce n'était pas que cela.

Et puis, sans m'en rendre compte, de façon presque insidieuse, je me suis retrouvée prisonnière du récit. J'ai même du mal à savoir à quel moment tout a basculé. Est-ce quand Johannes offre la maison de poupées ? Quand Nella est témoin de certains évènements ? Je n'en sais vraiment rien. Mais une fois prise dans ses filets, impossible pour moi de relâcher ce roman.

Plongée dans la Amsterdam du 17è siècle, j'ai découvert une ville dont le cœur palpite au rythme des confréries, des bonnes mœurs, de la religion, des apparences. Nella est une jeune femme qui va être confrontée à cet univers impitoyable, à la solitude, à l'ennui. Elle va se construire au fil des pages, s'affirmer pour vaincre la femme au caractère timoré qu'elle était en arrivant. Trouver sa place va être difficile dans cette famille de riches commerçants qui finalement ne sont pas ce qu'ils prétendent.

Elle va pourtant finir par les aimer pour ce qu'ils sont, parce que les apparences sont toujours trompeuses. Une mystérieuse miniaturiste va l'y aider. Le cadeau de mariage que reçoit Nella de son mari est des plus surprenant : une maison de poupées. Elle a pourtant passé l'âge, c'est une femme maintenant et non une enfant qui droit apprendre à régenter une maison. Sa solitude est telle, l'animosité de sa belle-soeur si lancinante, l'absence de son mari si palpable, qu'elle se met en contact avec une miniaturiste. Et les évènements s'enchaînent, cette dernière semble prévoir l'avenir.

Un récit admirablement construit, semblable à un tableau nous offrant des instantanés de cet âge d'or du commerce, des personnages attachants, bouleversants, d'autres détestables... 

Beaucoup de réalisme, une once de fantastique : envoûtant. Une vraie réussite !



26 commentaires:

  1. C'est un livre qui me fait très envie depuis sa sortie :)

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  2. Une de mes collègues me l'a chaudement recommandé. Je pense que je le lirai !

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    1. C'est vraiment un très bon moment de lecture. Complexe, mais savoureux!

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  3. encore un avis très positif ! J'ai bien envie de "basculé" aussi dans cet univers! Tentant!

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  4. Contente que tu ais passé un super moment avec le roman. Surtout que l'écriture t'ait autant emporté, je crois que c'est le plus important !

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    1. Ouiii! Le lire en plus en espagnol a rendu le moment encore plus savoureux.

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  5. J'en ai effectivement entendu beaucoup de bien. Je note, je note :)

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  6. Oh ! Celui-ci, j'en ai entendu parler avant même qu'il ne soit traduit.
    Si même toi tu as été conquise, alors il me le faut ! (s'il est édité par Gallimard, ça ne devrait pas être trop difficile...)
    Bref, merci pour cette chronique, au moins je sais que celui-ci, si je tombe dessus, je le prendrai sans hésiter.

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    1. C'est une lecture qui m'a marquée. Un mélange des genres très réussi...

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  7. Vu ton avis et vu que j'aime aussi Tracy Chevalier, je note!

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  8. Je viens de lire l'avis du Chat et maintenant je lis le tien. Il va falloir que je me penche plus près sur ce livre. Honte à moi, je n'ai toujours pas lu Tracy Chevalier... Il faut vraiment que je m'y mette. :) Bisous Céline.

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    1. Il faut vraiment que tu découvres Tracy Chevalier!

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  9. Holà... loin de mes yeux, terrible tentation !!! ... Trop tard, j'adore les romans de Tracy Chevalier ! Tant pis, j'aurai quand même essayé, c'est l'intention qui compte n'est-ce pas ? :D

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    1. Ce n'est pas moi qui vais te dire le contraire. Je suis censée faire attention à mes achats livresques... C'est raté...

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